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Commentaire sur l’article publié par l’Agence Ecofin et intitulé "L’Afrique subsaharienne, la région la plus dynamique du monde en téléphonie mobile"

lundi 18 novembre 2013

Cette info est assez paradoxale, car elle vante le dynamisme (« la région la plus dynamique du monde ») tout en relevant les « obstacles » à cette saga (« 2/3 des habitants ne sont pas connectés au mobile ») qu’elle impute … « aux dispositions fiscales et réglementaires », ignorant ainsi le niveau faible du ratio PIB/habitant, cet autre record mondial de l’Afrique sub-saharienne.

Surtout, elle isole « l’industrie mobile » (qu’entend par là le rédacteur de l’article ?) de son environnement économique –national, sous-régional et régional- notoirement faible en Afrique en comparaison avec les autres régions du monde, du fait de la quasi absence d’activités industrielles ou de services significatives, à l’exception de quelques zones très particulières. Les évolutions présentées par l’article, qui résultent d’affirmations plus que de raisonnements, sont dès lors largement biaisées et peu crédibles.

En outre, cette info –ou plutôt cette « com »- de GSMA comporte des lacunes graves. Elle n’indique ni le montant total des investissements de « l’industrie du mobile » en Afrique sub-saharienne, ni celui du chiffre d’affaires annuel cumulé –donc de la contribution des utilisateurs africains aux caisses des opérateurs mobiles (l’UIT cite le chiffre de 56 milliards de dollars pour 2010, ainsi que 3,5 millions d’emplois directs et indirects), ni surtout le montant total des bénéfices réalisés par ces opérateurs qui donnent lieu aux versements, aussi pharamineux que difficiles à vérifier, « aux caisses des Etats de la région ».

Cependant, cette info passe sous silence la domiciliation de ces versements … en particulier celle extérieure au continent, en grande partie localisée dans les paradis fiscaux grâce à « l’optimisation fiscale » et aux fameux « prix de transferts ». On est encore bien loin du vœu de l’OCDE de « réaligner la localisation des profits avec la localisation de la création de valeur » (voir « Il faut changer les règles pour les adapter à un monde globalisé », Le Monde du 14 novembre 2013). Enfin, s’agissant des emplois créés cités par l’article (voir le chiffre donné par l’UIT) aucune étude sérieuse ne précise leurs caractéristiques alors que la plupart des observateurs les situent dans « l’économie informelle » c’est-à dire peu qualifiés, mal rémunérés et « invisibles » pour les Etats. Quant à l’accroissement de la richesse (PIB) créé et les 16 millions d’emplois générés par « l’adoption du haut débit mobile », on reste dans la spéculation tant que des politiques nationales et régionales intersectorielles d’accompagnement ne soutiennent pas le déploiement du haut débit en Afrique :

- réalisation d’infrastructures générales –y compris les infrastructures de télécommunications (voir Nota)- et d’aménagement territorial, accès fiable à l’électricité ;
- formation, création de services et de contenus ;
- progression du pouvoir d’achat des utilisateurs.

Plus exactement, il convient d’harmoniser l’évolution économique et sociale avec le déploiement du haut débit, c’est-à-dire redonner aux Etats, aux collectivités et aux institutions (notamment Universités, Ecoles d’Ingénieurs, ONG) le pouvoir d’élaborer en commun leur stratégie et de définir en fonction de leurs besoins et de leurs moyens une véritable politique dans le domaine des TIC au profit des pays, de leurs agents économiques et de leurs citoyens.

En contrepartie cela suppose que les acteurs du domaine des TIC –et notamment les multinationales de l’Internet, les opérateurs et les prestataires de services- adoptent une réelle transparence fiscale, respectent la législation locale bénéficiant d’abord aux pays où ils récoltent leurs bénéfices, et acquittent l’ensemble de leurs redevances dans ces pays.

C’est tout le contraire des pratiques actuelles marquées par l’idéologie néolibérale dominante qui prévaut depuis la fin du siècle dernier et qui confie l’avenir des pays et des peuples africains aux seules lois du marché.

Strasbourg, le 17 novembre 2013

Jean-Louis Fullsack, Chaire Unesco – Université de Strasbourg
Président de CESIR
Membre de l’Institut d’études et de recherches économiques et sociales des télécommunications (IREST)
Expert principal/Coordonateur de projets à l’UIT (1978-1998)

Post-Scriptum

Nota : Dans le domaine particulier des télécoms/TIC :
- mise en œuvre de l’infrastructure des télécommunications panafricaine (« Panaftel 2.0 ») basée sur l’interconnexion des réseaux dorsaux régionaux (CEDEAO, CEAC, etc..)
- réalisation des réseaux dorsaux et d’accès au niveau national, et organisation fonctionnelle et opérationnelle de leur exploitation, de leur entretien et de leur développement.

Voir aussi : L’Afrique, deuxième marché mondial de la téléphonie mobile, Claire Hemery, 16 décembre 2011, INA Global.fr (http://www.inaglobal.fr/telecoms/ar...)

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