Le développement de la société sénégalaise de l’information crée de nouveaux défis en matière de protection des données personnelles des citoyens. Le premier défi est lié aux risques réels de violation de la vie privée des Sénégalais dans un environnement numérique où chaque jour des bases de données sont constituées tant dans le secteur public que dans le secteur privé. Le second défi concerne l’utilisation de l’Internet qui permet un fichage et un traçage des internautes.
Face aux dangers que représentent l’utilisation des technologies et leurs poids sur les libertés individuelles et sur la vie privée, notre pays, ayant très tôt pris conscience des enjeux multiformes pour créer la Commission de protection des données personnelles (CDP).
Avant l’avènement de la CDP, les données personnelles des Sénégalais étaient collectées, traitées, stockées, utilisées, communiquées à des tiers et parfois vendues avec tous les risques qu’engendrent de telles pratiques. Aujourd’hui, grâce au travail de sensibilisation en cours de la CDP, les responsables de traitement sont mieux avertis des risques liés au traitement des données à caractère personnel, notamment les conséquences juridiques et/ ou judiciaires.
L’examen des premiers dossiers par la CDP a permis de constater que les manquements à la législation portent, notamment, sûr : la finalité des traitements des données collectées qui, le plus souvent, n’est pas déterminée, explicite et légitime ; l’absence de consentement des personnes dont les données font l’objet d’un traitement ; la tendance à faire héberger les données des Sénégalais sur des serveurs localisés à l’extérieur du territoire national en l’absence des garanties juridiques et techniques idoines ; l’inexistence de mesures de sécurité pour empêcher que les données ne soient déformées, endommagées ou que des tiers non autorisés y aient accès ; entre autres.
À ce jour, la CDP, dans le cadre du déroulement de sa feuille de route, a enregistré huit (8) demandes d’avis, seize (16) demandes d’autorisation et quarante et une (41) déclarations normales. Après examen des dits dossiers, treize (13) délibérations ont été rendues au cours des différentes sessions plénières des commissaires qui se tiennent une fois par mois.
Ainsi, la CDP recommande le respecter strictement la législation sur la protection des données à caractère personnel lors des traitements automatisés, notamment les formalités préalables auprès de la CDP avant tout traitement ; d’assurer d’une meilleure connaissance du cadre juridique avant tout traitement portant sur la santé, la biométrie, la géolocalisation, la vidéosurveillance ou les transferts des données des Sénégalais vers un pays tiers ; veiller à la protection de la vie privée des Sénégalais dans le traitement de l’information dans les médias, notamment dans l’utilisation des données nominatives et à la mise en œuvre des mesures de sécurité proportionnées à la nature des données collectées et traitées.
Ibrahima Khalil
(Source : Pressafrik, 7 avril 2014)
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