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Tanzanie : une cotisation "exorbitante" menace la blogosphère

samedi 14 avril 2018

Environ 750 euros, c’est ce que coûte désormais l’enregistrement obligatoire d’un blog en Tanzanie. Un prix exorbitant à l’échelle de ce pays d’Afrique de l’Est, dénoncent les blogueurs qui dénoncent la volonté du gouvernement de museler toute voix dissidente.

"La simple création d’une plateforme représente plusieurs mois de salaire pour un blogueur" tanzanien, regrette Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières (RSF), dans une déclaration envoyée à l’AFP. Et d’ironiser : "les autorités tanzaniennes voudraient faire disparaître la blogosphère du pays qu’elles ne s’y prendraient pas autrement".

"Le climat de peur et d’autocensure qui touchait déjà les médias traditionnels gagne désormais la presse en ligne, où de nombreux journalistes avaient trouvé refuge", ajoute-t-il, estimant que l’entrée en vigueur de cette loi à la mi-mars est une "nouvelle étape franchie par le président John Magufuli pour museler la presse".

Le nouveau règlement prévoit l’enregistrement auprès de l’autorité de régulation des communications de plateformes telles que les blogs, les sites d’information ou les sites de streaming de chaînes de télévision ou de radio, moyennant des cotisations diverses. Mais les blogs, dont la définition dans la loi semble être très large, sont les plus menacés.

Le dépôt d’une demande d’enregistrement d’un blog coûte 100.000 shillings tanzaniens (36 euros). Si celle-ci est approuvée, les autorités réclament 1 million de shillings (360 euros) pour l’obtention de la licence, à renouveler tous les trois ans, ainsi qu’un autre million à payer chaque année pour les frais d’opération.

Le coût initial de l’ouverture d’un tel site est donc de 2.100.000 shillings, soit 750 euros.

"C’est beaucoup trop d’argent dans un pays où même les médias traditionnels font difficilement vivre ceux qui y travaillent", regrette le blogueur tanzanien Mika Ndaba. "Pire encore, la licence peut être retirée si vous publiez des informations qui ne plaisent pas aux autorités".

La nouvelle loi prévoit par ailleurs une amende pouvant aller jusqu’à 5 millions de shillings (1.800 euros) et/ou un minimum de 12 mois de prison en cas de publication en ligne de "contenus indécents, obscènes, appelant à la haine, extrêmement violents", ou de contenus "incitant au crime ou menant au désordre public", notamment.

Journaux fermés

Depuis sa prise de fonctions fin 2015, le président John Magufuli s’est démarqué par un style peu consensuel, et en se montrant inflexible dans la lutte contre la corruption.

Mais il est également très critiqué par l’opposition et les organisations de défense des droits de l’Homme pour l’espace de plus en plus restreint accordé à la liberté d’expression.

Des meetings de partis d’opposition ont été interdits, des responsables d’opposition arrêtés et poursuivis, des journaux fermés, et des journalistes et artistes molestés ou menacés de mort, après avoir critiqué la nouvelle administration. En 2016, une loi exigeant l’enregistrement des journalistes avait été vue comme une restriction de la liberté d’expression.

Officiellement, le gouvernement a justifié la loi entrée en vigueur à la mi-mars en expliquant que les réseaux sociaux et les blogs contribuent à la "décadence morale", et constituent parfois un danger pour la sécurité nationale.

Mais pour Maxence Melo, fondateur du blog Jamii Media, un des plus influents du pays, et déjà poursuivi pour avoir refusé de divulguer à la police l’identité de certains intervenants ayant critiqué les autorités sur son blog, "l’objectif du gouvernement est de se débarrasser des sites déjà jugés critiques".

Il souligne à cet égard qu’une demande de licence ne garantit pas qu’elle soit délivrée.

Fataliste, Frantz Mwantepele, secrétaire général du Réseau des blogueurs tanzaniens (TBN), estime que l’entrée en vigueur de ce texte mènera à la fermeture de très nombreux blogs tanzaniens.

"Les frais que nous sommes supposés payer pour les demandes de licences et les opérations annuelles dépassent de loin les revenus de beaucoup de blogueurs", a-t-il soutenu lors d’un échange public sur le nouveau texte, le 6 avril à Dar es Salaam.

Mike Mushi, qui travaille pour Jamii Media, s’insurge lui contre ces frais réclamés alors que le gouvernement n’est selon lui pas le propriétaire de l’internet en tant que canal de diffusion. "Nous savons que le gouvernement est le propriétaire des fréquences sur lesquelles émettent les radios et télévisions, mais le gouvernement est-il propriétaire de l’internet ?"

AFP

(Source : TV5 Monde, 14 avril 2018)

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