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Mouhamadou Mansour Faye, Recteur de l’Université virtuelle du Sénégal : « Notre dispositif va participer au retour des cerveaux »

mardi 3 juin 2014

La mise sur pied de l’Université virtuelle du Sénégal (Uvs) est l’une des directives phares du Conseil présidentiel sur la Concertation nationale sur l’avenir de l’Enseignement supérieur (Cnaes,) tenu au mois d’août 2013. A l’issue de ce Conseil, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche s’est engagé dans le pari de l’absorption de tous les bacheliers, en orientant 1895 d’entre eux, repartis dans 5 filières de Licence pour l’année académique 2013-2014. Tout est en place pour le démarrage des cours avec l’installation du réseau d’espaces numériques ouverts (Eno). Selon le Recteur de l’Uvs, l’étudiant doit considérer l’Université comme sa première entreprise. Et dans un pays où la connexion est une denrée rare, surtout dans les régions périphériques, le Professeur Mouhamadou Mansour Faye a fait remarquer que près de 90% des étudiants de l’Uvs sont à moins de 30km de leurs Eno. Ceci pour dire que les examens seront tenus dans des environnements contrôlés au niveau des Eno. En précisant que l’enseignant sera accompagné d’une équipe techno-pédagogue, il souligne en outre que l’Uvs participe au retour des cerveaux. Dans cet entretien, le Recteur nous fait voyager dans l’enseignement numérique, en immersion dans un secteur peu connu des Sénégalais.

Le Conseil présidentiel sur la Cnaes avait officialisé la création de l’Université virtuelle (Uvs) du Sénégal. Quels en sont les objectifs ?

L’Université virtuelle du Sénégal (Uvs) est une université comme toutes les autres universités publiques. C’est une réponse qui surprend beaucoup de monde. C’est parce qu’elle a été créée par un décret comme les autres universités. La seule différence, c’est que l’Université est numérique. La délivrance des enseignements s’appuie sur la technologie. Dans le processus du développement actuel de l’Uvs, nous nous situons sur un segment qui touche la formation initiale. C’est-à-dire les jeunes bacheliers qui sont pris en charge par l’Université virtuelle pourront recevoir des formations qualifiantes. A terme, nous comptons rapidement toucher les autres segments, notamment ceux concernés par la formation continue, les professionnels, dont ceux de la certification, des services à la communauté. Nous avons accueilli 600 étudiants en Sciences juridiques, 400 en Economie, 400 en Anglais, 400 en Sociologie, et 200 en Maths appliquées à l’Informatique.

Après l’orientation des 2 000 nouveaux bacheliers, où en est le démarrage des cours ?

Les cours ont démarré. Nous sommes dans une phase mixte. Déjà il faut expliquer la stratégie que nous avons adoptée. Si on avait d’entrée de jeu commencé par des cours au format numérique, on nous aurait reproché d’être entrain de mettre en place une université dans un pays qui, à priori, n’est pas encore prêt. C’est pourquoi nous avons mis en place une stratégie de déploiement. Les cours ont effectivement démarré depuis un bon bout de temps. La première chose que nous avons décidée c’est de mettre en place des cours qui vont jouer sur le développement des capacités de nos apprenants : les techniques d’expression, de développement, de leadership. C’était fondamental pour nous de mettre l’accent sur cette phase d’imprégnation. Nous sommes entrain de donner l’opportunité aux étudiants qui vont se retrouver sur la plateforme à travers des interfaces technologiques, de recevoir des cours de format présentiel. Nous voulons faire ressortir les richesses qui sont au cœur de l’étudiant. De lui faire comprendre qu’il a un certain niveau de responsabilité à assumer et qu’il doit considérer l’université comme sa première entreprise. Il va apprendre à élaborer un plan de carrière, à communiquer avec ses pairs et supérieurs. Il y avait beaucoup d’hypothèses : les étudiants n’ont pas d’ordinateurs et d’accès à l’Internet. C’était sans connaitre notre stratégie. Les étudiants apprennent à utiliser les ordinateurs. Je ne parle pas des usages profanes, se connecter entre autres sur Face book. Nous leur apprenons des usages d’apprentissages : maitriser les espaces numériques de travail, apprendre à naviguer dans les espaces. Une fois que l’étudiant aura été considéré bon pour le service alors il est prêt à engager la dernière étape : les cours de spécialités sur le format de l’enseignement à distance élaboré.

Toutes les commodités techniques sont-elles réunies pour le démarrage des cours de spécialités ?

