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Le réveil des « guépards » (partie 1)

jeudi 18 décembre 2014

« J’ai dans les yeux les larmes de mon grand père et j’ai dans le ventre la rage et la colère j’ai dans la poitrine des battements de tambours et mes jambes ne pratiquent pas le demi tour une seule route existe à travers ce désert un seul souffle sur terre pour parler ou se taire »

Amazigh Kateb, Ma tribu

Je ne pouvais mieux débuter cette série d’article, que par ce beau chant. En effet, A. Kateb résume assez bien la situation de l’Afrique et comme il le dit si bien, « une seule route existe à travers ce désert », et cette voie est le chemin de l’entreprenariat.

Après donc, cette petite dose d’inspiration je vais m’atteler à la pédante besogne de déterminer le sens de ce terme, puis j’examinerai les entraves à l’entreprenariat ainsi que les raisons qui rendent l’entrepreneur africain réticent à la poursuite d’opportunités avant de conclure en analysant le biome dans lequel il doit évoluer.

Il est en effet très commode d’associer les mots entreprenariat et opportunité car le professeur Howard Stevenson, professeur a la Havard University nous propose la définition suivante : « Entreprendre, c’est poursuivre des opportunités sans se soucier des ressources disponibles », cette définition caractérise parfaitement bien ce que devrait être le« cheetah ».

Ce terme vulgarisé par l’économiste et érudit Ghanéen George Ayitteh signifie guépard en hindou, Le professeur désigne par ce vocable, cette nouvelle génération d’Africains qui veut conquérir l’univers et s’oppose sur tous les plans a la vielle garde.En effet, le professeur Ayitteh catalogue les élites Africaines en deux catégories :

Les « hippopotames »

« L’Afrique s’anime et coule en nous comme un fleuve, ou des chiens s’abreuvent et laissent leurs odeurs ».

Ces chiens par mesure de langage nous préféreront les appeler « hippopotames » que le professeur désigne comme cette espèce d’animal politique ou d’hommes d’affaires africains que nous avons héritées de la colonisation, ces gouvernants voraces sont grassouillets, ventripotent et tiennent d’une main de fer les affaires du continent depuis plus de 50 ans en contrôlant la majorité des richesses.

La tribu des « Cheetahs »

Toutes les personnes qui refusent de marcher au pas se reconnaîtront à travers les descriptions suivantes et appartiennent a la tribu des « cheetahs » que le professeur présente comme cette nouvelle lignée d’entrepreneurs ou d’hommes politiques africains qui ont comme particularité d’être belliqueux et acerbe, Ils sont dépeints comme prodigieux, instruit, non tolérant à la corruption, et sont surtout porteurs de projets a très fort portée, ils créent des PME dans le social, les tic’s, l’agrobusiness… Ou veulent bouleverser la marche du continent avec leurs start-up’s.

D’Accra à Dakar, ces « serials entrepreneurs » ont pour vision de sortir le continent des griffes de la pauvreté pour le faire passer a l’ère de l’abondance et sont prêts a se battre pour arriver a leurs fins, ils ont les crocs, mettent les mains dans le cambouis et ne se cachent pas de leurs ambitions de milliardaires de demain, très loin devant Dangote et Co.

Cependant si le tableau est séduisant, la mutation n’est pas encore parfaitement accomplie car l’inertie face aux opportunités caractérise encore l’entrepreneur africain qui n’a manifestement pas encore acquis toutes les qualités du félin auquel il s’identifie, il hésite à poursuivre les opportunités qui se présentent à lui, préférant le confort et la sécurité de l’emploi au chaos et à l’incertitude de l’entreprenariat.

« Le tigre ne proclame pas sa tigritude. Il bondit sur sa proie et la dévore »

Cette phrase de Wole Soyinka est un appel à l’action, elle s’applique très bien à notre génération et exhorte le « cheetah » à être batailleur, pugnace, et fourbe face à cet antagoniste, qui meuble les grands buildings de nos capitales.

Je parle bien des « hippopotames », ces politiques ou chefs d’entreprise de l’ère post-coloniale qui défendent férocement leur territoire, ils constituent l’un des plus importants adversaires que doit affronter le « cheetah » sur son périple vers le succès.

Il est donc définitivement temps de reconquérir notre continent, et pour cela le « cheetah » ne doit pas se sentir restreint par l’absence de ressources, mais doit manœuvrer subtilement pour transformer les contraintes en atouts.

En effet, il existe toujours une justification à l’inaction et les entrepreneurs en herbe, ont une propension à penser qu’ils ont besoins de gros capitaux, ou encore de cette grande idée qui va bouleverser le monde, ils vivent « le mythe Google », veulent réinventer la roue quand il suffit souvent de juste la pousser pour savoir dans quel direction elle va rouler.

Ils accordent trop de crédits aux idées, alors qu’elles importent peu, sinon il existerait un marché aux idées, ils ignorent que ce sont les leviers que l’on actionne pour transformer nos idées en opportunités, et ces opportunités en organisations à fort impact qui nous sortiront du dénuement.

