twitter facebook rss
Imprimer Texte plus petit Texte plus grand

Transition numérique en Afrique : Le Sénégal à l’ère des data centers

mercredi 5 juillet 2017

La fin du mois de juin (2017) a été marquée par une véritable révolution numérique au Sénégal, notamment avec l’annonce de l’inauguration de Data centers par les opérateurs de téléphonies (Sonatel et Tigo pour le moment). Des innovations majeures dans le pays, mais aussi en Afrique, bien que beaucoup de pays comptent déjà des infrastructures de cette envergure. Ce qu’on retient le plus de cette actualité, c’est le débat soulevé autour de la primeur, ou encore de la comparaison faite sur les capacités des Data centers déjà existants sur le continent ; ce qui a, dans une certaine mesure, éloigné le débat des questions essentielles. Sous ce rapport, nous avons, à notre tour, tenu à partager nos recherches sur la question afin d’apporter un plus pour une meilleure appréhension des véritables enjeux d’une telle innovation. Tous ne sont pas forcément experts en la matière (moi y compris), cependant, ceci aura un impact sur notre quotidien, tous étant de grands producteurs (ou consommateurs) de data (ou données numériques). C’est incontournable. D’où la nécessité de retranscrire à travers un discours accessible à tous, l’avis des experts et les connaissances produites sur le centre de données.

C’est quoi un Data center ?

Un Data center est, basiquement, un centre de traitement de données. Il est généralement un lieu doté d’équipements informatiques dédiés (ordinateurs, serveurs, baies de stockage, équipements réseaux, etc.) et sert principalement à stocker un nombre important d’informations numériques, la plupart du temps appartenant aux entreprises.

Aujourd’hui, une grande partie des data centers est consacrée à l’accueil des serveurs utilisés pour la navigation sur Internet.

Quel est l’intérêt de se doter d’une telle infrastructure ?

Hyper sécurisés, les centres de données offrent une protection des données contre les risques d’incendie, d’inondation, de vol, d’intrusion, de panne ou encore de coupure électrique. La gestion des infrastructures informatiques, du fait de sa décentralisation, est simplifiée : les équipements ne sont pas obsolètes et les données sont disponibles en permanence.

Les data centers, du fait de leur taille et de leur alimentation en électricité 24h/24, sont très énergivores. D’où d’ailleurs l’inquiétude de certains experts africains, si on sait que le continent est souvent confronté à des problèmes énergétiques. Ce serait d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles Microsoft a tardé à annoncer l’ouverture de data centers en Afrique (prévu en 2018) selon Rami Azzi, Business Group lead de la division Applications & Services de Microsoft Afrique de l’Ouest, du Centre et des îles de l’océan indien. Il disait dans une interview en mars 2016 que « chaque data center a besoin d’énormes quantité d’énergie. »

« Connaissant les challenges qu’il y a en Afrique pour assurer une meilleure connectivité, il faut s’assurer qu’il n’y ait pas de problème d’énergie », avertissait l’expert.

Cependant, des alternatives sont trouvées pour surmonter cette contrainte. Dans la conception, on fait souvent recours aux énergies éoliennes, solaires ainsi qu’au free cooling (un système de réfrigération des blocs de stockage).

Data center en Afrique

En pleine transition digitale, pour ne pas dire transformation comme la plupart des experts sur la question, l’Afrique enregistre de grandes innovations en matière de gestion numérique, surtout avec l’essor du Cloud dans le continent. Aujourd’hui, on parle de Data center, ce qui ne semble pas être une nouveauté en Afrique. L’innovation concernera sans doute les progrès technologiques et les performances qui caractérisent les récents Data centers.

En 2011, une étude évaluait à 112 le nombre de Data centers sur le continent (Afrique du Sud, Egypte, Ghana, Nigéria, Kenya, Tunisie). Ainsi, Telehouse a ouvert ses premiers data centers en Afrique du Sud en 2010 à Cape Town et Johannesburg. L’opérateur de téléphonie Orange, un des leaders en Afrique, a aussi, pour sa part, successivement mis en service des data centers en Côte d’ivoire (en avril 2016) et au Cameroun (en mai 2017).

