Au Maroc, les réseaux sociaux se font l’écho, à leur manière, des événements qui secouent le nord-est du pays. À al-Hoceïma et dans les villes alentours, la colère gronde. Al Hirak, le mouvement de protestation pacifique réclamant des mesures sociales et des infrastructures connaît depuis plusieurs jours une vague d’arrestations. Après 7 mois de mouvement pacifique, des échauffourées ont éclaté, et les relations avec les forces de l’ordre se sont tendues depuis 15 jours et l’arrestation du leader de leur mouvement, Nasser Zefzafi.
Après bien des questions sur les motivations profondes du mouvement, les réseaux sociaux sont plutôt unanimes à saluer le caractère légitime des revendications socio-économique des habitants dans cette région déshéritée du Rif au Maroc. En revanche, le personnage de Nasser Zefzafi divise. Pour certains la cause de son interpellation, pour avoir interrompu le prêche d’un imam dans une mosquée, est intolérable.
Les réseaux sociaux, véritable force de frappe
La place des réseaux sociaux dans ce mouvement de protestation est centrale pour les militants qui retransmettent tous les soirs sur Facebook des directs des rassemblements quotidiens ces 15 derniers jours. Ils ont permis à l’opinion de se rendre compte de l’ampleur du mécontentement et de la mobilisation. Résultat, un mouvement de solidarité s’est créé dans le reste du pays, pour aboutir à une marche nationale d’une ampleur inégalée depuis 2011. Elle s’est déroulée à Rabat ce dimanche 12 juin. Elle a aussi été retransmise sur les réseaux sociaux qui sont in fine une véritable arme de communication pour le mouvement.
Communiquer via ces supports permet au mouvement de contrer les accusations de l’Etat à l’encontre de ses cadres aujourd’hui incarcérés à Casablanca. La justice marocaine les accuse d’incitation à la violence, mais aussi, et plus grave, d’atteinte à la sécurité de l’Etat. Les militants rétorquent qu’ils ne sont rien de tout cela. C’est aussi une tribune supplémentaire pour le décompte des arrestations. 86 selon les autorités, 130 selon les ONG.
Le gouvernement pris pour cible
Les membres du gouvernement, eux, sont les boucs émissaires des réseaux sociaux. Ils sont unanimement critiqués pour leur gestion estimée déplorable de la crise. Une délégation ministérielle dans la région est d’ailleurs en cours. « Les débiles sont à Al-Hoceima », s’indigne sur Twitter Abdulah Abaakil. Les ministres devraient négocier avec les détenus plutôt que de tenter une quelconque médiation. Car les militants l’assurent, le mouvement ne s’arrêtera pas tant que ceux qu’ils présentent comme leur détenus politiques, ne seront pas libérés.
Sara Doublier
(Source : RFI, 13 juin 2017)
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