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En pleine révolution numérique, le Bénin s’affirme dans le cyber-espace africain

mercredi 15 janvier 2020

Le 11 janvier dernier, Cotonou accueillait le Bénin CEO Awards sur le thème de la digitalisation du secteur financier et de la cybersécurité, en présence des principaux dirigeants du pays. Engagé dans une profonde refonte de son écosystème numérique, le Bénin est entré dans le top 10 des pays africains les mieux notés en matière de lutte contre la cybercriminalité.

Samedi dernier, le gotha des entrepreneurs du Bénin s’était donné rendez-vous à Cotonou, à l’occasion du Bénin CEO Awards. La cérémonie organisée par l’entrepreneur Ulrich Adjovi, récompensait les best practices de l’année. Parmi les grands gagnants de la cérémonie, les top-managers de la Sobebra (filiale locale du groupe Castel), la banque panafricaine EcoBank ou encore MTN, le leader des télécoms sud-africain, se sont distingués.

Ce sont quelque 600 entreprises que le cabinet d’études Avis+ avait passé au crible pour sélectionner, in fine, une dizaine de lauréats. « Nous avons choisi le thème de la digitalisation qui est au carrefour de tous les secteurs d’activités. De plus, le Bénin a récemment transformé sa réglementation pour soutenir son écosystème numérique, au point d’afficher des résultats qui le classe aujourd’hui, parmi les meilleurs élèves en matière de cybersécurité africaine », souligne Ulrich Adjovi.

« L’intelligence artificielle a révolutionné nos interactions avec nos clients et ceux qui ne suivent pas ce mouvement disparaîtront » a introduit Laurence Do Rego, la directrice exécutive en charge de la réglementation et de la conformité du groupe Ecobank Transnational Incorporated (ETI), le géant bancaire présent dans 36 pays africains qui compte aujourd’hui 19 millions de clients. « Regardez ce que sont devenus Nokia et Blackberry » a-t-elle poursuivi, un clin d’œil qui ne manque pas de sel, au regard de la digitalisation tous azimuts des économies africaines qui a bénéficié aux opérateurs télécoms, y compris sur le terrain des services financiers, n’en déplaise au 1er groupe bancaire du continent qui déploie de nouvelles offres pour maintenir un leadership de plus en plus contesté... « Autrefois, les clients acceptaient d’attendre 2 ou 3 jours pour des transferts d’argent. Ce n’est plus possible aujourd’hui, car ils veulent tout immédiatement sur leur smartphone » constate Laurence Do Rego. Aussi, entre le chatbot Rafiki, Ecobank mobile ou EcobankPay, le groupe surfe désormais sur la vague numérique africaine qui enregistre 100 millions de portefeuilles électroniques, soit l’équivalent de 10% de la population.

Les opérateurs télécoms : grands gagnants de la bancarisation africaine ?

« A travers la digitalisation, nous sommes en passe de changer la vie des Béninois qui ont adopté le m-paiement très rapidement, comparativement aux Etats-Unis par exemple, tout simplement, car ils n’avaient pas d’autre alternative », explique Stephen Blewett, le DG de MTN Bénin qui peut se réjouir des 2,5 millions de clients disposant d’un portefeuille de mobile paiement actifs au niveau national, et de 5 millions de comptes enregistrés. « C’est un élément essentiel dans notre stratégie de développement (...) A travers nos applications ergonomiques, nous nous assurons de toucher le maximum de consommateurs. C’est un avantage comparatif dont nous disposons par rapport aux banques qui proposent l’ouverture de comptes traditionnels en agence, même si les choses évoluent et que chacun, dans son secteur, travaille à réduire la circulation du cash pour accompagner l’inclusion financière du continent ».

L’offensive des télécoms en Afrique est actée, quitte à créer de nouvelles solidarités entre les concurrents du secteur, comme en témoigne la joint-venture Mowali, entre les frères ennemis MTN et Orange, pour permettre l’interopérabilité immédiate de leurs services de mobile money sur le continent, depuis novembre 2018. Cette initiative concerne les 100 millions de comptes clients des deux grands opérateurs télécoms, répartis dans 22 pays africains. A terme, cette interopérabilité s’ouvrira à d’autres marchés pour toucher les quelque 338 millions de clients répertoriés en Afrique en 2018, selon l’association professionnelle des opérateurs mobiles (GSMA).