Tout est en place pour le démarrage. Le concept mis en place est novateur et s’appuie sur un certain nombre de stratégies. La première chose est de bâtir une université numérique. La deuxième chose est de bâtir une université de proximité avec un ordinateur et avec l’Internet l’étudiant accède aux cours. C’est tout le sens des Espaces numériques ouverts (Eno). L’Université aurait pu se résumer en ordinateur, plus connexion pour chaque étudiant. Nous allons décider de rester dans le système classique du modèle des évaluations. Les examens seront tenus dans des environnements contrôlés au niveau des Eno. De ce point de vue, nous nous situons au même niveau que nos homologues des universités classiques. L’Eno est un espace au contact des communautés. L’Eno est une synapse où l’Uvs est en contact avec les communautés. Dans la phase actuelle du développement de l’Uvs, nous sommes sur 11 sites : de Podor à Kolda, de Guédiawaye à Diourbel. Sur chacun de ces sites l’Uvs est en place. Elle est entrain de se déployer. Toute une architecture devant lui permettre de jouer un rôle de moteur du développement est mise en place.

Comment se fera le cours par exemple pour l’étudiant se trouvant à 90 Km de l’Espace numérique ouvert ?

En quoi l’Uvs est une université de proximité ? L’étudiant de l’Uvs est un étudiant connecté. On en a parlé tout à l’heure. Vous avez dit qu’ils sont 2 000 étudiants à être orientés à l’Uvs. Ils sont présentement 1 895 inscrits. La question est toute simple. Quelle est la distance raisonnable à laquelle il faut placer l’Université de l’étudiant, en l’occurrence pour nous les Eno de l’étudiant ? Ça a été un gros casse-tête pour nous. Une équation que nous nous sommes évertués à résoudre. C’est ainsi que nous avons eu à éclater certains ENO initiaux pour créer d’autres Eno pour pouvoir se rapprocher encore des étudiants. En termes de statistique, près de 90% des étudiants de l’Uvs sont à moins de 30km de leurs Eno. C’est remarquable. Les autres sont situés un peu plus loin. Et l’Uvs a trouvé des stratégies de prises en charge et d’atténuation de ces gens-là. Ils seront dotés d’un ordinateur et d’une connexion, tout comme les autres étudiants de l’Uvs. Il y’a un environnement qui sera mis à leur disposition. La quasi-totalité des étudiants sont à moins de 30 km des Eno. Il y’a une planification qu’il faudra le moment venu découvrir. Il faut noter que nous n’avons pas d’étudiants à Kédougou, ni à Matam.

En quoi consiste cette stratégie d’atténuation dont vous parlez ? Et si l’étudiant qui est à 30 km de l’Eno, a cours à 8h, comment recevra-t-il son cours ?

Je ne vous répondrai pas. Vous allez voir ce que nous sommes entrain de dérouler. C’est la stratégie adoptée dès le départ. La question est comment on fait pour apprendre à l’Uvs.

Alors comment les cours seront délivrés à l’Uvs ?

Voilà on entre dans l’opérationnel. Qu’est ce qui fait la différence entre l’Uvs et les autres universités classiques. Pas grand-chose. Nous sommes dans un même modèle de référence. Nous sommes dans le modèle LMD (Licence-Master-Doctorant). Nos étudiants vont le faire dans les mêmes rigueurs de temps que les autres. Nous sommes dans le schéma de formation initiale. La formation n’est pas ouverte à l’Uvs. Dans les universités classiques, la livraison des enseignements se fait essentiellement en face-à-face. A l’Uvs, la livraison des cours se fera à travers la chaine technologique (le réseau et des ordinateurs). Mais nos cours sont médiatisés, reconditionnés, travaillés de manière à être délivrés à l’étudiant dans un format très digeste. C’est pourquoi chez nous, par exemple, l’enseignant n’est pas seul. Il est accompagné d’une équipe techno-pédagogue qui l’aide à mettre son cours sous une forme la plus apte à être digéré par l’étudiant. Anticiper sur les questionnements de l’étudiant pour lui donner le cours sous le meilleur format. Ce qui se passe nécessite un schéma, une animation, ils seront délivrés à l’étudiant. Tout ceci est un packaging.

Dans l’enseignement à distance, le système d’aide à l’apprenant est formalisé avec tous les moyens de communication. Dans un amphi de 2 000 étudiants, il y’a pas d’interaction entre l’étudiant et l’enseignant dans le cours présentiel, c’est mathématiquement impossible dans les universités classiques. Nous sommes entrain d’ailleurs de greffer dans les universités classiques des modalités à distance. C’est dans le cadre des contrats de performance (Cdp). Nous savons que ces modalités à distance apporteront de la plus value, de la qualité. Nous avons évalué dans nos universités d’origine que le tendon d’Achille du système est l’évaluation. Si vous vous retrouvez avec un amphi de 3 000 étudiants, vous avez la possibilité de faire les devoirs avec la fréquence recommandée, des examens partiels, non ? Par-là, vous avez un environnement technologique où les étudiants peuvent venir faire les devoirs dans l’Eno. C’est vous dire que le système d’évaluation est classique. L’évaluation se fera en présentiel. Les étudiants viendront dans l’Eno pour passer leurs examens.

