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Réseau africain unique : Arrêter l’exploitation numérique de l’Afrique

jeudi 9 août 2018

Saviez-vous que lorsque les Africains passent des appels internationaux entre eux, le trafic qu’ils génèrent doit généralement transiter à travers un hub situé en dehors de notre continent ?

Saviez-vous que le coût de ces communications est plus élevé que celui que paient les Européens ou les Américains lorsqu’ils effectuent des transactions au sein de leurs blocs respectifs malgré des revenus plus élevés ? La valeur économique en jeu est significative.

Smart Africa estime que ses 24 pays membres perdent environ 3,5 milliards de dollars par an, en raison de la fraude ou du trafic gris lié à cette configuration inadéquate. La situation rappelle l’expérience de voyage bien connue selon laquelle, pour voyager d’une capitale africaine à une autre, parfois dans la même région, les gens devaient transiter par un aéroport européen en payant inutilement un multiple des coûts au profit des compagnies aériennes européennes et institutions d’accueil.

C’est dans ce contexte que l’initiative Réseau Africain Unique (RAU) a été lancée le 18 juillet 2016 par Son Excellence Paul Kagame, Président de la République du Rwanda et Président du conseil d’administration de l’Alliance Smart Africa et Son Excellence Ali Bongo Ondimba, Président de la République du Gabon. L’événement a eu lieu lors d’une réunion du conseil d’administration de Smart Africa qui s’est déroulée en marge du sommet de l’Union africaine à Kigali. En présidant le lancement, les deux dirigeants ont souligné que la mission du RAU est de rendre les communications intra-africaines sûres et abordables afin d’accélérer l’intégration socioéconomique du continent. Cette étape marquait l’accomplissement d’une promesse faite plus tôt lors de l’adoption de l’initiative durant la 24e Assemblée de l’Union Africaine en janvier 2015, à travers la résolution Assemblée /AU/Dec.563 (XXIV). Par la suite, Smart Africa a initié la conception, le développement et le déploiement de la plate-forme régionale d’échanges et de règlement financier en Afrique, qui servira de centre d’échanges afin de garder et de comptabiliser le trafic dans le continent L’initiative a les objectifs majeurs suivants :

  • Affirmer la souveraineté des pays africains à surveiller leur propre trafic, données et transactions financières et récupérer les bénéfices associés ;
  • Renforcer le commerce intra-africain et le programme de transformation socio-économique ;
  • Soutenir les efforts d’intégration continentale africaine, en particulier la libre circulation des personnes, des biens et des services à travers le continent ;
  • Protéger les frontières africaines contre la fraude des télécommunications et le trafic gris tout en s’attaquant aux menaces économiques et de sécurité associée que ce trafic représente ;
  • Améliorer la qualité du service et le caractère abordable des communications en Afrique.

Le lancement du Réseau Africain Unique a suivi une preuve de concept réussie qui a été mise en œuvre dans les quatre pays du Corridor Nord de la Communauté de l’Afrique de l’Est : Kenya, Rwanda, Soudan du Sud et Ouganda. Six mois après le lancement du projet baptisé RAU, le trafic entre les pays avait augmenté de 800% et les revenus réalisés par les opérateurs avaient augmenté, malgré la baisse du prix à la minute des appels internationaux. Cela signifie que l’explication du prix élevé payé par les Africains lorsqu’ils communiquent ne peut être interprétée comme un impératif commercial.

Source : Rapport du Developpement Mondial en 2016

L’explication peut également ne pas être technique puisque l’essentiel de l’infrastructure de communications repose désormais sur le protocole IP (Internet Protocol), éliminant ainsi la distance en tant que facteur de coût important. Ce qui est clair, c’est que la persistance de frais d’itinérance et d’appels internationaux élevés est une forme d’exploitation numérique qui cherche à maximiser les intérêts des fournisseurs ainsi que d’autres motivations grâce à l’ancienne technique du « diviser pour régner ».

Le public doit être informé que les trafics de la voix et les messages ne représentent que la pointe de l’iceberg de l’entièreté des communications intra-africaines. La plus grande partie de cette activité est constituée de données électroniques (trafic Internet) et d’échanges de flux financiers. Par conséquent, l’initiative du Réseau Africain Unique devrait être considérée comme un effort des dirigeants africains à maintenir la valeur de l’Afrique en Afrique tant que les Africains traitent et échangent entre eux. Ce n’est pas qu’une question de souveraineté. Il en va de la compétitivité et de la survie de l’Afrique dans l’économie numérique mondiale.

Construire une zone de libre-échange numérique continentale

Lorsque Smart Africa a été créée en 2013, elle s’est vue confier la mission stratégique globale de piloter la mise en place d’un marché numérique unique sur le continent. La signature de l’accord sur la Zone de Libre Échange Continentale Africaine (ZLEC) en Mars 2018 à Kigali a donné un nouvel élan à la mission de Smart Afrique. Bien que la construction de routes transfrontalières, de lignes électriques et d’infrastructures ferroviaires pour relier les pays du continent et accroître le commerce de marchandises prendra du temps et nécessite de nombreux investissements, rien n’empêche l’Afrique d’être intégrée numériquement aujourd’hui. La bonne nouvelle est que la valeur des flux numériques à travers les frontières a dépassé la valeur des biens physiques. Cela signifie que la majeure partie de la promesse d’une Zone de Libre-Échange Continental peut être réalisée aujourd’hui.

Un Réseau africain unique : Une responsabilité collective

Pour que l’Afrique réalise la vision d’un marché numérique unique, les gouvernements, le secteur privé et les consommateurs doivent faire leur part. La signature du marché unique du transport aérien en Afrique, de la zone de libre-échange continentale et du protocole sur la libre circulation des personnes, tous en l’espace d’un an, a démontré une volonté politique sans précédent d’unir le continent. Le lancement imminent du réseau de fibre terrestre Cap-Caire et Djibouti-Lagos par la société Liquid Telecom est une déclaration selon laquelle la vision d’une Afrique connectée numériquement est réalisable, grâce à l’investissement du secteur privé. Les consommateurs réalisent qu’ils ont des droits et exigent de plus en plus qu’ils soient respectés. Comme cela a été souligné à maintes reprises par le président du Conseil d’Administration de l’Alliance Smart Africa, H.E. Président Paul Kagame, nous progressons, mais nous pourrions avancer beaucoup plus rapidement. Il faut plus de courage, de coordination et un sentiment d’urgence permanent pour réaliser le plein potentiel de l’Afrique et mettre fin à l’exploitation numérique.

Jean-Philbert Nsengimana [1]

(Source : Smart Africa, 9 aout 2018)

[1] L’auteur de cet article est conseiller special auprès de Smart Africa et également l’ancien Ministre des TIC au Rwanda.

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Téléphonie mobile

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