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Pourquoi un 4ème opérateur de téléphonie ?

mardi 19 mars 2013

Lors du conseil des ministres du 07/03/2013, le président de république du Sénégal a demandé à son 1er ministre de préparer un cahier de charge pour l’arrivée d’un quatrième opérateur de téléphonie mobile. D’après le rapport du tableau de bord du mois de septembre 2012 de l’ARTP (http://www.artpsenegal.net/telechar...), le taux de pénétration du marché de la téléphonie mobile est 89,49% de la population dont les part de marché par opérateur sont : 62,9% pour Orange, 24,3% pour Tigo et 12,8% pour Expresso.

Le revenu par client en Afrique (ARPU) est très faible et baisse depuis quelques années : Il est estimé entre 10-20$ en 2006, il est entre 5-8$ en 2009 (http://www.balancingact-africa.com/...) selon les pays. Cela est dû à la forte concurrence et à l’extension de la couverture réseau vers le zones rurales (généralement très pauvres en Afrique). PAS DE DONNEES sur le Sénégal dans le site de l’ARTP.

Dans un pays comme le Sénégal, il est important de regarder ce qui se passe à côté, autour de nous, dans les pays au profil à peu près similaire au nôtre et ce qui se passe chez nos références avant de faire ce genre de choix.

Tous les pays qui ont fait entrer un nouveau opérateur ont vu l’ARPU ( revenu moyen par client) diminuer. Ce qui est à priori une bonne chose pour les consommateurs. Ceci étant, qu’en est-il des capacités d’investissement des acteurs principaux des télécommunications et de l’emplois ?

En France, l’introduction du 4ème opérateur (Free) a entraîné une dépréciation de la valeur et des licenciements sans précédent chez Bouygues (865 postes supprimés) et SFR (1300 postes supprimés). Ceci n’est que les pertes directes d’emplois. Pas de chiffres pour FREE, quels sont les emplois créés par FREE ? Tout industriel est fier de montrer les emplois qu’il crée en ces temps de crises, surtout quand c’est 2000 en direct.

L’ARPU est passé de 24,1€ à 21,6€ en neuf mois de présence de FREE, soit plus 10% de baisse : http://www.arcep.fr/index.php?id=36 L’état est obligé de lever le pied sur la réglementation et de diminuer les taxes perçues, et le ministre du Redressement productif (Arnaud Montebourg) de dire que cette 4ème licence a été introduite sans prendre en compte l’impact sur l’emploi.

L’Angleterre, le 1er pays à avoir fait ce choix, était obligé de regarder la consolidation se faire avec de l’outsourcing et un mariage entre Tmobile et Orange qui a donné EE (EverythingEverywhere) et Idem entre Vodafone et O2. Ces joint-venture sont la solution à la survie de ces opérateurs dans ce pays. Ces actions permettent aux acteurs des télécoms de minimiser leurs investissements et de rationaliser leurs coûts, en d’autres termes, ils ne vont pas créer des emplois. Cela montre juste que l’ouverture d’un marché doit obéir à des règles bien plus profondes que la baisse des prix pour les consommateurs.

Les opérateurs les plus innovants et créateurs valeur se trouvent dans des pays qui ont au maximum 3 opérateurs ( USA, Chine, Japon). Ce sont ceux qui recrutent en période de crise tout en investissant massivement sur la 4G tout en influençant les choix de constructeurs de mobiles. Cela se voit, car en Europe les régulateurs sont confrontés à des problèmes de gestion des fréquences allouées en 2G particulièrement sur la bande 1800. Les américains utilisent cette bande pour faire la 4G et Apple a sorti l’Iphone 5 qui est compatible 4G sur cette bande, alors qu’en Europe celle-ci est utilisée en 2G. Les Anglais (EE) ont négocié pour introduire la 4G sur cette bande là et Bouygues vient d’avoir l’autorisation par l’ARCEP d’émettre sur cette bande en 4G à certaines conditions. Les opérateur européens font ça, pas par ce que les américains l’ont fait, mais plutôt parce que cela leur permettra de ne pas trop investir. Avec les fréquences 2G, la couverture est là et il faut juste changer quelques éléments réseaux. C’est beaucoup plus facile que déployer un nouveau réseau et surtout moins onéreux.

Tous les pays africains qui ont plus de 3 acteurs dans le mobile ( car le fixe est quasi inexistant) subissent les conséquences désastreuses de ces choix (Guinée, Niger, Côte d’Ivoire, RDC…). Au Kenya, l’introduction d’un 4ème acteur a fait baisser l’ARPU jusqu’à 2,67$ pour certains opérateurs en 2008. En Afrique, l’arrivée d’un 4ème acteur dans le mobile ne peut pas aider à donner une impulsion au développement économique. Cela permet souvent des opérations de blanchiment d’argent, déstabilisation négative du marché de l’emploi, et entraine immanquablement la mort des fleurons de l’industrie des télécommunications et une incapacité d’investir des acteurs présents sur le marché ce qui induit un service rendu de très mauvaise (LOW COST) qualité aux populations. Ce qui me pousse à me réflexion suivante : Dans lequel de ces pays attendons nous parler de déploiement 4G, de FTTH ou de VDSL ?

