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Regard extérieur : Il faut sauver le ‘soldat’ Sonatel

vendredi 2 septembre 2011

Après la Sonacos, les Ics et la Senelec dans les premières années du pouvoir actuel, la Sonatel est en passe d’être la quatrième entreprise sénégalaise de grande dimension guettée par la déchéance, par le fait des autorités. Comme dans le merveilleux film de Spielberg sur le débarquement de Normandie, après la mort des trois frères, le quatrième est en danger. L’affaire de la surtaxe sur les appels téléphoniques entrants n’est pas seulement un ...appel de fonds d’un pouvoir en mal de fun rising, mais une menace à terme sur le fleuron sénégalais qui occupe aujourd’hui la première place de la cotation boursière de l’espace Uemoa. Il y a onze ans, ce sont de tels coups de boutoir du pouvoir politique qui avaient plongé la Sonacos dans une spirale de dégringolade qui l’a conduite à son état actuel. C’est-à-dire une entreprise morte de sa belle mort et dont la relique juteuse, la Suneor, est aujourd’hui aux mains de l’homme d’affaires Abbas Jaber, proche de Karim Wade, le fiston à piston. La Sonacos ainsi enterrée était aussi une des premières entreprises de la Brvm. Comme la Sonatel aujourd’hui.

Contre toutes les études sérieuses, en contradiction avec toutes les oppositions argumentées, en dépit des résultats désastreux d’une telle mesure dans d’autres pays, le pouvoir d’Abdoulaye Wade a signé le 24 août 2011 le décret instituant un nouveau barème de taxation des appels téléphoniques à partir de l’étranger. Plus clairement, tous ceux qui prennent leurs téléphones pour passer des appels au Sénégal vont payer beaucoup plus cher. Composante la plus importante en nombre de ces personnes : les Sénégalais de la diaspora, qu’ils soient en Afrique ou ailleurs dans le monde. Cette catégorie de nos concitoyens envoie annuellement quelque 600 milliards de francs, à travers des transferts d’argent par lesquels ils entretiennent leurs familles et contribuent ainsi à préserver l’apaisement du climat social dans un contexte de pauvreté généralisée. 600 milliards ! C’est aussi le chiffre d’affaires consolidé de la Sonatel pour l’année 2011, avec un bénéfice de 184 milliards de Fcfa. Un tel pactole dans une ambiance d’impécuniosité d’un pouvoir décidé à sortir de gros moyens financiers, a de quoi tenter plus d’un candidat...

Dans une recherche effrénée d’argent, le pouvoir devenu ‘taxe-tout’ (comme Géo trouve-tout, le personnage de la bande dessinée), veut pressuriser encore plus nos concitoyens d’ici et d’ailleurs. Selon le nouveau décret, la nouvelle taxe appliquée est de 141,035 Fcfa par minute sur les communications téléphoniques internationales entrant au Sénégal. Sur cette nouvelle taxe, l’Etat a décidé d’empocher 49,20 Fcfa sur le réseau mobile et 75,45 Fcfa sur le fixe.

Explication : à partir de l’application de ce décret, pour chaque coup de fil passé au Sénégal à partir de l’étranger, l’Etat empoche 49 F par minute d’une communication de portable à portable, et plus de 75 Fcfa par minute de fixe à fixe... Des chiffres astronomiques au vu des dizaines de millions d’échanges téléphoniques entre le Sénégal et l’étranger.

Quelle est la première conséquence de cela ? C’est que les opérateurs étrangers qui entretiennent le trafic avec le Sénégal vont lui appliquer la réciprocité : ils vont instaurer de nouvelles taxes pour tous les appels en provenance de notre pays. Nous allons payer plus cher pour téléphoner. Second maillon de cette chaîne de conséquences : à partir de l’application de ce décret, tous les appels téléphoniques du et en provenance du Sénégal étant plus chers, on assistera à une baisse drastique du trafic...Ce qui sera le début du déclin de la Sonatel. Comme hier les Ics, la Sonacos et le Sénégal victimes de choix louches et incohérents.

Le moins important dans cette affaire n’est pas la question autour de la destination de l’argent généré par ces nouvelles taxes. Le décret prescrit l’affectation à l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) de ce qui est appelé ‘quote-part de l’Etat’. Certes, on évoque des projets généreux dont on dit qu’ils seront financés par ce nouvel impôt qui ne porte pas son nom. Un fonds de l’habitat pour les émigrés (les premières victimes), constructions de cases des tout-petits, mise en place de cyber-cases, achats d’ordinateurs... Tout cela serait tellement crédible si l’on avait été éclairé sur la destination des 17 milliards générés par l’application pendant trois mois d’un décret similaire...

A moins de six mois de l’élection présidentielle, il est difficile de ne pas ranger cette affaire des surtaxes sur les appels téléphoniques dans le cadre général de recherche de fonds d’un pouvoir qui en a de gros besoins. La création d’une nouvelle société de nettoiement au détriment de la mairie de Dakar comme le surenchérissement du coût du téléphone nourrissent de forts soupçons sur la mise en place d’un stratagème de financement d’une campagne électorale par un appel de fonds généralisé. Laissera-t-on un pouvoir politique perdre au pays ses bijoux de familles, un à un ?

La Sonatel est aujourd’hui dans la position du dernier soldat Ryan dont la famille a perdu les trois autres au combat. Il faut sauver Ryan Sonatel.

Abou Abel Thiam, Journaliste

(Source : Wal Fadjri, 2 septembre 2011)

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