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Studio Pictoon au Sénégal : L’Afrique dans ses dessins animés

samedi 23 mai 2009

Pictoon est la première et la seule société de production de dessins animés africaine. Créés en 1998 à Dakar, par le Camerounais Pierre Sauvalle, les studios emploient 60 à 80 personnes toutes formées sur place. Kabongo le Griot, leur première grande production, affiche une volonté de vendre le savoir-faire et la culture africaine.

Pictoon fait moins rêver et a un succès moins éclatant que le célèbre studio de bande dessinée Disney. Mais, il fait son petit bonhomme de chemin en Afrique où il tente d’offrir les héros du continent au monde. Par le biais des dessins animés. Au bout d’une route poussiéreuse en plein cœur de Yoff, un quartier populaire de Dakar, un chemin de sable conduit à une villa modeste de couleur blanche et de deux étages. Il ne s’agit pourtant pas d’une école, mais du siège de Pictoon, premier studio de dessins animés d’Afrique. Regard d’acier et oreilles bouchés par des casques, Adama Badiane contemple les dessins sur une table lumineuse en cette période de vacances. Le jeune stagiaire de l’entreprise est à l’école de la bande dessinée depuis quelques mois. Une passion qu’il tente de vivre avec cette offre de formation du studio Pictoon. « J’adore ce travail et c’est grâce à Pictoon que je réussis à l’intégrer. C’est un rêve et une passion » savoure le bonhomme. Et aussi, un moyen de promotion de la culture africaine.

Le studio Pictoon est un moyen d’expression et de vulgarisation des héros africains inconnus sur les télévisions internationales. C’est justement le sacerdoce de ce premier studio installé en Afrique. Comme ce premier long métrage de 13 épisodes. Le griot Kabongo, co-produit par Canal France International, et son compagnon, le petit singe Golo, parcourt le monde à la recherche d’un élève à qui Kabongo pourrait transmettre son art de conteur. La quête de Kabongo sert de prétexte à nous entraîner dans de multiples mésaventures, tout en nous faisant voyager dans l’univers magique des mythes et légendes du monde entier. Dans chaque épisode, Kabongo et Golo font halte dans une contrée différente (France, Maroc, Mexique, Sahara, Moyen Orient, Grand Nord) où le griot nous présente un conte local. « Notre actuelle série de dessin animé, Kabongo le Griot, est un concept tout à fait africain. Kabongo voyage à travers le monde à la recherche d’un disciple à qui enseigner son art. Sa manière de voir et de raconter le monde est assez ludique et très imagée. C’est en cela qu’elle est universelle. Le griot est plus qu’un simple conteur, il est capable d’aborder les événements par le biais de la pensée. C’est la force de la connaissance et de la sagesse » décrypte Pierre Sauvalle.

En cette matinée, les rayons du soleil incendient complètement les Almadies plongés dans son silence habituel et surmontés par les balcons princiers. L’immeuble maculé, aux baies vitrées, abrite le second studio de Pictoon. Teint clair, dreadlocks au vent, Pierre Sauvalle dans un body noir, est justement le fondateur de cette société de bande dessinée en Afrique. Ce Franco-camerounais, africain optimiste, a voulu à travers cette initiative vulgariser les propres productions africaines et les vendre en Europe, en Asie et en Amérique. Et l’expérience dans des boites de production française l’a poussé à retourner dans le berceau après les études à l’Ecole des beaux arts de Paris et les Gobelins pour promouvoir l’immense potentiel culturel du continent. « J’ai fait mes études en France. Les Beaux-Arts, puis les Gobelins. « J’ai travaillé huit ans dans des boîtes de production en France. Mais j’ai toujours voulu retourner en Afrique et participer à ce qu’elle développe ses propres productions. Il faut simplement que nous arrivions à nous ouvrir à l’international. Pour vendre des productions aux Etats-Unis, au Japon ou en France, il ne faut pas que nous soyons hermétiques, nous devons avoir des messages universels » explique-t-il.