Quels sont les professeurs qui vont délivrer les cours à l’Uvs ?

C’est un très long processus qui a démarré depuis des mois. Nous avons mis en place un concept assez original. Ce sont des cours dont les maquettes ont fait l’objet d’un travail sérieux. Il ne fallait pas créer des doublons. Il fallait procéder par une analyse de l’existant. Dans le cahier des charges que nous avons donné, les équipes qui ont travaillé justement sur l’élaboration de ces maquettes devaient mettre en avant un modèle dans lequel les compétences sont mises en avant. Nous sommes souvent dans un modèle de connaissance. Ici, nous sommes dans le cadre d’une Approche par compétence (Apc). Ce que nous avons demandé à ces dizaines d’enseignants qui ont travaillé avec nous, c’est d’être rejoint par ce qu’on appelle des tuteurs. Ils travaillent en pool avec ces techno-pédagogues. C’est pourquoi, certains d’entre nous disent quand est-ce que vous allez former les enseignants ? Les enseignants ont leur expertise matière. Pédagogiquement ils connaissent les objectifs fixés. Voilà ce qui nous intéresse. Le techno-pédagogue est capable de mettre en adéquation l’objectif pédagogique de l’enseignant avec l’outil technologique dont il dispose.

Y’a-t-il des techno-pédagogues au Sénégal ?

Heureusement. Il y’a ceux qui sont propres à l’Uvs et tout un réseau de techno-pédagogues qui travaillent à travers des contrats d’associations. C’est le cas des enseignants. Le ratio entre étudiants et enseignants n’est pas important. C’est l’une des forces de l’Uvs. Entre le moment où l’enseignant élabore le contenu et le moment de la délivrance, il y’a un décalage. Il y’a tous ces enseignants qui vont assurer le suivi. Ce sont des stratégies. Nous avons un noyau dur à l’instar des universités numériques. Ce sont les enseignants des universités publiques du Sénégal. Et d’ailleurs notre dispositif va participer au retour des cerveaux. Comment faut-il faire pour qu’un Sénégalais enseignant réputé brillant dans son domaine enseigne au Sénégal et fasse profiter son expertise à la jeunesse de notre pays ? Dans les schémas classiques, il faut qu’il se libère deux voire trois semaines, en plus de la prise en charge du billet d’avion et autres frais. Ce qui n’est pas évident. Nous à l’Uvs, avec le modèle que nous avons, faire travailler des têtes sénégalaises qui vont converger vers notre plateforme sera un jeu d’enfants. L’Uvs participe au retour des cerveaux. Nous ne nous sommes pas seulement arc-boutés sur le capital humain sénégalais, nous sommes ouverts. Nous avons chaque jour des requêtes pour demander à des collègues de l’étranger qui veulent travailler avec nous de se manifester.

A quand le fonctionnement effectif des Eno ?

Le fonctionnement des Eno entre dans un chronogramme. Nous avons bouclé les inscriptions et les cartes d’étudiants sont entrain d’être distribuées. La liste des étudiants boursiers sera bientôt publiée pour savoir qui est habilité à entrer dans le projet, « un étudiant, un ordinateur ». Les étudiants non boursiers vont aussi bénéficier de ce programme avec un système de paiement souple. C’est un processus à suivre. Le dernier étudiant est arrivé le 19 février. Il est impossible de commencer. Si j’avais commencé en janvier, j’aurais sacrifié les étudiants qui sont arrivés en janvier. Il fallait attendre les étudiants et dérouler la stratégie. C’est une phase d’initiative, de mise en condition. Le temps n’est pas important. Je suis dans un processus. Quand je ne maitrise pas tous les paramètres du « quand », je ne réponds pas, même si je peux délimiter arbitrairement ce « quand ». C’est le processus qui est important. Il faut que les étudiants régularisent leur situation et signent les formalités avec la Banque qui va les garantir. Nous avons ce niveau de responsabilités de prendre en charge tout le monde. Je peux garantir que durant l’année universitaire 2013-2014, les étudiants de l’Uvs feront leurs examens et les terminerons comme tout le monde. Ce que je garantis, c’est que c’est la première fois que nous allons avoir des générations d’étudiants qui non seulement vont avoir l’expertise matière (filières) mais aussi les TIC. Il ne faut pas se presser. Il faut laisser les spécialistes faire les choses selon l’ordonnancement que cela requiert. Les Eno seront interconnectés par le réseau de l’Adie.

Ibrahima Baldé

(Source : Sud Quotidien, 3 juin 2014)

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