En outre, un prétexte à l’oisiveté est l’évocation de la crise économique, alors que c’est pendant les périodes de vaches maigres et de récessions que se découvrent de nouvelles opportunités, car de nouveaux besoins émergent, et la concurrence tergiverse. Pour illustration, le marasme qui sévit en Occident à créer de nouveaux marchés pour le low-cost.

Lorsque le consommateur voit son pouvoir d’achat affaibli et préfère garder son argent, le bon entrepreneur saisi l’aubaine et l’assiste dans ce souhait en lui présentant des alternatives lui faisant économiser ses sous.

En plus de tout cela, le manque de capitaux force à la créativité, au lieu de jeter de l’argent par les fenêtres, l’entrepreneur devient frugal, il met en place des solutions efficaces sans épuiser ses fonds, il bricole.

Un bon exemple de frugalité, a été donné par M. Amadou Moctar Sow, lors de la cérémonie d’ouverture du GEW 2013, il a parlé de la manière par laquelle ils ont économisé 80 millions de FCFA, en bricolant un cylindre qui permettait de faire passer des bouteilles de petites tailles dans une machine qui était pourtant destinée a ne stériliser que de grandes bouteilles, l’astuce était de superposer deux petites bouteilles dans le cylindre, le stérilisateur les considéraient comme une seule grande bouteille et faisait ainsi son travail correctement.

Je ne suis donc, absolument pas d’accord avec ceux qui disent que l’abondance de fonds augmente les chances de réussite d’un entrepreneur et par conséquent, la situation économique et politique du continent n’est pas un indicateur valide des chances de réussites d’une entreprise, puisque L’Afrique vit une instabilité constante depuis la période des indépendances, et en dépit des guerres et des horreurs qui ont accompagné l’histoire du continent, le niveau global de vie ne cesse de s’améliorer et continuera à s’améliorer. La moyenne d’âge en Afrique est de 19 ans, le niveau d’instruction n’a jamais été aussi élevé et tous ces jeunes vont représenter une classe moyenne avec un pouvoir d’achat assez élevé, il est important de saisir les opportunités qui vont se créer grâce à ces nouvelles classes, surtout que la majorité de nos besoins les plus primitifs sont encore mal satisfaits.

Même le cadre familial est une gêne au rayonnement du « cheetah » puisque mes proches à qui je confie mes projets me font des réflexions du type « mais, tu sais bien qu’il faut de l’argent… Ou « tu devrais travailler quelques années, le temps de mettre des sous de côté » ou encore je perçois ce regard inquisiteur dans lequel je lis, « tu es fou ! » et les personnes pour lesquelles j’avais le plus d’estime par rapport à leur niveau intellectuel me déçoivent !Ce sont ces professeurs d’universités, banquiers, ou grands fonctionnaires… Qui vivent encore dans le modèle « école-diplômes-emploi-retraite », ils sont a classé parmi les « hippopotames », même s’ils ne sont pas méchants, ils sont tout à fait ignorant des réalités de notre génération et des enjeux en cours.

La quête d’opportunités inclut donc, un sens d’urgence et de temporalité, une opportunité est fugace et ne languit pas le temps que vous acheviez le business plan que vous rédigez depuis dix ans !

Relativement à l’écosystème dans lequel évolue le « cheetah », et avec le tintamarre autour de l’entreprenariat en Afrique, Il faut » ne jamais confondre action et mouvement » car il y’a beaucoup d’agitation, toutefois nous attendons que tout cela soit formalisé par la mise en place d’un écosystème avec des incubateurs et des ventures capitalists… a cet égard il est important de noter que beaucoup de grandes compagnies ont été incubées lorsqu’elles n’étaient que de petites start-up, une des plus connue est « Y Combinator », qui a donner naissance a plus 500 compagnies dont les plus célèbres sont : Scribd, reddit, Airbnb, Dropbox, Disqus.

J’ajouterai que je n’aime pas trop prendre exemple sur la Sillicon Valley car nous devons faire les choses différemment, je pense que nos incubateurs devraient mettre en avant l’aspect mentorship et formation sans bien sûr exclure le financement, la finalité étant de donner aux porteurs de projet des interlocuteurs à qui soumettre leurs idées.

« Dans ma nuit je prie, j’appelle les esprits, mes cris raisonnent, autour de moi tout est détruit »

C’est donc dans l’écho de ses appels à l’aide, le néant et la précarité que doit évoluer le « Cheetah », il fait face à d’innombrables défis et doit s’adapter à un environnement chaotique, des infrastructures insuffisantes, des marchés souvent imprévisibles, et la pandémie de la corruption. Pour triompher de cette hostilité, il doit être bien préparé en baignant constamment dans un écosystème qui stimule sa créativité et sa combativité.

Hélas, nul d’entre nous n’a été préparé à affronter la désillusion du milieu professionnel et la transition vers l’auto-emploi.

A suivre…

(Source : Rants of a lost Cheetah, 18 décembre 2014)

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