Le Président de la République a profité de la tenue du conseil des ministres ce jeudi 14 juin 2017, pour rappeler au Gouvernement l’impératif d’assurer, dans toutes les structures publiques et parapubliques, une bonne conservation des archives, et d’asseoir l’appropriation et la mise en œuvre d’une stratégie nationale de modernisation de la gestion des archives, à travers l’implication des universitaires et autres professionnels du secteur.
Macky Sall a demandé aux ministres de « veiller à l’intensification de la numérisation des archives et documents administratifs, à la réalisation, dans les meilleurs délais, du Centre national des Archives, ainsi qu’au recrutement de professionnels, bibliothécaires et archivistes, pour assister les administrations ».
Ce enième appel est une réponse aux problèmes des questions soulevées dans le rapport 2015 de l’Inspection générale d’Etat qui signalait « la disparition de documents financiers et comptables et proposait d’aller vers la numérisation des archives ». En effet, dans ce document, « la conservation des documents financiers et comptables posait problème dans l’Administration sénégalaise ».
Le Vérificateur général, M. François Collin indiquait que « la mauvaise tenue des archives ou leur destruction peut être source de distraction de ressources financières de l’Etat et de perte, pour la Nation, d’un important patrimoine, matériel comme immatériel ».
La numérisation des archives plus que d’actualité
Dans un entretien accordé à l’équipe du Centre national de Documentation scientifique et technique (CNDST), la directrice des Archives du Sénégal Fatoumata Cissé Diarra évoquait la nécessité de la numérisation des archives nationales, mais soulevait des difficultés.
« Aujourd’hui, la numérisation se présente aux professionnels de l’information documentaire comme une opportunité permettant de gérer de façon plus ou moins efficiente les problèmes de conservation. Mes différents prédécesseurs ont élaboré des projets spécifiques de numérisation visant certains fonds et collections (Journaux Paris-Dakar, Dakar-Matin, Fonds Fédération du Mali, Fonds AOF, etc.), même s’ils n’ont pas trouvé financement auprès des bailleurs. Mais, il est illusoire, à l’heure actuelle, de raisonner en terme de projet global de numérisation de l’ensemble des fonds d’archives conservés aux Archives nationales, si l’on considère leur volumétrie et le manque de ressources du moment. Toutefois, aux Archives du Sénégal, cette technique répond à un souci de conservation préventive des originaux que l’on met en œuvre à chaque fois qu’on identifie des documents en état de détérioration » déclare Madame Diarra.
Avant d’ajouter « Pour ce qui me concerne, depuis des mois, je copilote avec mon homologue français, le projet « mémoire partagée » relatif à la numérisation du fonds d’archives de l’Afrique occidentale Française conservé à Dakar mais qui est en partage entre la France et les ex-colonies de l’AOF. C’est un élément du patrimoine inscrit au « Registre de la Mémoire du monde » de l’UNESCO. Sa numérisation permettra aux différentes parties prenantes de disposer de copies numériques et une mise en ligne pour un meilleur partage. Ce fonds est d’autant plus intéressant qu’il constitue une exception dans la tradition coloniale française où les archives ont toujours été rapatriées au moment de la décolonisation ».
Joe Marone
(Source : CIO Mag, 15 juin 2017)
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