Le Sénégal déplacera toutes les données gouvernementales et les plateformes numériques des serveurs étrangers vers un nouveau centre de données national dans le but de renforcer sa souveraineté numérique. Cette décision risque de rendre l’infrastructure numérique du pays africain entièrement dépendante de la technologie chinoise.
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« Je demande désormais au gouvernement de migrer toutes les données et plates-formes de l’État vers le centre de données. Nous devons rapatrier rapidement toutes les données nationales hébergées hors du pays », a déclaré le président sénégalais Macky Sall lors du lancement du centre le 22 juin.
Le centre de données de 46 milliards de francs CFA (70 millions d’euros) a été financé par un prêt chinois et construit avec Huawei fournissant des équipements et un support technique. La première phase de la nouvelle installation sera ouverte dans environ six mois et offrira des services d’hébergement aux entreprises et autres organismes publics. Le centre de données exploitera les réseaux mondiaux via un câble sous-marin ainsi que le propre réseau de fibre optique du pays de 6 000 km.
Selon Eric Olander, du China Africa Project, un portail qui étudie la portée des entreprises de Pékin sur le continent, l’ouverture du centre « marque une étape importante en Afrique. C’est la première fois qu’un pays reproduit pleinement le modèle de gouvernance des données qui exige que tous les serveurs soient situés à l’intérieur des frontières d’un pays, offrant à l’État un accès complet à l’information."
L’organisme de surveillance de l’industrie numérique, Datacenter Dynamics, a indiqué que le nouveau centre de données, situé dans le parc technologique numérique de la ville de Diamniadio, sera géré par l’agence informatique d’État du Sénégal ( ADIE ). L’établissement a une capacité d’accueil de 500 m².
Selon le président sénégalais, des entreprises publiques telles que Senelec , la compagnie nationale d’électricité, déplaceront également leurs données vers le centre en tandem avec les agences gouvernementales.
Le centre servira à la fois les secteurs public et privé et offrira une infrastructure moins chère à la communauté croissante de startups technologiques du Sénégal que les entrepreneurs ne trouveront à l’étranger, a-t-il ajouté.
« Avec ce data center, l’Etat sénégalais sera souverain en matière de stockage de données. C’est un outil qui préservera notre patrimoine informationnel et profitera à l’administration publique et aux entreprises privées. Jusqu’à présent, la majorité de nos données étaient stockées à l’extérieur, aux États-Unis et en Asie notamment », a ajouté Cheikh Bakhoum, directeur de la State IT Agency, cité par Datacenter Dynamics.
Une fois le centre de données en place, la technologie chinoise aura pratiquement pris le contrôle de l’ensemble de la cyber-infrastructure du Sénégal. Selon un communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères, le gouvernement chinois est présent à plusieurs niveaux.
Il finance l’e-gouvernement du Sénégal, met en place un réseau national à haut débit, finance le projet d’e-infrastructure « Smart Sénégal » et aide le Sénégal à « devenir un pôle d’information et de communication en Afrique de l’Ouest ».
La Chine encourage également les talents sénégalais en organisant un programme de formation intitulé « Seeds of the Future ».
Huawei attaqué
L’ouverture du centre de données équipé de Huawei au Sénégal intervient à un moment où la société chinoise est attaquée par les États-Unis et ses alliés. Washington a imposé des sanctions à Huawei, lui interdisant d’acheter des équipements américains, tandis qu’en Europe, il fait face à des obstacles au Royaume-Uni qui l’a interdit du réseau mobile 5G.
Le gouvernement français, qui a introduit une loi "préservant les intérêts de sécurité nationale dans le cadre des opérateurs de téléphonie mobile", a imposé aux fournisseurs de réseaux Bouyges Telecom et SFR de remplacer des milliers d’antennes relais Huawei avant 2028.
La répression des pays occidentaux contre Huawei est basée sur la crainte que le géant des télécommunications ne soit exploité par le gouvernement chinois à des fins d’espionnage, présentant un risque potentiellement grave pour la sécurité nationale.
Jan van der Made
(Source : RFI, 25 juin 2021)
Bande passante internationale : 172 Gbps
4 FAI (Orange, Arc Télécom, Waw Télécom et Africa Access)
19 266 179 abonnés Internet
Liaisons louées : 3971
Taux de pénétration des services Internet : 106,84%
3 opérateurs : Sonatel, Expresso et Saga Africa Holdings Limited
382 721 abonnés
336 817 résidentiels (88,01%)
45 904 professionnels (11,99%)
Taux de pénétration : 1,67%
3 opérateurs (Orange, Free et Expresso)
21 889 688 abonnés
Taux de pénétration : 123,34%
3 050 000 utilisateurs
Taux de pénétration : 17,4%
Facebook : 2 600 000
Facebook Messenger : 675 200
Instagram : 931 500
LinkedIn : 930 000
Twitter : 300 000