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Samba Koïta, Directeur technique et Babacar Cissé Directeur des ressources humaines Tigo : ‘’Dans le cas du Niger, beaucoup de choses ont été dites…’’

lundi 8 juin 2015

Deux responsables de Tigo pour apporter des précisions sur le projet d’externalisation. L’un s’appelle Samba Koïta, c’est le directeur technique. L’autre, Babacar Cissé, est le directeur des ressources humaines. Dans cette interview croisée, chacun répond en fonction de son domaine. Ils reviennent sur les raisons du projet, le refus des travailleurs de rejoindre Ericsson et la position de l’Etat du Sénégal.

Vous avez un projet d’externalisation de votre réseau. Pourquoi une telle décision ?

Samba Koïta : Nous avons vu ces dernières années dans le secteur des télécommunications qu’il y a eu beaucoup de changements. L’un des points les plus importants est l’arrivée d’internet à travers plusieurs technologies comme la 2G, la 3G et la 4G sur laquelle nous avons eu à faire des tests. En plus maintenant de cette diversification de toutes ces technologies, nous avons aussi de nouveaux produits que nous voulons développer, tels que les produits financiers à travers le mobile. Donc, nous créons une sorte d’écosystème qui permettrait à l’ensemble de nos abonnés de pouvoir bénéficier de services de plus en plus différents. Donc, Tigo veut à ce jour se re-concentrer sur son cœur de métier, en travaillant avec un équipementier performant pour une meilleure qualité de réseau.

Qu’apportez-vous aux consommateurs ?

S. K : Nous apportons aux consommateurs un réseau fiable beaucoup plus élargi. Nous allons aussi nous concentrer sur l’innovation pour leur donner des produits et des services de qualité.

Et là, vous avez choisi Ericsson comme partenaire. Expliquez-nous pourquoi Ericsson ?

S. K : Notre maison-mère a eu à faire un appel d’offres international. Il y a eu six pays en Afrique qui ont été concernés par le projet. Parmi ces six, il y a eu trois qui ont eu à travailler avec Ericsson et trois autres avec un autre équipementier.

Le projet vise un transfert de 91 travailleurs. Comment ça se fait ?

Babacar Cissé : Il s’agit d’activités qui font partie de notre département technique et que nous allons confier à Ericsson. Les personnes qui avaient en charge ces différentes activités suivent ce mouvement de transfert. C’est ce qui explique que ces personnes-là soient transférées vers Ericsson.

S. K : pour compléter, nous avons donc décidé que l’aspect opérationnel de notre réseau, à savoir le déploiement et le planning, va rejoindre l’équipementier. Nous disons que nous voulons nous concentrer sur la planification stratégique. Nous sommes toujours maîtres de notre budget. Nous avons aussi la propriété de nos équipements. Ce qui veut dire que nous mettons juste une structure pour contrôler la bonne exécution de la marche de notre réseau. Et en plus de ça, nous sommes toujours responsables, face aux autorités, sur la qualité du réseau.

Il y a un problème cependant, c’est que les travailleurs ne veulent pas partir. Comment avez-vous apprécié cette position ?

B. C : Pour ce qui est des travailleurs, je dirai que ce n’est pas parce qu’il y a ces problèmes-là que nous allons ignorer la difficulté qu’il y a en matière de changement. En matière de changement, les personnes peuvent être réticentes pour diverses raisons. Par rapport à ce différend, c’est quelque chose de tout à fait naturel. Quand il y a changement, les gens se posent des questions. Et parfois, avant qu’ils ne parviennent même à comprendre, ils ont tendance à se radicaliser. Comment ça va se faire ? Précisons d’abord que ce n’est pas le premier pays.

Ici en Afrique, Milicom met en place cette procédure de transfert. Dans cinq sur les six pays où Milicom est présent ici en Afrique, la procédure est en vigueur. Le Sénégal est le dernier pays. Les travailleurs vont être transférés avec les mêmes types de contrats. Des contrats à durée indéterminée. Les mêmes avantages qu’ils ont ici à Tigo ou même plus favorables. Ils y vont également avec l’ancienneté qu’ils ont à Tigo. A ce niveau-là, si je parle en terme courant, je peux dire qu’au change, il n’y a pas de perte d’avantages, d’ancienneté ou de qualité de contrat qui doit être minoré à ce niveau. Et en plus de cela, Ericsson a prévu pour ceux qui vont le rejoindre un mois de bonus comme bienvenue.

