C’est un mélange d’abréviations, de chiffres et de lettres, de mots écorchés vifs, etc. A travers Sms et e-mails, les jeunes réinventent la langue française. Pour eux, seul le sens du message compte. Ce qui n’est, évidemment, pas du goût des tenants du purisme linguistique.
« Wi j s8 arivé dp8 11h, v tu mexuzé j dvé vs tenir o couran ». Ceci est textuellement le texto (Sms) que j’ai reçu d’un ami. Et un autre « ami » sur facebook à qui je demandais comment se passent ses études me répond : « G terminé mon examen premier semeste depui fevrier ; actuelma je fé deuxiem semeste ». Si le sens de ces deux phrases peut être compréhensible, l’orthographe se passe de commentaires. Pour les jeunes, cette forme d’écriture obéit à une certaine logique. « C’est une manière de gagner du temps et de l’espace, et par conséquent économiser du crédit (pour les textos). L’essentiel, c’est de saisir le sens », justifie Amadou Diop, étudiant en deuxième année à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Ucad, dans un français très approximatif. Mais cette nouvelle forme d’écriture, pour ne pas dire cette manière de maltraiter la langue de Molière, n’est pas du goût des défenseurs du français. « Cela permet d’aller vite certes, mais c’est surtout pour cacher des lacunes en orthographe », estime Oumar Sankharé, agrégé de grammaire et professeur de Lettres à l’Ucad. Pour lui, ceux qui s’adonnent à ces pratiques finissent par ne plus savoir écrire certains mots. Pour preuve, « trois quarts des candidats ont zéro en dictée au Brevet de fin d’études moyens (Bfem) », dit-il. Un « désastre ». Et « les Sms y sont pour quelque chose ». S’il n’a rien contre les « africanismes » ou les « sénégalismes » (mots forgés par les Africains et qui ont fini par être reconnus par l’Académie française) qui, après tout, ont permis d’enrichir la langue, le Pr Sankharé voit d’un très mauvais œil ces nouvelles formes de déformations linguistiques véhiculées par les Tic.
Ni de l’argot, ni de la créativité
De manière générale, ce « parasitage » linguistique est difficilement compréhensible pour les tenants du purisme linguistique. « J’ai dit à ma fille : ‘je ne vais plus lire tes messages si tu ne prends pas la peine d’écrire correctement les mots’. Cela m’énerve de devoir me triturer les méninges pour essayer de comprendre des abréviations dont le sens m’échappe. Ce n’est ni de l’argot ni de la créativité, c’est tout simplement un massacre linguistique ! Les Tic devraient permettre de mieux raffiner la langue au lieu de la dénaturer », fustige Faye, libraire et bibliophile, autant dire un tenant du purisme « superstitieux » linguistique. « L’essentiel n’est-il pas de se comprendre si et tant que la langue n’est qu’un code pour communiquer avec l’autre ? », rétorque une étudiante. On perçoit un nouveau conflit de génération. Linguistique. Certains mots, comme « lol » (lot of laught), qui ne disent absolument rien à l’ancienne génération, ont fini par acquérir leurs lettres de noblesse sur les réseaux sociaux, notamment facebook. Les exemples ne manquent pas : « mifa » (famille), « crech » (crédit), « karda » (Dakar), etc, reviennent constamment dans le « franC » de cette jeunesse technologiquement branchée, et qui n’a pas peur de prendre beaucoup de liberté avec la langue.
Après tout, une langue évolue. « C’est comme un corps vivant : sa vitalité ne tient pas à l’identité constante de ses éléments mais à l’uniformité régulière des fonctions qu’elle exerce et qui précèdent sa forme et son genre distinctif », rappelait l’écrivain canadien d’origine argentine, Alberto Manguel, dans les colonnes du « Monde diplomatique » de mai 2009. Citant le célèbre écrivain argentin, Jorge Luis Borges, il ajoutait que « l’erreur provient de ce que l’on oublie que chaque langue est une façon de sentir l’univers et de le percevoir ». La fonction précède donc la forme.
Seydou Ka
(Source : Le Soleil, 20 mars 2012)
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