A quand la création d’un fonds pour le développement des TIC ?
mercredi 31 janvier 2001
Il faut se réjouir de l’initiative de la Sonatel qui vient de lancer un appel d’offres pour la réalisation d’une étude de marché pour la création d’un fonds d’investissement dans le domaine des NTIC au niveau de l’UEMOA. Un tel fonds devrait concourir au développement des entreprises dans le secteur des nouvelles technologies et permettre ainsi à l’Afrique de l’Ouest de se positionner sur les marchés découlant de la mise en place progressive de la nouvelle économie. Ceci dit, la Sonatel étant désormais une société privée majoritairement contrôlée par des capitaux étrangers dans laquelle l’Etat ne détient même plus une minorité de blocage, il ne faut pas trop s’illusionner sur le rôle que pourra jouer un tel fonds en faveur de l’émergence et du développement d’un secteur national dans le domaine des nouvelles technologies. Dès lors, on ne peut que s’interroger sur l’inertie de l’Etat en la matière alors que depuis de nombreuses années les experts et les professionnels du secteur ont recommandé la création d’un tel instrument au niveau national. En effet, rien ne sert de multiplier les réflexions sur la politique nationale de développement des TIC si en parallèle l’Etat ne se donne pas les moyens de mettre en œuvre les fruits ces réflexions. Parmi les moyens nécessaires, figure en bonne place la création d’un fonds de soutien aux initiatives dans le domaine des nouvelles technologies de manière à créer les conditions de l’émergence de Start up mais également à appuyer les entreprises déjà existantes et qui sont porteuses de projets novateurs. La création d’un tel fonds s’impose car les banques « nationales », en général plus intéressées à spéculer sur l’importation du riz qu’à financer le développement de l’industrie et des services, ont fait la preuve de leur incapacité à soutenir les entreprises voulant miser sur la nouvelle économie. Il est donc grand temps que le Sénégal se dote des instruments nécessaires à la mise en oeuvre de la stratégie nationale qui devrait lui permettre de moderniser son administration, son système éducatif et bien entendu son économie. Dans tous les pays où l’on constate un essor fulgurant du secteur des nouvelles technologies, il existe une volonté politique forte qui se traduit non seulement par l’énonciation d’une vision et la définition d’une stratégie mais par la mise en oeuvre de dispositifs concrets, notamment en matière de financement. Un tel fonds pourrait notamment être alimenté par des taxes prélevés sur les opérateurs de télécommunications, les redevances des licences de téléphonie mobile, de fréquences VSAT, etc.
Amadou Top
Président d’OSIRIS