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Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2011 > Octobre > Accès universel : « Certains pays africains ont fait beaucoup d’efforts »

Accès universel : « Certains pays africains ont fait beaucoup d’efforts »

samedi 15 octobre 2011

Service universel

Brahima Sanou, directeur du Bureau des télécommunications de l’UIT, explique comment le service universel peut stimuler la croissance socio-économique. Aujourd’hui plusieurs pays africain se sont dotés d’objectifs plus ambitieux comme la généralisation de l’accès aux services mobiles et le déploiement du large bande.

RTN : L’accès universel est une question essentielle pour le développement du continent et pas seulement des acteurs du secteur des télécoms. Partagez-vous cet avis et pourquoi ?

Brahima Sanou : Nous partageons ce point de vue. En effet, dans les zones rurales où il n’y a pas de connectivité, les populations attendent avec impatience le déploiement des réseaux d’accès afin de pouvoir être en contact avec leurs familles pour des raisons diverses de communications. Les opérateurs sont généralement présents dans les pays où le plan d’affaires pour le déploiement d’un réseau se justifie. Et lorsqu’ils parviennent à compenser leurs charges d’exploitation par les revenus dans les zones urbaines, ils n’hésitent pas à déployer dans les zones rurales ou non rentables.

En effet, plus l’accès aux TIC se généralise et devient plus abordable, plus les effets bénéfiques se font sentir au niveau de l’économie nationale ainsi que du bien-être des consommateurs. Le déploiement universel du large bande peut être un puissant accélérateur du développement et de la croissance économique. C’est pourquoi pas moins de 42 pays dans le monde et 9 pays en Afrique subsaharienne avaient déjà inclus le large bande dans leur définition du service universel en 2010.

Les récents travaux de l’UIT sur les effets économiques du large bande font apparaître que les incidences sont multiples. En premier lieu, le large bande a un effet positif sur la croissance du PIB, même si le poids exact du large bande sur cette croissance économique varie selon les pays. En deuxième lieu, il apparaît que le large bande a un effet positif sur la productivité, cette conclusion étant étayée par des éléments tant micro que macro-économiques.

En troisième lieu, le large bande contribue à la croissance de l’emploi par le biais des programmes de construction du réseau et grâce à ses retombées positives sur le reste de l’économie. Alors que les programmes de déploiement se concentrent sur les secteurs de la construction et des télécommunications, les facteurs extérieurs au réseau ont des incidences encore plus importantes dans les secteurs à coûts de transaction élevés (par exemple, services financiers, éducation et santé).

RTN : Les zones urbaines et périurbaines ont longtemps été la priorité des opérateurs mobiles au détriment de la couverture dans les zones rurales. L’accès à ce segment permettrait d’augmenter la pénétration. Pensez-vous que les opérateurs accepteraient de faire ce sacrifice ?

BS : Zones rurales ne riment pas nécessairement avec faible rentabilité. Cependant, les télécommunications étant un secteur d’affaires comme les autres, les opérateurs veulent obtenir des retours productifs sur leurs investissements.

Les innovations technologiques associées au développement de réseaux mobiles, ainsi que, de plus en plus, le passage aux réseaux large bande ont déjà commencé à transformer la manière dont l’accès universel est étendu aux zones rurales et isolées, tant dans les pays développés que dans les pays en développement. Dans une large mesure, cette transformation a été favorisée par l’apparition de nouvelles technologies hertziennes qui ont considérablement abaissé le coût d’installation des infrastructures. Grâce aux progrès réalisés dans le domaine des technologies mobiles, en particulier avec le 3G et le 3.5G, les réseaux mobiles sont devenus des plateformes efficaces pour l’offre de services, qui vont au-delà des simples fonctions vocales, en particulier lorsqu’il s’agit de desservir une vaste zone. Les technologies qui ont permis d’accroître la capacité des réseaux contribuent en outre à réduire le fossé qui existe entre les technologies hertziennes et les technologies filaires.

