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L’intelligence artificielle dans un contexte africain

jeudi 26 janvier 2023

Le Divan citoyen a tenu le dimanche 22 janvier 2023 un forum public sur l’intelligence artificielle. Nous avions à ce propos évoqué divers aspects liés à la technologie. Le prétexte tout trouvé a été la mise à la disposition du public de ChatGPT que vous avez certainement pu tester. Ce que vous allez lire est le fruit d’une réflexion collective entamée sur ce sujet. Vous aurez certainement l’occasion de découvrir des mots, expressions ou histoires que vous avez partagé. Le replay de la session est encore disponible pour quelques temps encore. et que nous espérons suivre.

Wikipedia définit l‘intelligence artificielle comme un « ensemble de théories et de techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines capables de simuler l’intelligence humaine ». Le portail NetApp va plus loin en précisant que le but de l’IA est de « permettre à des ordinateurs de penser et d’agir comme des êtres humains ». On cherche à créer des machines qui pensent et agissent comme des êtres humains.

Et l’une des expériences les plus réussies dans cette quête est ChatGPT. Il s’agit d’un chatbot que vous pouvez utiliser gratuitement, pour le moment, en vous inscrivant sur le site web de OpenAI.

L’intelligence artificielle est en mesure de converser avec vous en utilisant toutes les ressources mises à sa disposition. Elle se nourrit de vos informations après celles qui lui ont été fournies par ses concepteurs. Le robot a donc suivi un véritable programme de renforcement des capacités comme c’est aussi notre cas sur bien des sujets.

Si vous souhaitez en savoir plus sur l’environnement de l’intelligence artificielle et au besoin en parler avec des personnes ressources, nous vous proposons cet interview avec Elias Waly Ba. Elias est un passionné d’IA et nous a présenté son métier dans le cadre de notre rubrique « découvrir mon métier ».

L’intelligence artificielle et la question du biais

Nous vous disions plus haut que l’intelligence artificielle se nourrit des informations fournies par ses concepteurs et les utilisateurs, sur des données du passé. L’IA exploite les données du passé et n’est pas (encore) en mesure d’extrapoler sur l’avenir. Il a donc les qualités et les défauts du contenu qu’on lui a ingéré. On ne peut donc passer sous silence la question du biais. La notion de biais appliqué à l’Intelligence Artificielle désigne une situation dans laquelle un système de Machine Learning discrimine un groupe de personnes en particulier. En règle générale, cette discrimination reflète celles que l’on déplore dans notre société à l’égard des couleurs de peaux, du genre, de l’âge ou de la nationalité. Des expériences précédentes ont dû être abandonnées par exemple, parce que les solutions proposées comportaient des tares congénitales.

ChatGPT a tenté de prendre en charge cette problématique en introduisant un modèle de récompense. Le formateur essaie par exemple de chercher le plus gros score possible dans les résultats afin de le valider pour l’IA. En parallèle, d’autres algorithmes travaillent à corriger les biais qui sont repérés mais là également il faut d’abord les repérer ou que d’autres utilisateurs les signalent.

Le biais pourrait paraitre insignifiant notamment dans des domaines techniques ou technologiques. Dans d’autres domaines plus ouverts cependant comme l’éducation ou la démocratie, domaines qui intéressent particulièrement le continent africain, la situation est toute autre. Pourrions nous être exposés à des modèles spécifiques, totalement en désaccord avec notre vision d’une société démocratique ? Serons nous, au contraire, juste être confrontés à des modèles comportant des marges d’erreur que nous serons en mesure de gérer, par anticipation ou correction ?

Il nous semble qu’il n’est plus possible de faire l’économie de cette réflexion. De l’avis de la plupart des intervenants lors du forum public du Divan citoyen, l’accès à l’information, à la bonne information est un point crucial de la démocratie. Rapporté à ChatGPT, il est aujourd’hui évident que les réponses fournies par l’intelligence artificielle restent logiques mais peuvent ne pas correspondre à la vérité des faits. Les opportunités de manipulation peuvent donc s’avérer très possibles et à une échelle très importante. Sur ce point également, la réflexion doit se poursuivre.

Il existe aujourd’hui divers autres domaines où l’intelligence artificielle peut performer. Dans la gestion de la relation client par exemple, une technologie comme ChatGPT apporte une valeur ajoutée par rapport au chatbots existants. L’IA dans sa version actuelle parait être en mesure de mieux cerner les besoins d’un client et y apporter des réponses pertinentes. En droit également, il y a des tentatives plus ou moins fructueuses qu’il n’est pas mal de développer.

Ces biais, qui ne sont pas être minimiser, ne doivent cependant pas remettre en cause les opportunités qu’offre l’intelligence artificielle pour le continent africain. La solution ChatGPT, classée comme une innovation de rupture, vient challenger une mastodonte reconnue comme le leader en matière de requêtes sur le web. Microsoft veut aller beaucoup plus loin en intégrant sur son moteur de recherche Bing, une version avancée de ChatGPT. Continuons quand même de scruter la place parce que Google ne devrait pas tarder à réagir.

Quelle place pour l’Afrique dans l’environnement de l’intelligence artificielle ?

Il est courant d’entendre dans le discours de plusieurs leaders politiques ou représentants de gouvernements que l’Afrique doit rattraper son retard. Ce qu’on développe moins par contre, c’est l’enjeu autour de ce prétendu retard. C’est vrai qu’on aime inaugurer les infrastructures de « dernière génération », tout comme on aime se singulariser comme étant le premier de tout un continent ou d’une région.