Lancé en 2007 au Kenya avec M-Pesa par Safaricom, le mobile money s’est rapidement imposé sur le continent, bénéficiant d’une croissance rapide du téléphone portable, au point de devenir l’élément disruptif majeur de l’économie africaine de la dernière décennie. En 10 ans, les transactions sont passées de 1,2 à 20 milliards de dollars. A ce jour, MTN compte dix fois plus de clients que les principales banques panafricaines. En substance, les 5 leaders des télécoms en Afrique, concentrent 60% des clients contre 22 % pour les 5 plus grandes banques du continent... Au-delà de la concurrence évidente des banques et des télécoms sur le terrain de l’inclusion financière, ils entretiennent encore des relations d’interdépendance ténues, car les banques dépendent des GSM pour l’attribution de code USSD et les GSM ont besoin d’une licence des partenaires bancaires pour développer certains services financiers. Toutefois, ce schéma devrait bientôt évoluer avec la création prochaine de banques par les opérateurs GSM. Le groupe Orange a d’ores et déjà annoncé le lancement des activités d’Orange Bank dès 2020 en Afrique de l’Ouest.

ANSSI ou l’élément-clé du cyber-espace béninois

L’Agence nationale pour la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) a vu le jour en novembre 2018 pour accompagner le PAG (Programme d’action du gouvernement) en matière de cybersécurité au Bénin, qui a longtemps été considéré comme une plaque tournante de la cybercriminalité africaine. Cet organisme, relevant directement de la Présidence, est en charge de la protection des infrastructures critiques des systèmes d’information publics et privés, de la lutte contre la cybercriminalité, de la promotion du numérique, du développement des compétences et enfin, de la coopération internationale et de la coordination nationale.

« L’ANSSI relève du Code numérique inscrit dans le Plan d’action du gouvernement qui a fait du numérique une priorité nationale. Cette nouvelle architecture législative nous a permis de faire de nets progrès » explique Ouanilo Medegan, le directeur de l’ANSSI. En effet, en quelques mois seulement, le Bénin a connu une profonde restructuration de son écosystème digital. En 2017, le pays classé à la 148e place -sur 164- du classement de l’Union internationale des télécommunications (UIT) sur la cybersécurité, est passé à la 80e place en 2018 -sur 175 pays. Il campe désormais à la 8e position des pays africains les mieux armés contre la cybercriminalité. « Jusqu’à présent, les cybercriminels n’étaient pas très bien jugés, faute de réglementation adaptée. Le vol de données n’était pas qualifié par exemple. Cette situation a changé grâce au Code numérique et à de nouveaux outils comme la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). Plusieurs arrestations ont déjà dissuadé un certain nombre de cybercriminels ». Entre « sexortsion » (chantage à la sextape) réalisée par « les petites mains de la cybercriminalité - et - nouveaux agents digitaux du crime organisé qui s’attaquent aux grands groupes industriels », le Bénin a désormais les moyens « d’investiguer, notamment à travers l’Office central de répression de la cybercriminalité (OCRC) qui dépend directement de la police judiciaire et de réprimer les escrocs du numérique », explique Ouanilo Medegan.

Le directeur de l’ANSSI prévient par ailleurs que le développement programmé de la 5G sur le continent n’est pas sans risque de cybermenaces, à travers l’essor de l’IoT (objets connectés). « Les Etats doivent se mettre à niveau, car des projets d’implémentation de la 5G existent au Bénin [...] Aujourd’hui, les administrateurs mettent environ 7 mois avant de détecter une intrusion informatique. Cela crée 2 types de configuration : les entreprises qui se savent piratées et celles qui l’ignorent encore. Il faut donc absolument réduire ce délai de détection » prévient-il. « Toutes les 9 secondes, on observe une tentative d’attaque de piratage informatique. En 2018, la cybercriminalité a généré près de 600 milliards de dollars, ce qui en fait un secteur plus lucratif que le trafic de stupéfiants aujourd’hui », ajoute-t-il. Pour affronter les nouvelles menaces du cyber-espace, le Bénin s’emploie à détecter les talents de demain à travers des opérations comme le HackerLab organisé chaque année à Cotonou. Le marathon du hacking made in Bénin devrait supporter l’ambition du pays, de s’imposer rapidement comme une référence africaine majeure, en matière de cybersécurité.

Marie-France Réveillard, envoyée spéciale à Cotonou

(Source : La Tribune Afrique, 15 janvier 2020)

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