Depuis le 1er juillet 2024, le Sénégal a mis en place une nouvelle taxe de 18% (TVA) sur les services fournis par les plateformes numériques, marquant ainsi une étape importante dans sa politique fiscale numérique. Cette initiative découle d’une volonté de longue date du gouvernement sénégalais de moderniser son cadre fiscal pour répondre aux défis posés par l’économie numérique mondiale. En intégrant cette taxe dans le Code Général des Impôts à travers l’article 355 bis, le gouvernement vise non seulement à élargir l’assiette fiscale en capturant les revenus locaux des géants technologiques mondiaux, mais aussi à garantir une contribution équitable à l’économie nationale.
Cette mesure répond également à un impératif économique crucial qui de renforcer les recettes fiscales nationales. Cette imposition aux services des plateformes numériques démontre la volonté du gouvernement sénégalais à renforcer le palier budgétaire et à financer des projets de développement économique et social essentiels pour le pays· Cette approche est conçue pour créer un environnement fiscal plus robuste et prévisible, favorisant ainsi la stabilité économique à long terme et la résilience face aux fluctuations des marchés internationaux.
Face à une concurrence internationale souvent dominée par des acteurs ayant des capacités financières considérables, les entreprises sénégalaises rencontrent des défis significatifs· En intégrant une TVA sur les services numériques, le gouvernement cherche à réduire les déséquilibres concurrentiels et à encourager la croissance des entreprises nationales en créant des conditions plus équitables sur le marché. Cela pourrait potentiellement stimuler l’innovation locale et l’investissement dans des secteurs clés de l’économie sénégalaise. Elle témoigne également la détermination du gouvernement à moderniser ses politiques fiscales pour s’adapter aux réalités de l’économie numérique mondiale tout en renforçant la contribution des grandes entreprises technologiques au développement économique national. Toutefois, cette taxation peut se ressentir sur certains services tels que les frais publicitaires de certaines plateformes.
Une prélèvement fiscal qui s’applique directement sur certains services tel que la publicité en ligne
L’application de cette nouvelle taxation a profondément impacté les entreprises utilisant des plateformes telles que Meta (anciennement Facebook) pour leurs campagnes publicitaires au Sénégal· Avec l’introduction de la TVA de 18%, les coûts publicitaires vont potentiellement connaitre une augmentation significative, modifiant ainsi la stratégie de dépenses marketing des entreprises locales et internationales opérant sur le marché sénégalais. Cette mesure vise à assurer une contribution plus équitable au développement économique du pays en capturant une partie des revenus générés localement par les activités numériques.
Les ajustements dans les dépenses publicitaires découlent directement de l’incorporation de la TVA, soulignant la nécessité pour les entreprises de réévaluer leurs budgets marketing et leurs stratégies de communication. Cette taxation représente non seulement un changement fiscal crucial mais aussi un levier pour équilibrer la compétitivité entre les entreprises locales et les géants mondiaux du numérique. Elle vise à réduire les asymétries fiscales et à promouvoir une juste contribution des acteurs numériques au développement économique et social du Sénégal.
A l’image de Meta, on attend à une application effective de cette décision sur toutes les autres plateformes numériques.
L’application de la décision sur la taxation des plateformes numériques au Sénégal : Meta, un a exemple à suivre
Bien que Meta ait été la première plateforme à appliquer la taxe de 18% sur ses services au Sénégal, a ce que l’on sache, mais l’efficacité à renforcer l’assiette fiscale dépend désormais de l’extension de cette mesure à d’autres géants du numérique comme Google, TikTok et d’autres acteurs majeurs. Cette extension est cruciale pour garantir une concurrence équitable sur le marché numérique sénégalais et pour maximiser les revenus fiscaux générés localement. Elle nécessite une coopération étroite entre les autorités sénégalaises et les représentants des plateformes numériques afin d’harmoniser les pratiques fiscales et d’assurer une conformité rigoureuse aux réglementations fiscales du pays.