Vous avez dit tout à l’heure que Tigo reste le propriétaire de ses équipements. Pourquoi ne pas rester en même temps l’employeur de ses travailleurs ?

S. K : C’est une bonne question. Maintenant, la réponse est la suivante. Nous voulons rester propriétaire des équipements. Nous allons rester propriétaire de notre planification, mais l’aspect opérationnel, c’est l’équipementier qui sait le faire mieux que nous. L’aspect opérationnel va se dérouler en trois étapes. La première étape est la gestion des ressources humaines. Quand on dit gestion des ressources humaines, c’est plus en termes de formation. Les travailleurs auront la possibilité d’avoir beaucoup plus de formation, afin d’être à jour au niveau technologique afin de maintenir le réseau au meilleur possible. Les opérateurs ont toujours un budget limité de formation par rapport à un équipementier.

Le deuxième point est que les équipementiers ont des processus et des outils de travail qui sont beaucoup plus éprouvés que ceux des opérateurs. Aujourd’hui, nous sommes au Sénégal, nous sommes aussi dans cinq autres pays en Afrique, mais Ericsson est partout dans le monde. Ce sont ces trois aspects-là qui font qu’il est important qu’on puisse de façon stratégique aller vers une organisation qui puisse nous permettre d’avoir une transparence technologique. Cette transparence-là va permettre à nos abonnés de pouvoir mieux cibler notre réseau.

Les travailleurs s’appuient sur deux exemples au Niger : Moov et Airtel, pour montrer les risques de licenciement. Là, après six mois pour l’un et un an pour l’autre, il y a eu des licenciements. Il s’y ajoute que quoi qu’on puisse dire, les internationalisations sont quand même liées à des pertes d’emplois partout dans le monde.

S. K : Tout d’abord, il est important de signaler une chose : le Sénégal n’est pas le Niger. Le deuxième point est que, dans le cas du Niger, beaucoup de choses ont été dites. Mais, la réalité est la suivante. Au Niger, il y a eu un premier cas. Après externalisation, il y a eu une partie du travail que l’opérateur a demandé à reprendre. En reprenant ce travail, l’opérateur a demandé de ne pas reprendre ce personnel. Pour le deuxième point, Ericsson a eu à faire une délocalisation des emplois du Niger. Maintenant, l’ensemble de ces deux points-là ont été pris en compte.

C’est important de préciser que nous sommes passés par un processus par lequel, pendant deux semaines, nous sommes assis sous l’autorité du directeur des télécommunications et le directeur de travail afin de trouver un protocole d’accord. Dans ce protocole, les points qui sont à notre niveau essentiels sont les points qui portaient sur l’emploi. Parmi ces points-là, c’est qu’il n’y a pas de délocalisation. L’ensemble des fonctions qui ont été transférées va continuer à exister dans le pays. Le deuxième point est qu’en cas de rupture, l’ensemble de ce personnel va être repris par Tigo. Si Tigo veut reprendre l’activité pour le confier à un autre opérateur, nous allons faire le transfert avec ces personnes qui, en plus de conserver leur travail, conserveront les avantages qu’ils ont et leur ancienneté.

B. C : Il faut ajouter également que Milicom n’a pas d’opérations au Niger. Ce n’était pas donc avec nous.

Oui, ce n’est pas avec Milicom, mais c’était un exemple de votre partenaire.

S. K : D’accord, mais nous avons expliqué en quoi c’est très différent des autres cas au Niger. Ce qui est important pour nous, c’est la sauvegarde des emplois. C’est pourquoi dans le contrat et les différents protocoles que nous avons eu à signer, aussi bien avec Ericsson que l’Etat du Sénégal, nous avons pris en compte cela.

B. C : Je ne sais pas dans leurs assertions s’ils ont fait état des différentes sessions de conciliation qui ont eu lieu, aussi bien à la direction des télécoms que de la direction générale du travail, puisqu’il y avait un encadrement de ces deux directions de l’Etat pour pouvoir nous aider dans le cadre des négociations que nous avons eu à faire avec le comité des délégués. Dans un premier temps, ils avaient parlé de la sécurisation et de la protection des emplois, suite à ces différentes sessions de négociations. Cela a été scellé. Il y a eu des Pv de conciliation, même si c’est partiel, parce qu’il y avait d’autres points encore en suspens. Mais, on s’est entendus sur ça. Ça a été complètement et définitivement réglé. C’est par la suite qu’il y a eu un glissement vers une demande d’accompagnement financier. Et cette demande, nous étions en train de l’analyser avec eux pour trouver un accord définitif.