De plus, au cours de ces dernières années, il s’est avéré qu’il est plus facile de réaliser des économies d’échelle quand on utilise des technologies large bande pour fournir des infrastructures et services, notamment dans les zones rurales. Des mécanismes novateurs de financement au niveau local, par exemple le micro financement, permettraient à de nouveaux partenaires tels que les petites entreprises, la société civile, voire même les particuliers, de contribuer davantage à l’avènement de l’accès universel, ce qui réduirait leur dépendance vis-à-vis des opérateurs historiques. D’autres initiatives comme le partage des infrastructures ou des incitations sur l’octroi des fréquences peuvent rendre les coûts plus abordables. A cet égard, on peut considérer le passage aux réseaux large bande comme un catalyseur qui, à terme, donnera au projet de réalisation de l’accès universel une dimension véritablement universelle.

RTN : Faudrait-il alors des mesures incitatives pour intéresser les opérateurs ?

BS : Il est important d’avoir des mesures incitatives pour intéresser les opérateurs ou attirer les investisseurs, c’est pour cela que, depuis assez longtemps, les législateurs avaient décidé d’autoriser de mettre en place des facilités d’accompagnement et des mesures incitatives lorsque les opérateurs déploient des réseaux dans des zones rurales ou non rentables. Et ceci au niveau mondial. L’Afrique a suivi le mouvement, tant au niveau des pays qu’aux niveaux sous régional et régional. La création de fonds d’accès et de service universels a été adoptée á travers tous les pays du monde. Il existe partout des initiatives sur les TIC financées ou promues par les gouvernements de diverses manières.

Une réglementation incitative est essentielle pour faciliter la généralisation de l’accès abordable aux TIC et plus particulièrement au large bande, fixe ou mobile.

Par exemple, les communautés économiques régionales en Afrique, comme la CEDEAO, ont adopté un cadre législatif et réglementaire harmonisé afin de réaliser l’accès universel et l’UIT a fortement contribué, auprès des administrations et des régulateurs, à la mise en place d’un environnement propice pour faciliter l’accès aux services à tous à des prix abordables.

D’après un nouveau rapport intitulé « Le large bande : une plate-forme au service du progrès », rédigé à l’UIT et promu par la Commission sur le large bande, le développement d’un secteur des TIC moderne et orienté vers le futur, préconise l’adoption d’un ensemble vigoureux de mesures associant un choix judicieux de techniques, des modèles de financement novateurs, une formation et des contenus adaptés aux conditions locales.

Je cite : « Si l’on veut tirer le meilleur parti possible des avantages qu’offrent les réseaux large bande pour la société, il faut assurer une coordination de ces réseaux à l’échelle nationale, en favorisant la concurrence au niveau des infrastructures et en adoptant des politiques générales propres à encourager les fournisseurs de services à assurer un accès à des conditions commerciales équitables, et coordonner les actions de tous les secteurs de l’industrie, de l’administration et de l’économie. Le développement de projets isolés ou de réseaux déployés sans coordination et faisant double emploi est non seulement inefficace, mais retarde l’arrivée d’infrastructures qui deviennent pourtant aussi essentielles dans le monde moderne que les routes ou l’alimentation électrique. »

Des incitations réglementaires doivent donc être conçues et mises en œuvre pour que les opérateurs puissent déployer de nouveaux réseaux, lancer de nouveaux services et diminuer les prix des services pour les consommateurs. En effet, ces dernières années, un nombre croissant d’opérateurs ont entrepris de passer du réseau téléphonique public commuté (RTPC) traditionnel aux réseaux large bande, ce qui conduit à repenser dans de nombreux pays l’élaboration des politiques et de la réglementation applicables aux TIC.

RTN : La forte potentialité économique de l’accès généralisé, notamment en zone rurale offre une opportunité de croissance pour les opérateurs mobiles. Quel est l’impact de cet accès universel sur le développement ?

BS : Les Télécommunications/Tic sont un secteur économique transversal et si les services de communications sont disponibles à des prix abordables dans les zones rurales cela stimulera les échanges socio-économiques et culturels de tous genres. En conséquence, cela permettra d’améliorer le commerce, la création d’emplois, le transport, etc. Les réseaux mobiles, et surtout ceux de 3ème et 4ème génération, permettront non seulement de connecter toutes les communautés mais aussi de générer une dynamique de croissance au niveau de plusieurs secteurs de l’économie nationale. De nouvelles entreprises pourront s’installer et prospérer, dans les zones rurales comme dans les zones urbaines, dans les pays en développement, comme dans les pays développés. L’accès généralisé aux TIC va stimuler la croissance socio-économique, réduire la pauvreté et faire entrer de plain-pied les citoyens dans l’économie mondiale, tout en préservant et en encourageant les contenus locaux et les cultures locales.

