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Sénégal : Facebook, blog,... Quel crédit accorder à l’information ?

lundi 11 septembre 2017

Grâce aux technologies de l’information et de la communication, on assiste à une fluidité dans la circulation de l’information. Mais le défi qui se pose est la vérification de l’information avant sa publication pour lui donner une crédibilité.

La « Webosphère » s’est encore distinguée sur l’affaire Assane Diouf du nom de cet activiste sénégalais qui s’est fait remarquer à travers ses insultes sur internet depuis les Etats-Unis. « Urgent : Assane Diouf est arrivé à Dakar. Il a été cueilli par des éléments de la Bip (Brigade d’intervention polyvalente) », partage un internaute. « Assane Diouf a fait faux bonds, il a été transféré dans une autre prison dans l’Etat de Louisiane », poste un autre sur sa page Facebook.

Dans ce texte, Dakar24.sn informe que cette information est confirmée par la cellule chargée de la défense d’Assane Diouf. L’information est publiée à 3h30mn dans la nuit du mardi au mercredi 30 août 2017. Selon son auteur, c’est son avocat basé aux Etats-Unis qui a réussi à empêcher son expulsion à Dakar. L’article est partagé à plusieurs reprises par des internautes. Le même site sur le réseau social Facebook ajoute que la femme d’Assane Diouf a démenti l’information sur sa déportation.

L’affaire Assane Diouf repose encore le débat sur la crédibilité de l’information à l’ère des technologies de l’information et de la communication (Tic). Aujourd’hui, une manne d’informations, les unes plus sensationnelles que les autres, circule chaque jour sur les réseaux sociaux et les sites internet. Cependant la course au scoop est l’ennemi numéro 1 dans cette concurrence, analyse le journaliste Jean Meissa Diop. D’après l’ancien du groupe Walfadjri, le hic concernant l’information avec les nouvelles technologies est le « problème de l’accès aux sources » et le « défi de la vérification ».

« C’est très difficile de vérifier certaines informations par internet. Autant il y a une circulation plus facile de l’information autant la vérification pose beaucoup de problèmes. Le journaliste qui a son information se jette sur sa machine et la publie sans vérification. La vérification est très difficile et elle nécessite beaucoup de précautions professionnelles et de retenue », souligne le membre du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra).

En effet, le journaliste-chroniqueur se rappelle de la situation confuse en Gambie au lendemain de l’élection présidentielle de décembre 2016. L’ancien président gambien Yaya Jammeh qui a régné pendant plus de 20 ans dans ce pays a été défait à l’issue de cette élection par le candidat de l’opposition Adama Barrow. Yaya Jammeh qui avait, d’abord, reconnu sa défaite, a finalement fait volte-face quelques jours après.

Ce qui avait fini d’installer une crise dans ce pays. Au Sénégal, cette crise a été fortement relayée par les médias et surtout les réseaux sociaux quand il a fallu déployer les forces de défense et de sécurité de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) pour chasser du pouvoir Yaya Jammeh et permettre au président démocratiquement élu de s’installer.

« A l’époque de la crise en Gambie, il y avait tellement d’informations qui circulaient. Chacun s’était trouvé une vocation de journaliste », se rappelle Jean Meissa Diop. Ces informations à profusion sur la crise politique en Gambie, Jean Meissa Diop en a même parlé dans une de ses chroniques au journal EnQuête intitulée : « Leçons de la couverture médiatique de la crise gambienne ». « Que ne nous a-t-on pas annoncé ? Que Yahya Jammeh l’autocrate de Banjul, qui a peur de lui-même et de ce que l’avenir lui réserve, est dans un vol à destination de Conakry sa ville d’exil, tantôt il serait dans l’avion pour la Mauritanie pendant que tel autre site d’informations relayé sur le réseau social Facebook annonce que les négociations sont en cours à Banjul même.

Ne parlons pas de la situation militaire sur le terrain dont on ne savait plus si c’était en Gambie ou au Sénégal. Les troupes de la Cedeao ont-elles franchi la frontière ? Sont-elles en Gambie ? Y a-t-il eu échanges de tirs entre les Jambaars et les Atikas du Mfdc, soutiens "ethnicistes", imprudents et à tout craint de Jammeh ? », avait rappelé le journaliste dans sa chronique.

