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Sommet de l’information : La solidarité numérique divise

mardi 7 octobre 2003

Le Sénégal propose la création d’un fonds alimenté par des contributions volontaires de l’industrie, des Etats et des consommateurs du Nord pour inclure pleinement les pays du Sud dans la communication mondialisée. Les modalités d’application sont encore floues mais l’idée permet au Sud de dénoncer la multiplication d’objectifs ambitieux sans argent pour les financer.

Le président sénégalais Abdoulaye Wade est connu pour son sens poussé de la formule… sans que les actes suivent, ajoutent ses détracteurs. Pourtant, le fonds de solidarité numérique proposé en février par le chef d’Etat africain a refait puissamment surface en septembre à Genève, lors du troisième comité de préparation au Sommet mondial sur la société de l’information (Smsi) qui se tiendra en décembre en Suisse. Une manière de riposter aux projets mirifiques que les gouvernements alignent actuellement pour combler le « fossé numérique », entre 2005 et 2015. Sans préciser nulle part d’où viendront les milliards de dollars nécessaires à la constitution d’un réseau hertzien desservant 100 % de la population du globe et à la connexion de tous les villages, hôpitaux, centres de santé, universités, écoles secondaires et primaires du monde.

Pour l’instant, les poids lourds du Nord et les géants de l’industrie informatique et des télécommunications se contentent de hausser les épaules devant le projet sénégalais : ce nouveau fonds est inutile et impossible à mettre en œuvre selon eux. Mais beaucoup de pays du Sud ont déjà adopté l’idée, dont le premier mérite est de susciter le ralliement du Sud en vue d’un Sommet de l’information qui risque de tourner en rond.

Abdoulaye Wade, chantre du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad), n’a certainement pas apprécié l’accueil poli mais discret réservé en février à son initiative. La délégation sénégalaise a donc mis le paquet en septembre à Genève. « Ils sont déchaînés. Ils doivent absolument ramener des résultats à Dakar », relevaient quelques observateurs goguenards dans les couloirs de la conférence. Conférences de presse, interventions en plénière, présentation aux Ong de la société civile, rencontres biltatérales avec les représentants des Etats-Unis, de l’Union européenne, du Japon, de la Suisse comme pays hôte : les Sénégalais ont défendu leur projet bec et ongles. Et les résultats ont suivi : « Le principe de solidarité numérique a été accepté et sauf revirement spectaculaire, il va figurer en très bonne place au cœur de la Déclaration de principe du Smsi », annonçait le 19 septembre Mamadou Diop Decroix, ministre sénégalais de la Communication.

Pas d’accord

Toutefois, pour l’heure, tout ce qui évoque un agenda de la solidarité économique, sans parler précisément du fonds, est placé entre parenthèses dans les textes du Sommet, ce qui signifie qu’il n’y a pas d’accord définitif.

Les adversaires d’un nouveau fonds ont tout de suite parlé d’une taxe Tobin sur les télécommunications. Cet impôt infinitésimal sur chaque transaction financière sert régulièrement d’épouvantail depuis trois décennies dans les débats sur le financement du développement. L’ensemble des pays riches y voit une utopie tiers-mondiste inapplicable techniquement. La comparaison entre les deux projets s’arrête cependant à leur ambition car les contributions au fonds numérique sont, elles, volontaires : elles pourraient venir des fabricants d’ordinateurs, des concepteurs de logiciels, des opérateurs télécoms (1 centime par communication) ou simplement des consommateurs individuels prêts à verser 1 dollar supplémentaire lors de l’achat de leur équipement. Il est encore difficile de préciser comment organiser et contrôler cette grande récolte. Le ministre sénégalais de la Communication a promis que son gouvernement allait rapidement demander une vaste étude de faisabilité pour y voir plus clair.

L’industrie informatique et des télécoms ne veut pas en entendre parler. L’Union européenne et le Japon y sont également opposés : ils estiment qu’une réorganisation des mécanismes de financement du développement suffira mais tout le monde peine à les croire. La Suisse a fait une contre-proposition : elle souhaite la mise en place de stratégies nationales cohérentes du Sud en matière de communication, à même d’attirer les investissements privés et la bienveillance de donateurs étrangers.

Qui gère les fonds ?

Quant aux Etats-Unis, ils feraient preuve d’une « neutralité positive » selon Mamadou Diop Decroix. Ils butent principalement sur la gestion de ce fonds par une fondation. Les Sénégalais ont imaginé un dispositif avec trois représentants par continent - un d’un gouvernement, un du secteur privé, un autre de la société civile - agréés par le secrétaire général de l’Onu. Solutions de repli : une gestion directe par l’Union internationale des télécommunications ou par le groupe de travail de l’Onu sur les technologies de l’information et de la communication (ICT Taskforce). Beaucoup d’observateurs se demandent quels seront les critères géographiques d’attribution des recettes. Ils craignent d’avance une incontrôlable foire d’empoigne. Quant aux nombreuses Ong très actives autour du Sommet, elles soutiennent totalement cette approche de solidarité, tout en demandant une gestion transparente et des coûts d’administration aussi bas que possibles. Elles souhaitent également que l’argent n’aille pas seulement aux infrastructures et aux nouvelles technologies, mais qu’il appuie aussi les efforts dans l’éducation de base.

L’initiative sénégalaise a par contre reçu un soutien unanime sur le continent africain, et important dans le monde arabe, en Amérique latine et dans quelques pays d’Asie. Au moment où la diplomatie multilatérale est au plus bas, après le ras-le-bol de Cancun où le Sud a fait bloc, le fonds de solidarité numérique pourrait bien être le symbole de ralliement des pays du Sud lors du Smsi.

Fabrice Boulé

(Source : SYFIA Octobre 2003)

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