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Ndiage Guèye président Asutic :‘’L’Artp doit faire la promotion de la portabilité’’

mercredi 2 octobre 2019

Si Orange est resté toujours premier dans le secteur de la téléphonie au Sénégal, ce n’est pas parce que l’opérateur historique est meilleur, mais que les autorités n’ont jamais créé les conditions d’une concurrence réelle. Avec l’arrivée de Free, le président de l’Association des usagers du tic (Asutic) demande au régulateur de faire la promotion de la portabilité pour montrer aux usagers qu’ils ont la possibilité de passer d’une compagnie à une autre en gardant le même numéro. Ndiaye Guèye veut aussi l’interdiction des illimix, contraire, selon lui, à la fluidité du marché.

Tigo Sénégal devient Free avec une offre de 800 heures d’appel et 20 Go pour 6 000 F Cfa par mois. Qu’est-ce que cette nouvelle donne peut changer pour les consommateurs ?

C’est la meilleure des offres que je n’ai jamais vu depuis 20 ans. Il y a l’offre d’Orange qui était de contrecarrer l’arrivée de Free avec 12 900 francs Cfa, elle donne 18 heures de connexion, 5 Go valable à 30 jours.

Mais cette offre de Free est de loin meilleure que l’offre d’Orange, parce que celle de Orange vous enferme dans son propre réseau. C’est une offre illimix, ça veut dire que c’est valable uniquement vers les numéros du même opérateur.

Aujourd’hui, le constat est que le Sénégalais, malgré les progrès dont on nous parle dans le secteur de télécommunication, ont d’énormes difficultés à accéder à une offre de qualité, à un prix abordable.

La raison de cette situation est que le marché sénégalais est un oligopole avec un opérateur dominant. Un oligopole est un marché dans lequel les acteurs n’ont aucune raison de se faire la concurrence, parce que tout simplement ils ont la garantie d’avoir des résultats substantiels, des résultats positifs. Donc, dans ce marché oligopole, on constate plutôt des offres alignées c’est-à-dire que les acteurs font les mêmes offres avec une petite différence mais c’est des offres alignées, les mêmes tarifs.

On sent un peu plus une animation concurrentielle dans les promotions mais les promotions ont pour objectif de rendre incompréhensibles les offres entre plusieurs opérateurs. Elles ont tendance à enfermer les consommateurs dans un même réseau ; ce qui veut dire qu’il n’y a pas de fluidité du marché. Donc aujourd’hui, ces offres de Tigo doivent être accompagnées par le régulateur qui doit travailler à créer les conditions d’une véritable concurrence qui ne saurait être déloyale entre les opérateurs.

Aujourd’hui, les acteurs prennent en otage les consommateurs. Il faut s’inscrire dans une dynamique de baisser les tarifs d’interconnexion pour permettre aux autres opérateurs comme Free de faire des offres qui sont à l’avantage des consommateurs.

Ensuite l’ARTP a déjà commencé à réguler les promotions, ce qui est une bonne initiative. Il faut dire que l’ARTP doit aller plus loin en interdisant les offres qui enferment les consommateurs dans un même réseau comme les offres illimix. Ça empêche complètement la fluidité du marché. Voila une deuxième mesure à prendre.

Troisième mesure à prendre pour créer cette véritable dynamique concurrentielle dans le marché, c’est la promotion de la portabilité. La portabilité a été lancée en 2015. Mais depuis, il y aucune action d’envergure pour que les Sénégalais comprennent ce qu’est la portabilité et son utilité. Aujourd’hui, beaucoup de Sénégalais ne peuvent pas profiter de cette offre de Free sans changer de numéro de téléphone.

Concrètement Comment se fait la portabilité ?

La portabilité consiste à changer d’opérateur tout en gardant le même numéro. C’est-à-dire on peut demain aller dans n’importe quelle agence de Free, utiliser le service de portabilité et s’abonner à cette offre exceptionnelle de Free. Le seul problème c’est qu’en faite, les Sénégalais sont habitués à acheter les illimix qui les enferment entre clients d’Orange dans un même réseau.