L’adhésion volontaire de ces entreprises à se conformer aux nouvelles obligations fiscales est un aspect clé de cette initiative. Un dialogue constant est nécessaire pour clarifier les exigences fiscales, résoudre les questions de conformité et encourager une participation proactive des entreprises· Cela inclut la mise en place de mécanismes transparents pour la collecte, le paiement et la déclaration de la TVA, assurant ainsi que toutes les plateformes numériques opérant au Sénégal contribuent équitablement aux revenus fiscaux nationaux. Ainsi, ce processus revêt d’une importance capitale pour préserver l’intégrité du système fiscal et renforcer la confiance des acteurs économiques dans l’environnement réglementaire du pays.
Toutefois, pour bien encadrer cette décision, il faut impérativement un cadre légal et réglementaire bien ajusté, répondants ainsi aux besoins spécifiques de l’écosystème de la fiscalité du numérique.
L’importance d’un bon cadre légal et réglementaire adapté et d’une régulation spécifique du secteur
Pour garantir une application efficace de la nouvelle taxe sur les plateformes numériques, le Sénégal doit mettre en place un cadre législatif et réglementaire robuste· Tout d’abord, il est nécessaire d’établir des directives claires sur la collecte de la TVA par les plateformes numériques· Cela implique la définition précise des transactions et des services soumis à la taxe, ainsi que les mécanismes de calcul et de déclaration des montants dus.
Ensuite, le cadre réglementaire devrait stipuler les obligations précises des plateformes numériques en matière de paiement de la TVA. Il est essentiel d’instaurer des processus transparents et efficaces pour que les entreprises puissent collecter la taxe auprès des utilisateurs finaux et la reverser aux autorités fiscales. La clarté dans ces procédures est indispensable pour minimiser les risques d’évasion fiscale et garantir une perception juste et équitable des taxes dues.
Par ailleurs, pour assurer une conformité adéquate, le cadre législatif doit prévoir des mécanismes de contrôle et de vérification robustes. Cela inclut la mise en place de systèmes de surveillance pour s’assurer que toutes les plateformes numériques respectent leurs obligations fiscales. Des sanctions appropriées doivent également être prévues en cas de non-respect des règlements fiscaux, afin de dissuader les comportements non conformes et de renforcer l’intégrité du système fiscal sénégalais.
Pour assurer également le succès à long terme de la taxation des plateformes numériques au Sénégal, il est essentiel de mettre en place des mécanismes de régulation efficaces plutôt qu’une autorité unique. Ces mécanismes devraient inclure des directives claires sur la collecte, le paiement et la déclaration de la TVA par les plateformes numériques. Ils visent à réduire les risques d’évasion fiscale et à garantir la conformité des entreprises opérant sur le territoire sénégalais, assurant ainsi une répartition équitable des charges fiscales et maintenant l’intégrité du système fiscal.
Conclusion
La mise en œuvre de la taxation des plateformes numériques représente une avancée significative pour le Sénégal dans le domaine de la fiscalité numérique, faisant de lui le 22iéme pays africain à appliquer ce taxe.
Cette initiative vise non seulement à renforcer l’assiette fiscale nationale, mais aussi à promouvoir une compétition équitable et à protéger les intérêts économiques du pays. Cependant, son succès à long terme dépendra de la mise en place d’un cadre réglementaire solide, d’une coopération internationale efficace et d’une surveillance continue pour assurer une application juste et transparente des règlements fiscaux numériques.
Assane Sy, Cyberjuriste-Consultant, Spécialiste en Droit du numérique
(Source : Senews, 8 juillet 2024)
Bande passante internationale : 172 Gbps
4 FAI (Orange, Arc Télécom, Waw Télécom et Africa Access)
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Taux de pénétration : 1,67%
3 opérateurs (Orange, Free et Expresso)
21 889 688 abonnés
Taux de pénétration : 123,34%
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Taux de pénétration : 17,4%
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