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Afrique : 15 millions d’étudiants privés de campus, l’enjeu de l’enseignement à distance

mercredi 1er avril 2020

TIC pour la santé

« Il y aura à coup sûr, un avant et après Coronavirus. Le numérique en soutien aux systèmes et aux modèles pédagogiques sera enfin reconnu et promu dans les universités, le virtuel tirant toujours le présentiel vers le haut », déclare Claude Lishou, professeur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar au Sénégal, et titulaire de la chaire Unesco « TIC et développement de l’enseignement supérieur en Afrique de l’Ouest », dans un entretien à News Tank, le 31/03/2020.

Il estime que « les universités africaines disposent des bases pour surmonter la crise, elles peuvent s’organiser rapidement en mettant en œuvre la solidarité et l’harmonisation ».

Tous les États africains ont ordonné la fermeture des universités, à l’exception de quatre (Burundi, Centrafrique, République arabe sahraouie démocratique, République du Congo), au 30/03/2020, selon l’Unesco. Près de 15 millions d’étudiants sont ainsi interdits de campus.

Toutefois, comme dans d’autres parties du monde, des universités commencent à s’organiser pour continuer les cours.

Dans les 19 pays francophones d’Afrique subsaharienne regroupés au sein du Cames (Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur), la situation est contrastée. Tandis que les universités virtuelles du Sénégal et de Côte d’Ivoire continuent à fonctionner, d’autres sont à l’arrêt complet.

Le bureau Afrique de News Tank fait le point avec Claude Lishou.

« Le 25/03, j’ai fait cours à deux reprises, le matin et l’après-midi. Je ne me suis pas posé la question de l’accès des étudiants à Internet, ni de leur équipement, ni de leur localisation. Et pourtant, 90 % étaient présents, connectés en 3G avec leur téléphone portable, sur leur propre forfait ou pass internet, à domicile en ville, en banlieue et dans les régions », témoigne-t-il.

Claude Lishou répond à News Tank

Combien d’universités sont à l’arrêt dans la zone Cames ?

Une centaine d’universités publiques, et deux fois plus d’institutions d’enseignement supérieur et de recherche publiques comme privées.

Au total, on parle de plusieurs centaines de milliers d’étudiants. Dans ces pays, la suspension des cours a été une annonce politique faite par le Président de la République, sans instructions particulières pour la continuité des activités pédagogiques hors campus : la plupart des étudiants, mais aussi des enseignants se sont crus en vacances, ce qui ne correspond pas à l’esprit de la décision.

Tout s’est arrêté du jour au lendemain, sans que la gouvernance des institutions académiques ne parle officiellement de continuité pédagogique.

La seule voix audible a été au Cameroun, où le ministre de l’enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo a exigé que les universités continuent les cours en utilisant Internet.

Cela dit, avec l’incertitude qui pèse sur la date réelle de reprise, et la possibilité que les fermetures s’étendent au-delà du mois annoncé, on observe depuis quelques jours que des recteurs et présidents d’université encouragent la mise en place de formations ouvertes et à distance ou de télé-enseignements pour pallier aux cours en présentiel.

Quelles sont les difficultés pour y parvenir ?

« On ne peut pas contraindre les enseignants qui n’adhèrent pas »

D’abord, il faut convaincre les collègues enseignants par de la sensibilisation. Certains se réfugient derrière l’absence de dispositions législatives et de cadre formel pour mettre en place de tels cours de substitution. Il est vrai qu’en l’absence de textes réglementaires, on ne peut pas contraindre les enseignants qui n’adhèrent pas, ou les étudiants qui ne participeront pas à ces cours.

Mais de mon point de vue, l’innovation ne demande pas la permission préalable, elle attend la validation à posteriori et les autorités dotées d’ouverture d’esprit le comprennent parfaitement, car c’est à leur avantage.

« Nous sommes en situation de crise, et nous devons oser »

Nous sommes en situation de crise, et nous devons oser, en toute responsabilité. Nous devons expliquer à tous que le numérique est, en ce moment, l’opportunité, l’alternative crédible qui offre des possibilités énormes pour aider à compléter les programmes, à amortir le choc de la fermeture des institutions académiques, à redonner aux étudiants et aux parents l’espoir que la transmission du savoir reste encore possible, même en confinement dans une ambiance de pandémie.