Microsoft vient d’annoncer l’ouverture courant 2018 de nouveaux centres de données en Afrique du Sud. La multinationale les installera à Johannesburg et Cape Town, avec l’objectif de fournir plus efficacement la région australe d’Afrique.

Au Sénégal, à côté du data center de l’Agence de l’informatique de l’Etat (ADIE), l’opérateur de téléphonie Tigo a aussi inauguré, le 06 juillet dernier, son data center construit à Diamniadio. « Ce centre de données, qui aurait coûté plus de 3 milliards de francs CFA (4,57 millions d’euros), sera le deuxième de l’opérateur télécoms en Afrique, après celui de N’Djamena, au Tchad, pour un coût de 6 millions de dollars et dont la construction a été achevée fin mai » (selon un article paru sur Jeune Afrique).

Mais, il faut le dire, l’innovation sur ce plan a été la présentation du centre de données inauguré par Sonatel le 20 juin 2017. Une infrastructure qui se distingue par les performances qu’elle propose dans la gestion des données numériques. En entendant de vous présenter celui de Tigo, nous partageons avec vous ce que nous avons appris (par la documentation), mais aussi ce que nous avons pu tirer de notre visite lors de la cérémonie d’inauguration du Datacenter de Sonatel.

Qu’en est –il du Datacenter de Sonatel ?

Sonatel a inauguré le 20 juin dernier son Datacenter, construit à Rufisque (Dakar). Etabli sur une superficie totale de plus de 3,5 hectares, il a coûté près de dix (10) milliards de FCFA pour la partie infrastructure. Il est composé d’un bâtiment de 2 224 m² sur une superficie globale de 3 500 m², comprenant trois salles informatiques ayant chacune une surface de 250 m².

Il va permettre à de nombreuses entreprises et administrations d’externaliser leurs serveurs avec la garantie de conserver leurs données aux normes de sécurité internationales sur le territoire sénégalais. Ce Datacenter propose une sécurisation des données de classe mondiale car il est de niveau Tiers 3+ (pour plus de détails sur les certification : https://www.ovh.com/fr/serveurs_ded... )

Son autonomie énergétique est assurée par deux groupes électrogènes de grande puissance et une quasi mini-centrale électrique avec l’arrivée directe de la moyenne tension du courant électrique. Le système de refroidissement recyclable à l’eau froide. Un système de brouillard d’eau pour la protection incendie permet d’éteindre le feu en préservant tout le matériel sensible.

En plus de servir Sonatel dans sa politique de virtualisation de ses propres infrastructures, ce Datacenter est, selon Sonatel, une opportunité pour le stockage et la sécurisation des données pour les entreprises, publiques comme privées. Toujours dans sa communication, Sonatel assure à ses futurs clients (entreprises) une disponibilité des serveurs de stockage et des serveurs virtuels dédiés à leurs activités, sans investissement initial. En plus de leur garantir une sécurité optimale, il leur assure une autonomie et une visibilité à temps réel quant à la gestion de leurs ressources.

Quant à l’Etat du Sénégal, il pourrait tirer les avantages de cet univers hautement sécurisé en termes de configuration électrique (garantissant 99,98% de disponibilité), en termes d’infrastructures techniques et de surveillance. Il se voit ainsi doté d’un nouvel outil pour assurer sa « cyber sécurité ».

Quels enjeux pour le Sénégal ?

Ce data center intervient dans un contexte où le challenge était de mettre sur place une infrastructure capable d’abriter des données bénéficiant d’un accès et qui soit située sur le territoire sénégalais. D’où l’importance de cette initiative qui vient combler un énorme gap technologique. Il est important, dans le développement des services numériques, d’avoir des lieux de stockage des données ou des services offerts par des entrepreneurs locaux et hébergés au Sénégal. Et nous espérons que celui de Tigo et d’autres initiatives de ce genre participeront à relever le plateau technologique du Sénégal.

Les enjeux vont souvent au-delà de la simple question commerciale. Ils sont multiples et se déclinent sur plusieurs niveaux.

