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Une application qui améliore les ordonnances médicales

jeudi 4 janvier 2024

Des professionnels de la santé et des informaticiens réunis au sein du Laboratoire d’informatique médicale (LINFOMED) ont développé une application dénommée APURMED (Application pour l’usage rationnel du médicament).

Cette dernière permet de rechercher des données scientifiques d’un médicament, de rechercher ses équivalents et d’analyser une prescription médicale.

« Il s’agit de voir est-ce qu’un médicament associé avec un autre médicament sur une ordonnance est compatible ou pas et d’analyser si un médicament prescrit est contre-indiqué ou pas avec le profil du patient », explique Bienvenu Tinguéri, pharmacien-biologiste, spécialiste en pharmacologie clinique et coordonnateur du LINFOMED.

“En approfondissant nos connaissances sur le médicament, nous nous sommes rendu compte que près de la moitié des prescriptions posent des problèmes sérieux d’erreurs médicamenteuses évitables” Bienvenu Tinguéri, LINFOMED.

Selon ses concepteurs, l’idée de développer APURMED est née du constat d’une « faible » disponibilité des médicaments et de leur utilisation « non rationnelle ».

« En approfondissant nos connaissances sur le médicament, nous nous sommes rendu compte que près de la moitié des prescriptions posent des problèmes sérieux d’erreurs médicamenteuses évitables », indique Bienvenu Tinguéri.

« Il est important d’améliorer les prescriptions pour une meilleure prise en charge. C’est pourquoi, nous avons pensé que le levier qu’il faut actionner serait l’usage rationnel des médicaments », précise le coordonnateur du LINFOMED.

Téléchargeable sur Playstore, l’application est destinée aux professionnels de la santé humaine, aux établissements de santé publics et privés, etc. pour les aider à améliorer les prescriptions médicales.

Bienvenu Tinguéri souligne qu’elle répertorie plus de 4 000 médicaments avec des options d’analyses, de prescription, d’interactions et de recherche d’équivalences.

« Pour les médicaments disponibles, leur utilisation est émaillée par un certain nombre d’insuffisances telles que les erreurs de prescription, de dispensation, d’observance, de gaspillage et des ruptures », regrette-t-il.

« Les erreurs médicales liées à l’Homme sont potentiellement évitables. Toutefois, nous pensons que les capacités humaines sont insuffisantes pour l’usage rationnel des médicaments, en raison du nombre très élevé des médicaments et de leurs propriétés. C’est pour cela que nous avons proposé cette solution numérique », ajoute-t-il.

Après la conception de l’application, elle a été testée avec succès à la pharmacie Remedis à Bobo-Dioulasso, Jobber à Ouagadougou et Zoodo à Koudougou.

Erreurs médicamenteuses

Gérard Bationo, pharmacien à la direction des laboratoires du ministère de la Santé fait partie des utilisateurs de APURMED. Pour lui, c’est une application très utile et son utilisation va permettre de contribuer à l’usage plus « rationnel » des médicaments et lutter contre l’iatrogénie médicamenteuse, c’est-à-dire, les effets néfastes dus aux erreurs médicamenteuses qui sont très souvent évitables.

« Les réponses aux requêtes sont obtenues rapidement et l’utilisation est simple, pas besoin de formation pour cela en principe. Il suffit qu’on vous explique un peu et que vous ayez les accès, mais il faut néanmoins être initié aux concepts de la santé. En plus, il intègre plusieurs paramètres d’intérêt professionnel au sujet du médicament », affirme-t-il.

Il ajoute : « C’est la première application au Burkina Faso qui permet d’analyser une prescription médicale et de prendre rapidement une décision pour une utilisation optimale des médicaments ».

Par exemple, explique ce dernier, grâce aux résultats d’analyses de prescription, on peut prévenir par anticipation, une interaction médicamenteuse à risque chez un patient, on peut aussi lui éviter une association de médicaments incompatibles.

Car, témoigne-t-il, « les données détaillées pour l’utilisation du médicament y sont disponibles, il y a aussi la possibilité de rechercher les équivalences de médicaments, ainsi que de connaitre le coût estimatif ou indicatif d’un traitement. »

« Tout ceci me semble très important et décisif en thérapeutique. APURMED peut changer assurément les habitudes, contribuer à la formation continue sur les médicaments, et impacter positivement les prises en charge et donc notre système de santé si elle est adoptée et vulgarisée », conclut Gérard Bationo.

Hamidou Ouédraogo, directeur exécutif national du Réseau accès aux médicaments essentiels (RAME) révèle qu’en matière de disponibilité des médicaments dans les formations sanitaires, le défi est énorme. Et toute initiative technologique qui vise à faciliter l’accès des populations aux médicaments dans les pharmacies est salutaire.

Car, avoue-t-il, « l’une des problématiques que les populations rencontrent est de parcourir les formations sanitaires publiques et privées pour trouver des médicaments ».

Mais, prévient-il, pour la mise à disposition du public d’APURMED, il faut s’assurer que les conditions de son utilisation sont en droite ligne avec les directives en cours du ministère de la Santé et de l’hygiène publique. « Il faut qu’on s’assure que son accessibilité est permanente au niveau national », souhaite Hamidou Ouédraogo.

Mais, conseille-t-il, les populations doivent se rendre au centre de santé en premier en cas de maladie pour se faire prescrire des médicaments. « Nous espérons que les gens utiliseront les circuits officiels d’accès aux médicaments qui permettront d’améliorer la qualité des prescriptions médicales », dit-il.

L’application a été développée dans le cadre de l’Initiative des organismes subventionnaires de la recherche scientifique (IOSRS), un programme de renforcement des capacités des institutions de financement de la recherche scientifique en Afrique subsaharienne.

Abdel Aziz Nabaloum [1]

(Source : SciDevNet, 4 janvier 2024)

[1] Cet article a été produit avec le soutien de l’Initiative des organismes subventionnaires de la recherche scientifique (IOSRS), qui vise à renforcer les capacités institutionnelles de 17 agences publiques de financement de la science en Afrique subsaharienne.

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