Nous devons être flexibles, prendre des initiatives, et viser l’essentiel des objectifs pédagogiques (80 % serait déjà une victoire !), et sans espérer même que cela concerne tous les enseignants et tous les étudiants.

Par contre, on ne laissera personne au bord de la route, c’est-à-dire que s’il y a 20 % d’étudiants qui n’ont pas participé à ce mouvement, on organisera des rattrapages spécifiques pour eux. Quant aux enseignants qui ne participeront pas, ils comprendront après coup qu’ils ont loupé quelque chose…

À la fin du confinement, il faudra faire un bilan, avant de déterminer les modalités de reprise des cours, sur quoi il faut revenir, et si on peut éviter de rallonger l’année universitaire.

Les enseignants sont-ils formés pour faire des cours en ligne ?

En principe oui. L’Unesco, l’Agence Universitaire de la Francophonie, l’OIF, la Coopération française, etc. les ont formé pendant deux décennies, et beaucoup ont obtenu un « passeport Tice ». Le moment est venu de réchauffer ces compétences, d’exhumer les plateformes et les mettre à la disposition des étudiants.

Certes, tous les enseignants ne sont malheureusement pas familiarisés avec les outils numériques actuels, ainsi qu’aux pédagogies innovantes associées, mais cela peut aller assez vite par une formation pédagogique en ligne accélérée, surtout en matière de scénarisation.

D’autant que s’ils n’ont pas de cours numérisé prêt, on peut utiliser des ressources éducatives libres gratuites et disponibles en ligne, que chaque enseignant peut adapter dans le strict respect du droit d’auteur et de la propriété intellectuelle.

Les étudiants ont-ils les moyens de suivre des cours à distance ?

Le 25/03, j’ai fait cours à deux reprises, le matin et l’après-midi. Je ne me suis pas posé la question de l’accès des étudiants à Internet, ni de leur équipement, ni de leur localisation. Et pourtant 90 % étaient présents, connectés en 3G avec leur téléphone portable, sur leur propre forfait ou pass internet, à domicile en ville, en banlieue et dans les régions.

« Sur le terrain, les étudiants disposent d’ordinateurs »

Les universités ont rédigé depuis de nombreuses années des stratégies d’accompagnement au numérique, qui visent à fournir de la connectivité aux étudiants sur les campus, et qui s’inquiètent aussi de leurs équipements.

Or, on constate sur le terrain que les étudiants disposent d’ordinateurs, d’occasion le plus souvent, envoyés par des parents de la diaspora, don de la famille, mutualisés en famille. Ils disposent de smartphones bon marché autour de 20€ qui fonctionnent bien pour le service qu’on veut en tirer. Et quand on leur dit que pour suivre les cours dans ce contexte de crise, il faut aller sur une plateforme en ligne du même type que Facebook, où ils se retrouvent en masse, avec le même effort financier, je me rends compte dans la pratique qu’ils adhèrent.

Ils n’ont pas demandé qu’on leur donne du Wi-Fi ou un ordinateur ! De la même façon, je n’ai même pas eu besoin de faire des annonces répétées : ils ont eux-mêmes fait circuler l’information de manière virale à travers les réseaux sociaux. Bien entendu, il demeure des cas sociaux qu’il faut prendre en compte au cas par cas, et il faut aboutir à une démarche encadrée et plus formelle.

Quelle est la situation pour les universités virtuelles du Sénégal et de Côte d’Ivoire ?

Elles continuent à fonctionner. De toutes façons, les étudiants travaillent de chez eux. La seule difficulté pour l’Université virtuelle du Sénégal, c’est que le confinement a empêché la distribution d’ordinateurs aux nouveaux étudiants, très nombreux cette année à la suite de l’arrêt de l’orientation des bacheliers dans les universités privées. Environ un quart de l’effectif est en attente du matériel pour commencer à étudier.

À part ces deux universités totalement dématérialisées, quelle est l’ampleur de la formation à distance dans la zone Cames ?

J’ai présenté en juillet 2019 une étude en vue d’une stratégie de soutien et de promotion sur l’état des lieux des institutions de l’espace Cames engagées dans la formation ouverte à distance au comité consultatif général composé des recteurs et présidents d’université. Elle sera publiée après sa validation par le Conseil des ministres du Cames.