Pour l’Etat, cette infrastructure représente un élément de modernisation de son territoire, avec un écosystème impactant sur plusieurs niveaux (naissance de technopoles ou de « smart cities » autour, projet de cyberadministration, etc.). Il est donc particulièrement concerné en tant que bénéficiaire mais aussi en tant que régulateur (accès universel), ce qui pose parfois débat. C’est aussi pour l’Etat un moyen d’être autonome par rapport à la sauvegarde et à la sécurisation de ses données

Selon le Pr Alex Corenthin, spécialiste des Tic au Sénégal, « la problématique de la mise en place d’une infrastructure de stockage et de traitement du Big Data se pose donc fondamentalement en termes de souveraineté ou pour être plus précis en termes de construction d’une infrastructure nationale souveraine et sécurisée. »

Jusque-là, les offres prévues, pour ce que nous en savons, concernent plus les entreprises (privées et publiques). Il serait intéressant de voir en parallèle dans quelles mesure intégrer la demande des particuliers (les entrepreneurs, les startup, les particuliers, etc.) qui ont, par exemple, besoin de services d’hébergement (internet).

Nous sommes aujourd’hui confrontés à un déficit d’hébergement ; ce qui fait que la plus grande partie de nos données sont hébergées à l’étranger. Il est temps qu’on réfléchisse sur les moyens de rendre ces ressources disponibles et offrir des services à la hauteur des hébergeurs web étrangers tel que OVH. Sonatel pourrait, à travers son Datacenter, apporter une réponse à cette préoccupation.

« En effet, comme l’a annoncé de manière visionnaire le mathématicien britannique Clive Humby dès 2006, les données constituent le pétrole du XXIème siècle. Autrement dit, elles sont devenues un produit dont la collecte, le stockage et surtout le traitement est devenu un facteur critique tant pour les citoyens qui les génèrent que pour les états qui les surveillent ou encore pour les entreprises qui les exploitent. »

Samb Junior

(Source : Pencoo, 5 juillet 2017)

Post-Scriptum

Sources :

http://www.vinci-energies.com/cest-...

http://www.journaldunet.com/solutio...

http://www.sonatel.com/inauguration...

http://www.ticmag.net/enfin-premier...

http://www.jeuneafrique.com/413889/...

http://www.numerama.com/tech/259612...

http://reseautelecom.com/orange-ina...

https://www.orbiti.com/construction...

Mots clés

Inscrivez-vous a BATIK

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez toutes nos actualités par email.

Navigation par mots clés

INTERNET EN CHIFFRES

- Bande passante internationale : 172 Gbps
- 4 FAI (Orange, Arc Télécom, Waw Télécom et Africa Access)
- 19 266 179 abonnés Internet

  • 18 595 500 abonnés 2G+3G+4G (96,58%)
    • 2G : 12,95%
    • 3G : 24,60%
    • 4G : 62,45%
  • 334 642 abonnés ADSL/Fibre (1,71%)
  • 334 875 clés et box Internet (1,71%)
  • 1162 abonnés aux 4 FAI
  • Internet fixe : 1,74%
  • Internet mobile : 98,26%

- Liaisons louées : 3971

- Taux de pénétration des services Internet : 106,84%

(ARTP, 30 septembre 2023)

- Débit moyen de connexion mobile : 23, 10 Mbps
- Débit moyen de connexion fixe : 21, 77 Mbps

(Ookla, 31 janvier 2023)


- 9 749 527 utilisateurs
- Taux de pénétration : 56,70%
(Internet World Stats 31 décembre 2021)


- + de 10 000 noms de domaine actifs en .sn
(NIC Sénégal, décembre 2023)

TÉLÉPHONIE EN CHIFFRES


Téléphonie fixe

- 3 opérateurs : Sonatel, Expresso et Saga Africa Holdings Limited
- 382 721 abonnés
- 336 817 résidentiels (88,01%)
- 45 904 professionnels (11,99%)
- Taux de pénétration : 1,67%

(ARTP, 30 septembre 2023)

Téléphonie mobile

- 3 opérateurs (Orange, Free et Expresso)
- 21 889 688 abonnés
- Taux de pénétration : 123,34%

(ARTP, 30 septembre 2023)

FACEBOOK

3 050 000 utilisateurs

Taux de pénétration : 17,4%

- Facebook : 2 600 000

- Facebook Messenger : 675 200

- Instagram : 931 500

- LinkedIn : 930 000

- Twitter : 300 000

(Datareportal, Janvier 2023)

PRÉSENTATION D’OSIRIS

batik