Pour un pays aussi pauvre que le nôtre, avec un marché très faible ( 10 891 625 utilisateurs, soit 89,49% de la population en septembre 2012), il faut plus consolider la réglementation et l’exigence de qualité avec des objectifs d’investissements des acteurs.

Les opérateurs ont des licences globales (fixe, mobile, WIMAX). Il faut une forte pression permanente pour qu’ils consentent à exploiter la totalité des droits et engagements stipulés dans leur licence.

Tout d’abord sur l’internet il n’y a que l’opérateur historique qui offre de l’ADSL, ce qui n’est pas normal. Que font les autres de la partie fixe de leur licence ?

La qualité de service est peu enviable pour tous les opérateurs au Sénégal. Quels sont les moyens mis en œuvres pour vérifier la qualité du service rendu, à part les n° verts ? C’est à se demander à quoi sert l’ARTP.

Pour le futur entrant dans le marché de télécoms au Sénégal, qu’il soit puissant (MTN, VODAFONE, ATT, NTTDOCOMO…) ou pas, il n’investira pas beaucoup d’argent pour un potentiel de 10 millions clients largement entamé par un opérateur historique bien assis (SONATEL).

Les alternatives qui se présentent à lui sont les suivantes :

- Une mutualisation avec un acteur présent (TIGO ou EXPRESSO) et attaquer sur les prix, ce qui va affaiblir tous les acteurs des télécommunications.
- Une négociation d’une possibilité d’un contrat d’itinérance avec un des acteurs déjà présent sur le marché. Il attaquera sur les prix.

Si ce contrat n’est pas encadré par le régulateur, il peut être un levier pour l’opérateur qui héberge le nouveau venu pour déstabiliser le marché à son avantage.

Quelle que soit l’option, ce serait un désastre pour l’économie du pays à moyen et long terme.

Il y a une question qui me vient à l’esprit, à quoi ça sert de se précipiter :

Il y a un litige sur l’octroi de la dernière licence (SUDATEL), Thierno Ousmane Sy est en prison pour des chefs d’accusation de corruption, de détournement de deniers public… S’il y a corruption, il y a forcément corrupteur. Qu’est ce qui est fait dans ce cas au corrupteur. Si la procédure abouti à la condamnation de Thierno Ousmane Sy et Cie, il faudra se poser la question de la régularité de la licence de SUDATEL. Cela va entrainer des négociations avec tout ce que cela comporte. Il y a aussi le passage à la télévision numérique dans 2 ans. Les dividendes de fréquences pourront être vendues à des prix très intéressants par l’état afin que les acteurs puissent faire du LTE (4G). Cela ne sera possible que si les acteurs sont assez puissant et bien assis financièrement, car ce déploiement demande des investissements lourds. Pourquoi le Président, Macky Sall, veut un 4ème opérateur. Il serait mieux inspirer de donner une impulsion à l’économie en élaborant une stratégie d’investissement. Mais ce n’est pas à lui de décider de l’arrivée d’un opérateur ou non, sinon à quoi sert l’ARTP encore une fois ?

L’état, à travers l’ARTP, veillerait scrupuleusement à l’application des engagements d’investissement avec une qualité de service définit en coordination avec les acteurs existants dans le monde des TIC au Sénégal. Je ne parle pas de couverture en pourcentage de Populations ou de Territoires mais de ressenti clients.

Si le Président, Macky Sall, veut faire mieux et différemment de son prédécesseur , il ne créera pas un FREE mobile comme en France ou un Cellcom comme en Guinée ni un Moove comme au Niger. Il gagnerait à consolider les acquis tout en inspirant le régulateur qui dépense des millions dans des campagnes de communication alors qu’il n’est même pas capable d’avoir un site qui donne des renseignements complets et à jour. Il ne faut pas déstabiliser l’écosystème des TIC au Sénégal pour le bonheur de quelques personnes, ce qui freinera forcement notre développement économiquement et accentuera notre gap numérique. SVP, Président, ne faites pas des bêtises que vous pouvez éviter.

Djibiril Lo

(Source : Dakar Actu, 19 mars 2013)

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INTERNET EN CHIFFRES

- Bande passante internationale : 172 Gbps
- 4 FAI (Orange, Arc Télécom, Waw Télécom et Africa Access)
- 19 266 179 abonnés Internet

  • 18 595 500 abonnés 2G+3G+4G (96,58%)
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  • 1162 abonnés aux 4 FAI
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- Liaisons louées : 3971

- Taux de pénétration des services Internet : 106,84%

(ARTP, 30 septembre 2023)

- Débit moyen de connexion mobile : 23, 10 Mbps
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(Ookla, 31 janvier 2023)


- 9 749 527 utilisateurs
- Taux de pénétration : 56,70%
(Internet World Stats 31 décembre 2021)


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(NIC Sénégal, décembre 2023)

TÉLÉPHONIE EN CHIFFRES


Téléphonie fixe

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- 382 721 abonnés
- 336 817 résidentiels (88,01%)
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- Taux de pénétration : 1,67%

(ARTP, 30 septembre 2023)

Téléphonie mobile

- 3 opérateurs (Orange, Free et Expresso)
- 21 889 688 abonnés
- Taux de pénétration : 123,34%

(ARTP, 30 septembre 2023)

FACEBOOK

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Taux de pénétration : 17,4%

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(Datareportal, Janvier 2023)

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