Le Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers (Brvm), le gendarme de la Brvm, a bloqué hier le deal que l’Etat a voulu sceller avec son partenaire France Télécom, dans l’aliénation des actions Sonatel. Les travailleurs de la Sonatel, qui tenaient hier un point de presse, jubilaient à l’annonce de cette décision, qui est venue pour eux comme une bouffée d’air pur.
C’est à l’issue de la rencontre avec la presse, après l’Assemblée générale, que l’information est tombée. Ibrahima Konté, représentant du personnel au Conseil d’administration de la Sonatel, a annoncé le rejet par le Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers (Crempf), qui contrôle les transactions de la Bourse régionale des valeurs mobilières (Brvm), de l’opération qui a abouti à la cession des 9,87% des parts de l’Etat du Sénégal dans la Sonatel, à France Télécom.
Cette décision a été favorablement accueillie par les travailleurs qui étaient encore présents au siège. « C’est déjà une première victoire pour nous », se réjouissait M. Konté qui fut Secrétaire général du Syndicat des travailleurs de la Sonatel (Syts). Le Crempf, qui contrôle le marché financier de l’Union monétaire des Etats de l’Ouest-africaine (Uemoa) ne pouvait pas rester insensible devant cette opération qui, en plus d’être « inopportune » pour le Sénégal, a été réalisée dans une « opacité générale » pour enrichir un groupuscule d’affairistes, selon l’ancien syndicaliste.
La Sonatel qui est la seule entreprise sénégalaise cotée à la bourse régionale, représente plus de 40% du capital boursier de la Brvm, explique Ibrahima Konté. Selon lui, le Sénégal occupe une place non négligeable au sein de l’Uemoa. A tel point que, si cette dernière était une équipe de football, le Sénégal aurait certes un seul joueur, mais il en serait le capitaine et le buteur, en plus d’avoir le choix de l’entraîneur de l’équipe. En fait, c’est un dispositif économique énorme que le Sénégal risque de perdre si, la majorité des parts de la Sonatel tombe officiellement dans l’escarcelle des Français, résume Ibrahima Konté. De toutes les façons, avertit-il, quand France Télécom aura les coudées franches, elle ne va plus déclarer de bénéfices dans les deux, voire les trois années à venir.
Aly Fall
(Source : Le Quotidien, 11 avril 2009)
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