Enfin, au-delà de la croissance économique et de la création d’emplois, le large bande a un effet positif sur la rente des consommateurs en générant pour l’utilisateur final des bénéfices qui ne sont pas pris en compte dans le calcul du PIB. Il peut s’agir d’un accès efficace à l’information, d’économies en termes de coûts de transport et d’avantages en matière de santé et de loisirs.

RTN : Y a-t-il des pays africains qui ont fait plus d’efforts à ce sujet ? Si oui, lesquels ? Comment cela se matérialise t-il ?

BS : Certains pays ont fait beaucoup d’efforts. Parmi ceux-ci, nous pouvons citer le cas du Nigeria, l’un des marchés les plus importants en termes de croissance soutenue depuis 2005, mais aussi l’Afrique du Sud, le Kenya, le Rwanda, l’Ouganda, la Tanzanie, le Cap Vert, l’Ile Maurice, le Ghana et le Cameroun pour ne citer que ces quelques pays. La plupart de ces pays ont mis en place des Centres communautaires polyvalents (CMP) dans les villages des zones rurales en y associant de l’enseignement scolaire et aussi des services de la Poste. L’utilisation de ces centres polyvalents a permis de réaliser des économies et donc de bénéficier d’une marge supplémentaire de financement pour des équipements ou pour la formation des formateurs vivant dans les zones rurales. Par exemple, les femmes ont été très actives dans la mise en place avec succès des CMP, en qualité de propriétaire ou de gérante. Des services d’e-applications sont fournis à travers les CMP, notamment l’e-santé et l’e-éducation.

RTN : Le service universel est un concept développé en Europe au moment de la libéralisation des télécoms dans les années 1990. Il était axé essentiellement sur la téléphonie fixe, le principe du service universel visait à faire financer par l’ensemble des opérateurs télécoms un service de base qui devait permettre de garantir un service équitable. Comment l’adapter à un contexte africain notamment pour le secteur mobile ?

BS : En Afrique, vu la formidable expansion des réseaux de téléphonie mobile, l’accent est donc mis sur leur utilisation pour l’accès universel, en particulier à travers les connexions WiMax qui offrent le large bande. C’est un des meilleurs moyens pour assurer, non seulement l’accès aux services téléphoniques mais aussi aux services disponibles par Internet.

Le service universel a beaucoup évolué au cours des deux dernières décennies. Alors que dans les années 1990 les politiques nationales visaient à promouvoir la téléphonie fixe dans les ménages ainsi que l’accès communautaire, aujourd’hui plusieurs pays se sont dotés d’objectifs plus ambitieux comme la généralisation de l’accès aux services mobiles et large bande. Les décideurs politiques ainsi que les régulateurs des TIC au niveau national disposent de différentes modalités de financement pour la mise en œuvre de ces objectifs. Entre autres, ce sont les fonds de service universel, les subsides gouvernementaux directs, les mesures incitatives, comme par exemple les termes préférentiels des licences et des autorisations d’utilisations du spectre.

Les régulateurs et les décideurs ne devraient tenter d’intervenir en finançant l’accès universel que lorsqu’il est manifeste que l’on n’est pas parvenu, par le jeu des forces du marché, à atteindre les objectifs d’accès universel et lorsqu’un laps de temps suffisant pour la réflexion s’est écoulé. En un tel cas, il convient de garder présents à l’esprit plusieurs facteurs. Compte tenu de l’évolution constante des technologies, il conviendrait d’adopter le principe de neutralité technologique afin d’avoir toute latitude pour choisir les solutions les plus efficaces et les plus pratiques.

D’après les données de l’UIT, en 2010 au moins 16 pays d’Afrique subsaharienne ont déjà inclus les services mobiles dans leur définition du service universel et neuf y ont aussi inscrit l’accès au large bande. Dix-huit pays africains ont actuellement un fonds de service universel opérationnel et onze pays envisagent d’en créer un prochainement. D’autres pays de la région, au moins douze, ont mis en place d’autres mécanismes pour le financement du service universel, comme les concessions pour les zones rurales et les mesures fiscales.

Entretien paru dans le magazine Réseau Télécom Network No 48

(Source : Agence Ecofin, 15 octobre 2011)

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