Au delà du discours marketing qui fonde l’opération de vente-achat, essayons de prendre du recul. Un recul nécessaire pour nous poser les questions (qui fâchent) et y apporter les réponses idoines pour le bien du continent. La première question est de se demander si cette dernière génération est ce dont la communauté a le plus besoin. Et puis, dernière génération par rapport à quoi ? L’évolution dans divers domaines est tellement rapide qu’avant même de se faire livrer une commande, l’obsolescence s’est déjà installée. Restons lucides. Posons-nous les réelles questions, quand bien même elles fâchent.

Evoquons pour commencer le modèle chinois. La Chine avait un retard considérable dans le domaine des télécoms. Après avoir suffisamment et mûrement réfléchie à une stratégie qui réponde à leurs besoins. Le pays a pris une décision majeure en faisant l’impasse sur une 4G déjà très fortement concurrentielle. Décision a donc été prise d’investir massivement sur la 5G et de positionner Huawei comme véhicule de cette politique. Huawei signifie simplement réussite chinoise. Le résultat est là, une chine devenue leader incontestée dans ce secteur. Une Chine qui a compté d’abord sur ses capacités internes.

Il ne s’agit pas pour l’Afrique de se projeter dans la XG. Cela n’est ni pertinent par rapport à nos besoins, ni prioritaire par rapport à nos investissements. Nous devons nous interroger sur nos besoins essentiels dans des domaines aussi divers que l’éducation, la santé, l’agriculture, l’environnement, etc. Une fois nos besoins fixés, il restera à analyser les solutions pertinentes pour une réelle prise en charge de ces besoins. Soit celles-ci existent, sont disponibles et accessibles pour nos usages ; soit elles restent à créer et les pouvoirs publics décideront, ensemble et à l’échelle du continent, d’investir dans ces technologies.

Dans son discours d’investiture à la présidence de l’Union africaine, le Président de la République du Sénégal Macky Sall mettait en exergue les richesses du continent africain : L’Afrique a du potentiel : 30 millions de km2 ; plus d’un milliard d’habitants ; d’importantes réserves en eau et hydrocarbures ; 60% des terres arables non exploitées du monde ; 40% des réserves d’or ; 85 à 95% des réserves de métaux du groupe du chrome et du platine ; 85% des réserves de phosphates ; plus de 50% des réserves de cobalt et un tiers des réserves de bauxite. Macky Sall 5 février 2022, Union Africaine

Un continent qui réunit plus d’un milliard d’habitants a les moyens de négocier avec un ou différents partenaires en mettant en avant la satisfaction de ses besoins réels. Il ne s’agit de mener une bataille perdue d’avance en essayant de se barricader ou en espérant tenir nos données hors de portée. Qui détient ces données d’ailleurs ? Nous les livrons aux GAFAM sans qu’ils ne se fatiguent à les demander. Ces entités dont les budgets dépassent largement ceux de la plupart des Etats dans ce monde moderne, confient à des cabinets d’avocats spécialisés, le soin de leur rédiger les conditions générales d’utilisation (CGU) de leurs plateformes. Après, ils nous « facilitent la tâche » : cliquer sur « J’accepte ».

A supposer d’ailleurs que nous ayons la capacité de garder ces données personnelles, politiques, sanitaires, militaires, qu’en ferons-nous ? Quelle politique, quels projets et programmes serviront de réceptacles à ces données ? Nous devons aujourd’hui être en mesure d’y répondre et de la façon la plus clairement articulée. Savoir ce qui est vital pour l’Afrique permettra de définir ce qui doit être d’usage exclusif et ce qui peut être rentabilisé dans le cadre de partenariats.

C’est ce que la zone Europe tente de faire avec les Gafam et ce que nous n’avons pu faire avec la Chine dans un passé récent. Celle-ci nous a offert le siège de l’organisation continentale en veillant à espionner ce qui s’y faisait. Au jour d’aujourd’hui, nous n’avons aucune assurance que ces pratiques ne se perpétuent avec les datacenter vendus, installés, maintenus, etc.

Ce n’est pas offenser nos ingénieurs que d’avancer que la plupart de ces manœuvres échappent à leur contrôle. C’est sur leurs têtes que cela se joue, au nez et à la barbe. Cet état de fait interroge sans doute la problématique des générations connectées différenciées que nous retrouvons dans certains pays du continent africain. Les générations qui occupent les postes de responsabilités n’ont pas toujours une claire conscience des enjeux liés au numérique. Ils appréhendent le numérique comme un domaine hors de contrôle et donc potentiellement dangereux, qu’il faut chercher coûte que coûte à maitriser avec force de lois et de décrets.

On semble vouloir appliquer à un espace numérique pour ne pas dire virtuel, des outils qui sont à peine efficaces pour l’espace physique pour lequel ils ont été conçus. Quant aux plus jeunes, principaux pourvoyeurs de données, ils semblent avoir compris, pour certains en tout cas, mais n’ont apparemment pas toujours l’opportunité de se faire entendre des décideurs. Il peut arriver que cette situation frustre les uns et les autres. Bon, admettons-le quand même, c’est frustrant !

Une collaboration entre ces acteurs aurait pu s’avérer pourtant tellement bénéfique qu’il nous faut travailler à ce que cela advienne. Au mieux, l’environnement propice qui pourrait en résulter stimulerait le secteur de l’éducation et de la recherche. Plus clairement, il s’agira de faire figurer l’apprentissage de la technologie dans le programme scolaire et surtout de couver les cerveaux pour qu’ils éclosent et restent sur le continent. Notre continent doit faire l’effort de s’occuper de ses talents en veillant notamment à valoriser les contributions individuelles.

Comme annoncé au début, ce forum n’a pu épuiser toutes les questions qui se posent à nous dans ce domaine. Nous sommes ouverts, n’hésitez pas à vous exprimer, en commentaire pour nous livrer vos impressions. ChatGPT observe et apprend.

(Source : Divan citoyen, 26 janvier 2023)

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