En ce début novembre, l’annonce vient de tomber en France : l’opérateur Orange lance sa propre banque. Après l’Hexagone, Orange compte attaquer les marchés belge et espagnol. Quel enseignement peut-on tirer de cette évolution ? Analyse.
Le paiement par téléphone mobile est-il une nouveauté ?
Nous avons déjà évoqué dans nos publications les paiements que l’on peut effectuer grâce aux téléphones mobiles. En Afrique, ces paiements se généralisent. En effet, ces pays sont sous-bancarisés et faute de réseaux téléphoniques fixes suffisamment développés, les téléphones mobiles sont très répandus. Le nombre de ces téléphones est d’ailleurs supérieur à celui des comptes en banque. On constate une évolution similaire dans les pays asiatiques émergents. Dans ces pays africains et asiatiques, les opérateurs de téléphonie mobile ont donc investi le domaine des banques en commençant par les paiements pour suivre ensuite avec les prêts. Il est désormais habituel pour des millions de personnes d’utiliser leur téléphone pour payer leurs factures, transférer de l’argent, rembourser un microcrédit et ce, en envoyant un SMS. Ce moyen de paiement est considéré comme un moyen d’inclusion financière dans des pays où la population n’a souvent pas accès aux services bancaires traditionnels. Certains opérateurs permettent de convertir les sommes reçues de façon électronique en minutes de communication. Des opérateurs comme Orange (avec Orange Money) ou Vodafone (avec M-Pesa) captent la majorité des flux bancaires en Afrique sub-saharienne et au Kenya grâce aux services bancaires offerts à travers la téléphonie mobile.
Qu’en est-il dans les pays occidentaux ?
Dans les pays occidentaux, fortement bancarisés, ce développement est plus lent. La Banque Centrale européenne (BCE) a annoncé récemment l’instauration d’un registre paneuropéen de numéros de téléphone se raccrochant à des comptes bancaires. Les paiements entre citoyens européens seront ainsi fluidifiés quel que soit le pays de résidence des intervenants. Les opérateurs en téléphonie mobile ont-ils cependant un avenir bancaire dans les pays occidentaux ? Un des problèmes majeurs que rencontrent ces opérateurs est l’hétérogénéité du marché de la téléphonie et la forte bancarisation de la population occidentale. Certains opérateurs ont dès lors choisi de faire des partenariats avec des banques. « En entrant sur le marché bancaire, les opérateurs télécoms acceptent de perdre de l’argent. Le compte bancaire ne coûte rien mais ne rapporte rien non plus. Le seul produit sur lequel ils peuvent récupérer du chiffre d’affaires c’est le crédit », assure Stéphane Beyazian, analyste télécoms et média chez Raymond James dans le Journal du Net.
Cependant, ces opérateurs bénéficient d’un atout majeur : leur nombre de clients. La majorité de la population a un téléphone mobile mais ne bénéficie pas de tous les services bancaires et surtout pas tous de crédits. Les opérateurs en téléphonie mobile ont donc des atouts à faire valoir mais la concurrence sera rude et il faudra aussi que la confiance des clients bancaires s’installe pour qu’ils veuillent passer de leur banquier traditionnel à leur opérateur mobile. Cependant, la directive PSD2 va changer la donne et devrait faciliter l’intégration des opérateurs de téléphonie mobile dans le monde financier. Les concurrents des banques ne seront donc plus uniquement les autres banques mais aussi des acteurs qui offrent des services financiers.
Et pour les clients, à quoi faut-il être attentif ?
Les régulateurs veillent au grain et, pour offrir des services de paiement ou de crédits, des licences sont exigées. Il va également falloir sécuriser ces systèmes pour empêcher les fraudes. Se pose aussi la question du respect de la vie privée et du traitement de ces données. L’opérateur téléphonique aura accès à une masse considérable de données sur son client : localisation, appels, consultations des sites, achats, modes de consommation, crédits, salaires,… Centraliser à la fois ses appels, ses datas et son compte bancaire aux mains d’un même opérateur n’est donc pas sans risques. « En créant une banque, un opérateur télécom enferme un peu plus son client. Il crée un écosystème pour l’inciter à rester et ne pas filer chez le concurrent », estime Stéphane Beyazian, dans le Journal du Net. Au-delà des offres alléchantes, une analyse plus approfondie doit donc être menée par les utilisateurs.
Isabelle de Laminne
(Source : La libre, 8 novembre 2017)
Bande passante internationale : 172 Gbps
4 FAI (Orange, Arc Télécom, Waw Télécom et Africa Access)
19 266 179 abonnés Internet
Liaisons louées : 3971
Taux de pénétration des services Internet : 106,84%
3 opérateurs : Sonatel, Expresso et Saga Africa Holdings Limited
382 721 abonnés
336 817 résidentiels (88,01%)
45 904 professionnels (11,99%)
Taux de pénétration : 1,67%
3 opérateurs (Orange, Free et Expresso)
21 889 688 abonnés
Taux de pénétration : 123,34%
3 050 000 utilisateurs
Taux de pénétration : 17,4%
Facebook : 2 600 000
Facebook Messenger : 675 200
Instagram : 931 500
LinkedIn : 930 000
Twitter : 300 000