Aujourd’hui, on peut quitter Orange pour aller vers Tigo. Mais le problème est que rien ne va indiquer à votre interlocuteur que vous êtes à Tigo. Ça veut dire il n’y a pas un signal d’indicateur par opérateur. L’Artp doit travailler sur ça. Quand on appelle avec Orange, il doit y avoir un signal qui vous dit que ça c’est un numéro d’Orange.

Si vous appelez sur un Tigo, qu’il vous signale que c’est un numéro de Free. Parce que dans la portabilité, les préfixes ne permettent plus d’identifier les réseaux. Je m’explique : j’ai un numéro 77 je pars vers Free, mon numéro sera toujours 77.

Donc par rapport à cette nouvelle, l’Artp doit prendre la décision de créer une grande campagne sur la promotion de la portabilité afin que les Sénégalais sachent, c’est quoi la portabilité, comment l’utiliser. Que l’Artp travaille aussi à mettre en place ce que j’appelle un signal de transparence, c’est-à-dire la sonnerie qui indique l’opérateur, sachant qu’avec, les préfixes n’ont plus de valeur.

Mais est-ce que la portabilité suffit pour créer une vraie concurrence entre opérateurs ?

Pour aller dans le sens de la création de marché concurrentiel à l’avantage des utilisateurs, il faut créer véritablement un développement de l’écosystème numérique pour qu’il soit une opportunité de développement pour le Sénégal, par des prix bas et des produits de qualité. Il faut casser le monopole des opérateurs. A l’heure actuelle, il n’y a que trois opérateurs qui font semblant de faire la concurrence, qui prennent en otage les utilisateurs et qui prennent à leur profit la baisse des tarifs d’interconnexion de l’Artp.

Il faut faire venir un quatrième opérateur de classe mondiale. Je vous donne l’exemple de la France. Il n’y avait que trois opérateurs en France et pendant plus de dix ans, ils ont pris en otage les utilisateurs français, il était extrêmement difficile d’avoir des communications de qualité avec des tarifs abordables en France. La première solution que le régulateur français a mis en place, c’était d’amener des opérateurs virtuels (MVNO), comme on est en train de le faire au Sénégal.

Mais pendant sept à huit ans, on s’est rendu compte que ces (MVNO) ne peuvent pas participer à l’animation concrète du marché, parce qu’ils dépendaient des opérateurs classiques. Quand vous dépendez de quelqu’un, vous ne pouvez pas le concurrencer dans un même marché. C’est impossible ! Donc la solution adoptée par le Sénégal pour des MVNO ne va pas se ressentir sur ses utilisateurs en termes de tarifs, en termes de qualité de service. La seule solution est de faire venir un quatrième opérateur, comme la France, l’avait fait en 2011- 2012 avec l’arrivée de Free.

Le président Macky Sall avait demandé une étude sur la nécessité d’un quatrième opérateur. Mais depuis lors, il n’y a pas de suite…

C’était juste une annonce politique rangée dans les tiroirs depuis 2013.

Même si un quatrième opérateur arrive, comment assurer la concurrence si c’est Orange qui contrôle l’infrastructure ?

En France quand Free est arrivé, il n’avait pas de réseau. Le régulateur français a trouvé une solution pour qu’Orange héberge Free dans son réseau. Il y avait des offres d’itinérance qui ont permis à Free de se développer en France en utilisant le réseau d’Orange. Cette clause appartient à l’Etat. C’est au régulateur (Artp, Ndlr) de créer véritablement les conditions d’une concurrence saine et loyale au profit des utilisateurs sénégalais.

Free a la réputation de casseur de prix. Pensez-vous qu’il aura les moyens de sa politique au Sénégal ?

Quelle que soit la volonté de Free, son dynamisme, s’il n’y a pas un accompagnement dans la régulation, Free ne pourra plus continuer et va s’aligner. Depuis plus de 20 ans, Tigo et Expresso n’ont jamais réussi à bousculer Orange. C’est pas parce qu’Orange est meilleur, mais parce que les autorités n’ont jamais travaillé dans le sens de la création de conditions de concurrence saine et loyale. Quand on fait venir des opérateurs sans les accompagner, c’est le statu quo. Il faut par exemple une mesure salutaire consistant à interdire les offres illimix qui enferment les clients dans des réseaux d’Orange, et donc pas de fluidité du marché. Il faut offres entre tous les réseaux.

(Source : Seneweb, 2 octobre 2019)

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Téléphonie mobile

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