Elle montre que la formation ouverte et à distance est en croissance sur le continent. On peut trouver des formations en :

  • droit, économie ,gestion, éducation et formation : à l’université Gaston Berger de Saint Louis, au Sénégal ; à l’Institut de formation ouverte à distance de Ouaga 2, au Burkina Faso ; et à l’université Senghor d’Alexandrie, en Égypte ;
  • environnement et développement durable : à l’université de Ouagadougou ;
  • sciences de l’ingénieur : à l’IAI de Yaoundé, au Cameroun ; à l’École nationale supérieure polytechnique de Yaoundé ; et à l’université de Douala, aussi au Cameroun ;
  • sciences humaines ; à l’université de Yaoundé I ; et à 2IE au Burkina Faso.

Les universités de Dschang, au Cameroun, Abomey-Calavi, au Bénin, et Lomé au Togo, disposent aussi d’une offre de formation ouverte à distance.

Et au-delà du secteur public, de nombreux établissements du privé mettent à disposition de leurs apprenants des plateformes d’e-learning. On peut citer l’IAM, l’ISM, l’ESTM au Sénégal, Pigier en Côte d’Ivoire, HEC et l’ISTA au Mali, l’université Aube Nouvelle au Burkina Faso.

De nombreux établissements privés ont aussi des accords avec des établissements d’enseignement supérieur du nord, notamment en France et au Canada, afin de bénéficier de leurs plateformes d’e-learning.

Comment le Cames accompagne-t-il le développement de cet enseignement à distance ?

Il a mis en place un référentiel qualité pour les formations ouvertes à distance. Il est disponible sur le site de l’institution. Ce référentiel aide toutes les universités publiques ou privées à mettre en place des formations ouvertes à distance de qualité.

Cette année, pour la première fois, le Programme de reconnaissance et équivalence des diplômes (PRED) va examiner des dossiers d’accréditation de FOAD. Plusieurs établissements comptent déjà en déposer. Cela permettra d’élargir les accréditations de ce type de formation qui pour l’instant ne sont que nationales, délivrées par les Agences nationales de Qualité.

Bien entendu, tout cela ne concerne que les offres de formations spécifiquement conçues pour être diffusées à distance.

Rien n’empêche un enseignant de donner en ligne une partie de son cours en télé-enseignement dans le cadre d’une formation en présentiel, comme je le fais en ce moment, ou comme je le fais parfois lorsque je suis en déplacement à l’étranger.

Cette crise va-t-elle changer profondément l’enseignement supérieur dans la zone Cames ?

Il y aura à coup sûr, un avant et après Coronavirus. Le numérique en soutien aux systèmes et aux modèles pédagogiques sera enfin reconnu et promu dans les universités, le virtuel tirant toujours le présentiel vers le haut.

La qualité liée aux efforts de mise en œuvre de ressources pédagogiques aux étudiants va aider à la constitution ou à la consolidation de banques de cours, à la co-conception de cours, et à la mutualisation des ressources pédagogiques, humaines et financières indispensables à la réussite du LMD.

« La crise aura un effet d’accélérateur des projets »

Bref, la crise aura un effet d’accélérateur des projets, dans une ambiance où les acteurs sont devenus plus généreux, conciliants, concrets et axés sur l’essentiel.

Les universités africaines disposent des bases pour surmonter la crise, elles peuvent s’organiser rapidement en mettant en œuvre la solidarité et l’harmonisation tel que prévoit les missions du Cames, du réseau pour l’excellence de l’enseignement supérieur en Afrique de l’Ouest (Reesao), ou du Réseau des établissements d’enseignement supérieur et instituts de recherche d’Afrique centrale (Resirac) pour aller encore plus vite en mutualisant leurs ressources.

La position de l’Association des universités africaines

L’AAU (Association des universités africaines), voit dans la crise du Covid-19 une opportunité que « les universités africaines peuvent explorer pour introduire des plateformes technologiques pour l’enseignement, l’apprentissage et la recherche ».

Prenant acte toutefois « que la plupart des universités africaines n’ont pas encore mis en place un enseignement et un apprentissage soutenus par la technologie, y compris celles qui ont installé des systèmes de gestion de l’apprentissage en ligne sur leur campus », elle a organisé le 30/03, pour les soutenir, un webinaire intitulé « Intégration efficace de l’éducation en ligne », sous la direction de Safary Wa-Mbaleka, directeur de l’université adventiste d’Afrique en ligne, à Nairobi, au Kenya.

(Source : Newstank.fr, 1er avril 2020)

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