Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a promulgué une loi portant sur la réglementation de la presse et des médias, qui va permettre de surveiller étroitement certains comptes d’utilisateurs de réseaux sociaux, a rapporté samedi le journal officiel. Selon cette loi, votée par le parlement en juillet, toute personne ayant plus de 5000 abonnés en ligne —sur un site personnel, un blogue ou les réseaux sociaux — pourra être surveillée par les autorités.
Le Conseil supérieur de régulation des médias, connu pour ses diatribes contre les médias étrangers et les programmes télévisés jugés trop connotés sexuellement, sera autorisé à suspendre ou bloquer ces sites ou comptes s’il juge qu’ils « publient ou diffusent de fausses nouvelles » ou « incitent à violer la loi, à la violence ou à la haine ».
À la mi-août le président avait promulgué une loi controversée de « lutte contre la cybercriminalité ».
En vertu de cette loi, les autorités peuvent bloquer, par l’intermédiaire d’un juge, tout site dont le contenu constitue « une menace pour la sécurité nationale » ou pour « l’économie nationale ».
Plus de 500 sites d’informations ou d’ONG sont actuellement bloqués en Égypte, selon l’Association pour la liberté de pensée et d’expression (AFTE), basée au Caire.
La nouvelle loi prévoit aussi une peine de prison d’un an et une amende de 50 000 à 100 000 livres égyptiennes (environ 2440 à 4885 euros) pour « toute personne qui accède délibérément ou par erreur, et sans raison valable, à un site, un compte privé ou un système informatique dont l’accès est interdit ».
Au moins deux ans d’emprisonnement et 100 000 livres égyptiennes d’amende (4885 euros) sont également encourus par « tous ceux qui créent, dirigent ou utilisent un site ou un compte privé dans le but de commettre ou faciliter la commission de crimes punis par la loi ».
Plusieurs internautes et blogueurs, critiques du gouvernement ou connus pour leurs commentaires ou dessins satiriques, ont récemment été arrêtés et placés en détention. Les autorités leur reprochent d’appartenir à des « groupes interdits » et de diffuser des « fausses nouvelles ».
En juillet, l’Organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International avait affirmé que ces lois, alors encore à l’état de projet, portait atteinte à la liberté d’expression.
Dans un contexte sécuritaire et économique tendu, les autorités affirment de leur côté vouloir lutter contre le « terrorisme » et tout ce qui nuit, selon elles, aux « intérêts du pays ».
AFP
(Source : Le Soleil, 2 septembre 2018)
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