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Yacine Barro : avec 30% de femmes dans le management, les entreprises augmentent de 6% leur rentabilité

vendredi 14 juin 2019

A l’occasion de la journée de la femme digitale organisée les 13 et 14 juin à Dakar, les experts du numérique partagent leurs expériences et proposent des solutions faisant des femmes africaines les motrices de la digitalisation. Yacine Barro, Directrice générale de Microsoft pour l’Afrique de l’Ouest nous livre ses impressions sur cette journée, analyse les défis qui se posent à la femme digitale africaine et présente les solutions mises en place par Microsoft pour accompagner et accélérer la digitalisation du Continent.

La Tribune Afrique : Dakar, la capitale sénégalaise accueille les 13 et 14 juin la première édition journée de la femme digitale en Afrique. En tant que femme africaine et évoluant dans le secteur des nouvelles technologies en Afrique, qu’est-ce que vous attendez de ces deux jours de rencontre ?

Yacine Barro : C’est un événement unique avec près de 300 participants, des experts venus de toute l’Afrique, mais aussi d’Europe pour partager leurs expériences. C’est une opportunité d’échanges, de partage de nos expériences respectives. Ce type d’initiative permet d’inspirer les femmes, les jeunes, les entrepreneurs de manière globale. Nous y attendons de belles énergies et d’histoires inspirantes. Les hommes y ont également été conviés pour contribuer et apporter leur expertise. Ma conviction est qu’il faut s’unir pour créer un environnement dans lequel les femmes comptent et peuvent faire la différence. Cette rencontre est d’une grande importance d’autant plus que c’est la première édition de la journée de la femme digitale organisée en Afrique.

Selon vous, faut-il traiter la question de la femme digital à part, ou est-ce qu’il faudrait l’inclure dans une problématique plus globale qui concerne également d’autres catégories de la population africaine comme les jeunes ?

Traiter la question de la femme digitale à part n’a pas de sens dans la mesure où l’on fait partie d’un écosystème. Il s’agit d’un ensemble de personnes, d’hommes, de femmes qui vivent dans un environnement spécifique qui interagissent entre eux au sein de ce milieu et avec ce milieu. Il faut inclure la question de la femme digitale dans une problématique globale qui consisterait à impliquer toutes les parties prenantes de cet écosystème. Une initiative portée par des femmes ne peut avoir de sens que si elle s’intègre dans un contexte spécifique de genre ou générationnel.

Nous savons que les femmes représentent près de 30% des entreprises et seulement 5% des effectifs des plus grosses entreprises mondiales. Une évolution des mentalités est donc nécessaire et celle-ci doit passer par une prise de conscience globale. Les entreprises ayant au moins 30% de femmes dans leurs corps dirigeants avaient leur rentabilité finale augmentée de 6%. Donc l’intégration des femmes dans le monde du travail n’est que positive. L’autonomisation des femmes par l’outil digital stimule cette productivité et les résultats en termes de développement sont absolument positifs.

Quels sont aujourd’hui dans le domaine du digital, les secteurs d’activités les plus porteurs permettant de générer de l’emploi de qualité et de lutter efficacement contre le chômage en Afrique ?

Lorsque l’on parle de secteurs porteurs il est surtout question de fintech, d’agrobusiness, d’e-banking. Beaucoup sont en relation avec les services. Mais chez Microsoft, nous restons persuadés qu’avec les bons outils n’importe qui peut devenir n’importe quoi. C’est ce que nous défendons à travers l’ensemble de nos solutions proposées, destinées à la fois aux grandes entreprises, aux PME et au TPE.

Des solutions de développement d’applications dont les codes restent totalement ouverts et rendus publics dans le domaine des technologies émergentes avec des solutions autour de l’intelligence artificielle, la data, le business intelligence. Il y a des prérequis à la mise en place d’un environnement digitalement favorable et qui permettrait de lutter contre le chômage. Le premier geste est de sauter à bord du train des technologies.

Existe-t-il des solutions spécifiques par pays ?