Vous avez envoyé une lettre aux travailleurs qui comportait une date limite au-delà de laquelle les travailleurs risquaient de perdre leurs emplois. Est-ce que vous maintenez toujours cette position ?

B. C : Par rapport à cette date, c’est un projet. Dans tout projet, il y a une date de début et une date de fin. A un moment donné, dans le cadre de ces négociations, ils ont voulu remettre en cause l’intégralité des dates qui ont été fixées pour ce projet. Et à chaque fois, ils demandaient à ce qu’on recule les dates. Je pense qu’en matière de négociations, certes il faut tout faire pour avoir un climat d’ensemble qui puisse permettre aux uns et aux autres de négocier en toute sérénité.

Mais, à un moment donné, il faut être ferme, parce que ça coûte du temps et de l’argent ; c’est aussi de l’énergie et autant d’attente, parce qu’on parlait tout à l’heure de qualité de service et du réseau. Donc, quand nous avons commencé, nous avions dit que nous allions commencer avec Ericsson, le 1er mai. Et effectivement, nous avons commencé le 1er mai. Et Ericsson a commencé. Jusqu’à présent, on continue de parler de 91 employés, mais sur les 91, il y en a 13 qui ont déjà commencé avec Ericsson et qui sont contents d’être chez Ericsson. Maintenant, pour ces 78 employés qui restent, on avait demandé à ce qu’à la date du 24 avril, les gens puissent commencer. C’était pour qu’ils puissent bénéficier de ce package qui avait été prévu pour ceux qui devaient être transférés.

On leur a dit qu’au-delà de cette date du 24 avril, ceux qui n’auront pas accepté de rejoindre Ericsson pourraient y aller par la suite, mais ne bénéficieront plus de ce package. Néanmoins, ils vont continuer à travailler normalement à la société, à la date du 4 avril. Donc, ils n’ont jamais été inquiétés à ce propos. Mais, il y a une date butoir à laquelle Ericsson devrait prendre l’intégralité des activités qui lui ont été transférées. Et à cette date-là, ces positions n’existeront plus à l’intérieur de la société.

Quelle est cette date ?

B. C : C’est la date du premier juin.

Il paraît que l’Etat du Sénégal est réticent et vous a demandé de surseoir à cette mesure. Qu’en est-il ?

B. C : C’est tout à fait normal. L’Etat veut préserver des emplois. Mais quand on parle de l’Etat du Sénégal, nous avons dit que nous avons eu des négociations encadrées par la direction du travail et la sécurité sociale et la direction des télécoms. Et suite au Pv de conciliation partielle, ils nous ont demandé de dérouler sur les parties sur lesquelles nous avions un accord. Ça tourne autour de 70 à 75% des points discutés.

Et ils nous ont demandé de continuer à discuter en interne sur les points qui étaient en suspens. Si on regarde la mise en place du projet, et le fait de pouvoir procéder à la mise en place, ça fait partie des points qui ont été convenus et qu’il fallait nécessairement mettre en place. Si l’Etat était tout fait contre le projet de manière irrévocable, comme on en parle… Millicon, partout où elle est présente, respecte non seulement les autorités étatiques, gouvernementales, mais aussi les lois en vigueur.

S. K : Ce projet a été encadré par la direction du travail. Ce projet ne touche en rien à nos devoirs par rapport à l’Etat, par rapport au code des télécoms. Le point important pour l’Etat du Sénégal, c’est la sauvegarde des emplois. Même au pire des cas, s’il y avait des employés qui ne souhaiteraient pas rejoindre Ericsson, Tigo va s’engager en même temps qu’Ericsson pour qu’il y ait le même nombre de travailleurs recrutés. Dans le cadre de notre projet, Ericsson a besoin d’au moins 91 travailleurs. Et soit ces 91 employés sont disponibles, soit on les prend sur le marché local.

Babacar Wialne

(Source : L’Enquête, 8 juin 2015)

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