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Omar Cissé, un entrepreneur sénégalais très connecté

mercredi 13 septembre 2017

Sept ans après avoir créé l’un des incubateurs dakarois les plus en vue, le fondateur d’InTouch a réussi la plus grosse collecte de fonds ouest-africaine réalisée par une start-up.

L’opération réalisée fin juillet par le Dakarois Omar Cissé, et surtout son montant – un peu moins de 10 millions d’euros, selon nos informations –, peuvent paraître modestes. Mais la collecte de fonds de son entreprise InTouch est la plus importante jamais réalisée par une start-up en Afrique de l’Ouest, une région du continent où ces jeunes pousses ont du mal à attirer les investisseurs. Le groupe pétrolier français Total et le spécialiste des paiements électroniques Worldline ont annoncé leur entrée au capital de l’agrégateur de paiement sénégalais imaginé par cet entrepreneur de 40 ans.

Agrégés

L’aventure InTouch commence en janvier 2014 à Dakar  : Omar Cissé ouvre une petite boutique dans le quartier populaire des Parcelles-Assainies. Très vite, le businessman, père de quatre enfants, se trouve confronté aux affres de la démultiplication des solutions de paiement mobile. Car dans la capitale sénégalaise, comme ailleurs en Afrique, l’offre est pléthorique mais les services ne sont pas toujours interopérables, ce qui complique la vie des commerçants entre Expresso, Orange, Tigo, Wari, Western Union, MoneyGram…

« Comptez six ou sept opérateurs différents de mobile money et dix solutions de transfert d’argent. Pour un marchand, ce sont autant de téléphones différents. Nous n’arrivions pas à nous y retrouver », raconte Omar Cissé.

D’où l’idée de créer InTouch, mise en service en novembre 2015. Avec un principe simple  : un téléphone unique depuis lequel la plupart des paiements (monnaie électronique, cartes bancaires et cash) et des offres de services (abonnements à Canal+, paiement de factures d’eau et d’électricité, transfert d’argent, rechargement de cartes téléphoniques) peuvent être agrégés. La demande est au rendez-vous. À la mi-2017, la solution était en service dans 600 points de vente (boutiques, pharmacies…), dont 170 stations-service Total. Chaque jour, 30 000 transactions transitent par les serveurs ­d’InTouch, pour une valeur marchande de 600 000 euros.

Le chiffre d’affaires de la start-up, qui s’appuie sur une commission pour chaque opération, a atteint 1,3 million d’euros en 2016 et pourrait vite doubler ou tripler, grâce notamment à une expansion régionale rapide. Total et Worldline financeront en effet la première phase du déploiement de ce « guichet unique » au Burkina Faso, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Kenya, au Mali, au Maroc et en Guinée. Le groupe pétrolier ambitionne même de l’étendre dans trente autres pays d’Afrique et du Moyen­-Orient. De son côté, Omar Cissé espère ouvrir 5 000 points de vente en Afrique.

Informatique

Issu d’une grande fratrie de quinze enfants, Omar Cissé a pu s’appuyer sur trois de ses frères, Ahmet, Aboubacar et Ousmane, pour développer InTouch. Tous sont tombés dans le monde de l’informatique quand ils étaient petits  : leur père était directeur technique au sein du groupe français Bull. Bon élève, Omar parvient à intégrer l’École polytechnique de Dakar, où il se spécialise en conception informatique. Avant même d’en être diplômé, en 2000, il s’associe avec quelques camarades de promotion, développe des logiciels. Et décroche ses premiers contrats.

Il gagne même un appel à projets à 120 millions de F CFA (près de 183 000 euros) au profit des douanes. Mais celui-ci ne lui sera jamais réglé. En cause, un intermédiaire qui disparaîtra du jour au lendemain, dont Omar Cissé tait le nom – sa plainte en justice n’a en effet jamais abouti. « Entreprendre en Afrique est passionnant mais jamais simple », retient-il.

Teranga Capital enfin sur orbite

Annoncé en mars 2016, le fonds cocréé par Omar Cissé et le consultant belge Olivier Furdelle, au capital de 3,2 milliards de F CFA (4,9 millions d’euros), a passé un an à essuyer les plâtres. Mais Teranga Capital, partenaire d’Investisseurs & Partenaires (I&P), gestionnaire de fonds d’impacts dirigé par l’ancien patron de l’AFD Jean-Michel Severino, vient finalement de réaliser sa première prise de participation  : 200 millions de F CFA ont déjà été décaissés au capital de OuiCarry, une société qui propose à ses clients au Sénégal de passer commande sur les sites marchands et de se faire livrer à domicile. La société affirme que son ambition est de réaliser cinq à six investissements par an pour des montants allant de 75 000 à 300 000 euros.

Minutie

Il cofonde alors avec six camarades la société de services en ingénierie informatique 2SI. Si sa banque est impressionnée par les premiers résultats qu’il enregistre avec très peu de moyens, elle l’astreint tout de même à des tests draconiens avant de lui octroyer un prêt de 10 millions de F CFA, nécessaires à l’achat d’un groupe électrogène. Aujourd’hui, son entreprise compte 50 salariés dans le chic quartier Point E de Dakar et affiche 1,5 million d’euros de chiffre d’affaires annuel.

Une réussite que ses proches expliquent par sa minutie. « Beaucoup plus regardant qu’un manager lambda, il veut comprendre tous les aspects d’un dossier », assure Yann Le Beux, cofondateur de Yux Dakar, un de ses partenaires d’affaires. Quand, en 2010, il rejoint un projet de création d’un incubateur actif dans les nouvelles technologies porté par la Banque mondiale et Orange, le pari est loin d’être gagné.

« Il s’agissait de parvenir à un modèle autonome financièrement », se souvient-il. Mais rapidement il parvient à réunir autour de la table l’État, la Sonatel et l’Organisation des professionnels des technologies de l’information et de la communication et crée le premier incubateur des TIC en Afrique de l’Ouest, CTIC. Un solide réseau devenu une structure de référence dans un pays qu’il n’a jamais quitté « plus de trois semaines de suite », comme il le répète à l’envi.

Même s’il en est sorti en 2013 pour se consacrer au fonds d’amorçage Teranga Capital, il aura accompagné une partie des 75 poulains qui, en cinq ans, ont généré 3,5 milliards de F CFA de revenus. « À cette date, 73 % des charges de l’incubateur étaient couvertes sur fonds propres », dit-il. Toujours précis, Omar Cissé détaille volontiers ses chiffres. Excepté quand il s’agit de ses propres gains…

Benjamin Polle

(Source : Jeune Afrique, 13 septembre 2017)

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