On ne peut pas aujourd’hui affirmer que certains africains bénéficieront de la portée du digital plus que d’autres parce que nous en sommes aux prémices du développement des technologies. Par contre, ce que l’on peut affirmer, c’est que l’Afrique a un énorme potentiel pour devenir un acteur majeur de cet environnement. C’est pourquoi le Continent doit agir très rapidement pour tirer profit de son capital humain. Le World Economique Forum avait publié un rapport selon lequel, plus de 50% de la population en Afrique subsaharienne a moins de 25 ans. Ce sont ces jeunes-là qui vont construire un futur où les humains et l’intelligence artificielle seront en mesure de travailler ensemble pour le bien de la société.

Ainsi, la deuxième chose essentielle à la mise en place d’un environnement digitalement favorable est l’évolution du système éducatif qui doit constamment évoluer afin d’équiper les jeunes des compétences nécessaires. Il s’agit de former, de préparer nos jeunes à l’usage de ces nouvelles technologies émergentes. Si les jeunes ne sont formés, nous risquons de creuser un écart entre nous et le monde développé.

Pour ce qui est secteurs porteurs, il n’en existe pas, il existe plutôt des fondamentaux à respecter. Il faut juste être pertinent, persévérant et être bien entouré. C’est-à-dire proposer des solutions africaines pour résoudre des problèmes africains. On rencontre régulièrement des entrepreneurs qui ne savent pas expliquer la valeur ajoutée de leurs produits et de leurs services. Dans ce cas il est difficile de se faire remarquer sur le marché. Ensuite, il faut de la persévérance, surmonter les obstacles, désacraliser l’échec. Lorsque l’on monte un projet entrepreneur, il doit y avoir cette envie de réussite, véritable passion. Enfin, il est essentiel d’être bien entouré, de bénéficier du mentoring, de s’entourer des bonnes compétences. C’est l’intérêt d’être "résauté".

En tant que responsable chez Microsoft quelles solutions ou appuis votre société a-t-elle mise en place ou compte-t-elle proposer pour soutenir l’entrepreneuriat des femmes mais aussi des jeunes dans le domaine digital ?

Le secteur de l’entrepreneuriat en Afrique et notamment celui des femmes est florissant. Avec la technologie, d’abord elle a commencé avec la technologie mobile et aujourd’hui avec du Cloud, on voit des startups locales développer des solutions très pertinentes adaptées à leurs modes de vie et aux différents défis qui se posent à l’Afrique. Maintenant, on doit tirer parti de ce dynamisme et Microsoft veut tirer parti de cet esprit et faire connaitre les créations africaines à travers son initiative Microsoft For Africa. C’est une initiative lancé il y a 5 ans pour accélérer la transformation numérique du Continent et ouvrir de nouvelles opportunités. Le programme a été conçu sur mesure et dédié exclusivement à l’Afrique qui est l’unique Continent à bénéficier de ce type d’accompagnement de la part de Microsoft.

Microsoft For Africa agit dans le domaine des startups, celui des MPE et PMI et dans celui des jeunes. L’objectif est d’accélérer de l’adoption du Cloud et la transformation digitale. Le deuxième objectif est de favoriser plus de créativité pertinente pour le marché, c’est-à-dire des solutions africaines aux réels besoins africains. Pour y parvenir, nous nous focalisons sur trois piliers. Il y a d’abord l’accès, qui est lié au fait de pouvoir fournir à un plus grand nombre l’accès à l’internet et à la connectivité. C’est un prérequis inébranlable. Le deuxième pilier sur lequel travaille Microsoft for Africa est l’accès à la compétence qui consiste à offrir aux bénéficiaires du programmes des formations aux standards mondiaux pour améliorer leur employabilité et leur esprit d’entreprise. Le troisième pilier est celui de l’innovation qui consiste à accompagner les innovations faites par les africains pour le Continent.