La recherche du sensationnel

Son constat est que ce sujet est « la preuve que l’abondance des moyens d’information, leur pluralité (et même leur pluralisme) n’est pas gage d’une information exacte ». « On en a beaucoup appris surtout à travers les réseaux sociaux, mais aussi par la presse que le journalisme citoyen qualifie, avec un brin de sarcasme et de goguenardise, de "classique", classique par ses outils, ses procédures, ses supports et même ses personnels », ajoute-t-il. Dans le traitement de la crise gambienne, Jean Meissa Diop note que ces nouveaux médias se sont surtout préoccupés « du sensationnalisme, de l’intéressant que du vrai et vérifié ». « L’ère de l’internet est celui de la démocratisation de la diffusion de l’information et ça vient concurrencer les journalistes sur leur propre terrain et sur leur profession qui n’est plus leur chasse gardée. Mais le journaliste traite l’information selon des techniques et en se conformant à une éthique et à une déontologie qui ne semblent pas préoccuper les nouveaux journalistes », dit Jean Meissa Diop dans sa tribune : « Leçons de la couverture médiatique de la crise gambienne ». Pour le journaliste-formateur, le souci du journaliste professionnel est « l’information exacte, l’information intéressante ». Ce qui, dit-il, n’est pas le souci de tout le monde.

Le souci de la vérification

Cependant, le journaliste-bloggeur Papa Ismaïla Dieng ne partage pas totalement cet avis de Jean Meissa Diop. D’après le web journaliste, les journalistes 2.0 respectent les outils de collecte, de traitement et de vérification de l’information. Il précise, toutefois, que tous ceux qui interviennent sur les réseaux sociaux ne sont pas des web journalistes. Comme internet amène aujourd’hui la fluidité dans la circulation de l’information, on peut y trouver de la bonne information comme de la fausse information. Si aujourd’hui il existe au Sénégal des journalistes 2.0 qui ont « une audience » et sont suivis par des milliers d’internautes, ajoute M. Dieng, c’est à force de publier des informations vraies et vérifiées. En prenant son exemple, Papa Ismaïla Dieng rappelle que lors des dernières élections législatives, il a reçu beaucoup d’informations sur des problèmes notés dans des bureaux de vote à l’intérieur du pays. Mais toutes les informations qu’il a eu à publier, c’est après vérification en appelant d’autres sources contradictoires qui sont sur place. « A 95%, je cherche toujours à vérifier une information avant de la publier », se confie Papa Ismaïla Dieng. Cependant, il souligne que quand un bloggeur fait du live-tweet, il n’a pas besoin de vérifier l’information parce que c’est comme le journaliste d’une radio ou d’une télévision qui est en direct à l’antenne.

Par contre, M. Dieng renseigne qu’il arrive des moments où le journaliste bloggeur fait face à un dilemme. Il donne l’exemple de l’affaire Assane Diouf, l’activiste sénégalais expulsé des Etats-Unis. Le journal L’Observateur avait annoncé son expulsion. Mais, le canard a été très vite démenti par le correspondant de la Radio futurs (Rfm) médias basé aux Etats-Unis, Baba Aïdara. Face à ces deux informations totalement contradictoires et difficiles à vérifier, explique Papa Ismaïla Dieng, les gens étaient perdus. Ce qui fait lui dire que les tares des journalistes sur le net sont les mêmes que ceux qui sont dans la presse classique parce qu’il arrive, dit-il, que 3 ou 4 quotidiens de la place publient des informations contradictoires. Pour lui, internet vient juste amplifier ce phénomène.

Jean Meissa Diop, Journaliste-Chroniqueur : « Les règles de collecte, de traitement et de vérification ne vont jamais changer »

Le journaliste Jean Meissa Diop renseigne que les outils de travail du journaliste peuvent être nouveaux mais les règles et les procédures sont immuables. « Les règles de collecte, de traitement et de vérification ne vont jamais changer », dit-il. Le journaliste, du moment qu’il prétend exercer cette profession, ajoute le journaliste-chroniqueur, doit se conformer aux règles de la profession : l’éthique et la déontologie. « Il n’y a pas de journaliste sans son éthique et sa déontologie. On ne peut pas être journaliste et rejeter ce que le journaliste défend : ses prescriptions morales, ses prescriptions réglementaires... Soit on est journaliste ou on ne l’est pas. On ne peut pas s’affranchir de sa déontologie, des procédures et techniques de recueil de l’information et de sa vérification », ajoute-t-il. Les deux critères qui définissent l’information, conclut-il, doivent toujours être son « exactitude » et son « intérêt ».

Aliou Ngamby Ndiaye

(Source : Le Soleil, 11 septembre 2017)

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