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Tigo va-t-il bientôt parler chinois ?

La deuxième compagnie de téléphonie mobile du Sénégal pourrait bientôt devenir une société de l’empire du Milieu. Selon l’hebdomadaire Jeune Afrique, dans son édition 2369 du 04 au 10 juin 2006, la société China Mobile s’intéresse à Millicom International Cellular (Mic), dont le groupe suédois de télécoms et de médias Kinnevik, est l’actionnaire majoritaire.

Millicom international qui possède la marque Tigo, compte près de dix millions d’abonnés dans 17 pays en Amérique latine, en Afrique et en Asie. Jusqu’en novembre dernier, Mic commercialisait Hello au Sénégal. C’est à cette époque que le nom commercial a glissé en Tigo, à la suite d’une spectaculaire campagne de publicité. L’offre de la société chinoise porterait, selon le Wall street Journal, sur un montant de 5,3 milliards de dollars pour une entreprise cotée à la Bourse de New York depuis 1993. La capitalisation boursière de Mic étant estimée à deux milliards de dollars, l’offre de China Mobile sera difficilement résistible. Cette compagnie basée à Hong Kong, réaliserait ainsi la plus grosse acquisition chinoise à l’étranger. Millicom international cellular, s’est installé au Sénégal en 1999, en créant Sentel, la deuxième société de téléphonie mobile après Alizé, filiale de la Sonatel. Au total, 18 opérateurs de téléphonie mobile commercialisent la marque Tigo dans 17 pays, dont sept en Afrique, y compris le Sénégal. Selon les prévisions rendues publiques au moment du lancement de la nouvelle marque commerciale en novembre, Tigo qui comptait 700 000 abonnés en novembre 2005, contre 500 000 en juin de la même année, espérait atteindre le million d’abonnés en juin 2006. Les Sénégalais commenceront-ils à dire " ni hao " ou bonjour en chinois ? Si l’offre publique d’achat de China Mobile sur Millicom aboutit, la Chine verrait du coup sa présence renforcée, après une percée spectaculaire dans le secteur du Btp notamment. La capitalisme asiatique semble désormais entrer dans une nouvelle ère faite de grosses conquêtes qui ne manquent pas de soulever de vagues en Occident, peu disposée apparemment à subir une tel phénomène. La récente offre de Mittal Steel, une entreprise indienne, sur Arcelor, le premier groupe sidérurgique européen, n’a pas été sans créer beaucoup de résistance. Mais, après plus de cinq mois de batailles juridiques et boursières, force est restée au capitalisme et à ses lois. Arcelor a été finalement obligée de s’ouvrir, le week-end dernier, à cette entreprise venue des bords du Ganje Au Sénégal, la plupart des travaux d’infrastructures (autoroute à péage, échangeurs, Grand théâtre, etc.) portent, depuis peu, la marque chinoise après seulement moins d’un an de rétablissement des relations diplomatiques. La récente visite du président sénégalais en Chine, après celle de Macky Sall, il y a deux mois, n’est que le prélude à ce qui pourrait une conquête sans précédent de secteurs de l’économie sénégalaise par l’Empire du Milieu. Wait and see les péripéties qui seront celles de l’offre chinoise.

(Source : Nettali, 28 juin 2006)