A ce niveau, Microsoft recherche constamment des startups à haut potentiel, conduites par des femmes avec des solutions de partenariat dans des domaines tels que la santé, l’agriculture, l’éducation, les finances, les services publiques pour véritablement développer des solutions innovantes. Certains de ces entrepreneurs que nous accompagnons ou que nous avons accompagné vont participer à cette journée de la femme digitale.

Aux côtés des besoins classiques de financement et de formation, quels types d’accompagnements les femmes africaines ont-elle le plus besoin pour entreprendre dans le domaine digital ?

Il est vrai que l’on parle souvent des formations classiques qui sont souvent très techniques. On a beaucoup de formation en codage. Par contre ce que l’on voit le moins, c’est ce type d’accompagnement qui permet d’aborder les questions de management, de gestion d’entreprise, de coaching, de mentoring qui permettrait d’assurer une certaine pérennité de l’initiative. Une étude récente a montré que neufs créateurs sur dix sont inscrits dans un processus d’accompagnement, mais que parmi eux seuls 20% vont jusqu’à la création de leur entreprise. Aussi les entrepreneurs ayant un mentor sont 5 fois plus de chance de créer leurs entreprises que ceux qui n’en ont pas. D’où l’importance de mettre l’accent sur d’autres types de formations qui traitent des questions de management, de création d’entreprises et de sortir des schémas habituels de formations classiques. Les entrepreneurs peuvent être de bons créateurs sans avoir nécessairement ces notions essentielles relatives à la gestion d’entreprise, au management. Ils ont besoin d’être coaché, de mentors. Et ceci fait partie des services proposés par Microsoft For Africa.

Nous avons un programme d’accès au financement. Il permet aux personnes suivies par Microsoft For Africa d’avoir accès à des investisseurs, à des outils de gestion de la trésorerie, des modèles financiers pour les aider à se développer et à s’étendre. Rien qu’au cours de ces 6 derniers mois Microsoft a touché plus de 300 startups sur le Continent avec un focus sur plusieurs licornes de nouvelle génération. L’initiative permet également aux entreprises d’avoir accès à des informations sur le marché. Microsoft For Africa a mis près de 1,7 million de PME et MPI africains en ligne. Nous avons élaboré un programme de mentorat à travers lequel les experts mondiaux de Microsoft donnent de leur temps et expertise pour aider les nouvelles entreprises dans leur stratégie de croissance et de développement. Nous avons actuellement 600 volontaires qui ont accompagné près de 400 entrepreneurs africains. Autre type d’accompagnement, les startups peuvent recevoir des stagiaires certifiés Microsoft pour une période de 6 mois, afin de mieux se focaliser sur leurs tâches prioritaires.

Maïmouna Dia

(Source : La Tribune Afrique, 14 juin 2019)

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INTERNET EN CHIFFRES

- Bande passante internationale : 172 Gbps
- 4 FAI (Orange, Arc Télécom, Waw Télécom et Africa Access)
- 19 266 179 abonnés Internet

  • 18 595 500 abonnés 2G+3G+4G (96,58%)
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  • 1162 abonnés aux 4 FAI
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- Liaisons louées : 3971

- Taux de pénétration des services Internet : 106,84%

(ARTP, 30 septembre 2023)

- Débit moyen de connexion mobile : 23, 10 Mbps
- Débit moyen de connexion fixe : 21, 77 Mbps

(Ookla, 31 janvier 2023)


- 9 749 527 utilisateurs
- Taux de pénétration : 56,70%
(Internet World Stats 31 décembre 2021)


- + de 10 000 noms de domaine actifs en .sn
(NIC Sénégal, décembre 2023)

TÉLÉPHONIE EN CHIFFRES


Téléphonie fixe

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(ARTP, 30 septembre 2023)

Téléphonie mobile

- 3 opérateurs (Orange, Free et Expresso)
- 21 889 688 abonnés
- Taux de pénétration : 123,34%

(ARTP, 30 septembre 2023)

FACEBOOK

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Taux de pénétration : 17,4%

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- Twitter : 300 000

(Datareportal, Janvier 2023)

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