Le constat est unanime : l’énorme succès mondial de Krikou, un jeune héros africain, constitue parfait exemple de paradoxe au sein duquel surnage la culture africaine. Le défi de Pictoon est de tenter de réduire cette fracture et permettre à l’Afrique de s’offrir et de se connaître soi-même. « Notre richesse culturelle et notre imaginaire sont toute une part d’évasion dont la jeunesse a besoin. Quand on regarde le succès planétaire de Kirikou (réalisé par un Français, ndlr) ou du Roi Lion - qui est d’ailleurs le dessin animé qui a rapporté le plus aux studios Disney - c’est assez révélateur. Il faut que nous sachions vendre notre culture ou d’autres s’en chargeront à notre place » avertit-il. Pour un projet aussi lourd, il fallait se jeter à l’eau pour matérialiser cette ambition sur les terres africaines en investissant près de 300.000 Euro sur fonds propres « en attendant de faire des preuves et trouver des synergies pour soutenir ensuite le projet, de nouveaux partenaires producteurs, distributeurs et financiers. »

Afro-optimiste

Le Directeur de Pictoonn, en compagnie de son associée Aida Ndiaye, a très tôt compris l’enjeu stratégique et surtout financier de l’industrie de la bande dessinée sur le monde. L’exemple de la Corée du Nord, dont 50% des devises sont issues du dessin animé et dispose de 500 et 1 000 studios, est un parfait cas d’école pour ce diplômé de l’Ecole nationale des beaux arts de Paris. « Les séries européennes ou américaines sont toutes fabriquées en Asie, là où le coût de la main d’oeuvre est peu élevé. Il faut que les Africains comprennent que le potentiel de l’industrie du dessin animé est colossal. D’autant qu’un dessin animé, avec tout le marchandising qu’il y a à côté, reste un produit à très forte valeur ajoutée » prévient le Franco-camerounais. Pour l’instant, le chiffre d’affaires est encore modeste, mais l’entreprise travaille avec une centaine de dessinateurs et emploie une trentaine et parfois une cinquantaine de collaborateurs réguliers. La rémunération des dessinateurs de Pictoon est fonction de leur productivité. « Un bon mois, ils peuvent gagner jusqu’à 1 million de francs CFA. C’est une belle réussite pour des jeunes souvent sortis du système scolaire sans qualification », insiste le patron de Pictoon. Ces jeunes, une véritable main d’œuvre, ont du bénéficier de formations « grâce à Pictoon » parce qu’il s’était aventuré sur un terrain vierge avec l’inexistence de compétences locales. Le Studio de formation de la société a permis à plus de deux cents jeunes de se familiariser aux techniques des dessins animés. « Il fallait former tous ces jeunes parce que le terrain était vide. C’était un des défis qu’il fallait relever » savoure-t-il. Il lui reste à relever le défi de la post-production (la bande son) « parce que nous n’avons pas de personnes formées aux techniques de bruitage et de studio de post production en Afrique de l’ouest. »

Après 11 ans d’existence, Pictoon a fait son bonhomme de chemin en arrivant à bouleverser certaines habitudes sénégalaises en produisant des clips, fictions et des films et des animés pédagogiques. Les commandes proviennent de télévisions africaines et européennes, de maisons de disques, d’institutions publiques et d’organisations internationales comme l’Unicef. « Beaucoup de dessins animés européens sont fabriqués en Asie. Pourquoi l’Afrique n’aurait-elle pas aussi sa chance ? Les autorités ont compris que cela constituait un vecteur idéal pour faire passer des messages sanitaires : la lutte contre le paludisme, le sida ou le choléra », explique Pierre Sauvalle, qui réalise toutes ses productions en Français, en Anglais et en Wolof. Comme un symbole à son attachement au Sénégal ? Dès le départ, le directeur de Pictoon a compris que le Sénégal est un « hub culturel » et la richesse culturelle du pays est « énorme. » L’environnement économique du pays a pesé durement sur la balance au moment de faire le choix entre l’Afrique du Sud, le Ghana et le Sénégal. « Comme c’est un programme d’envergure internationale, il fallait faire un bon choix. Cela étonne toujours les Africains et les Européens quand on leur explique que nous avons réalisé ça sur le continent noir Et comme en Afrique du Sud, la monnaie était très forte, j’ai pensé que Dakar pouvait être un bon choix et il l’est » sourit-il. Même si les désagréments ne manquent pas de ralentir la productivité de son studio avec les fréquents délestages. « Depuis toujours j’avais ce rêve : être le premier à réaliser des dessins animés en Afrique. Je ne dis pas que c’est facile.

Ici, les fréquentes coupures d’électricité nous obligent à renouveler notre parc informatique tous les ans, mais c’est important qu’il existe un regard africain sur le monde » dit-il. Le Mondial d’Afrique du Sud de 2010 est justement un excellent prétexte pour Pictoon de fournir un autre long métrage sur le football africain et faire connaître ses héros des terrains gazonnés.

Bocar Sakho

(Source : La Gazette, 23 mai 2009)

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