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« Le génie numérique, une chance pour la jeunesse Africaine »

samedi 8 août 2020

Le 30 juillet 2020 au campus de Sangmélima, le Directeur Général de la Cameroon Radio TeleVision (CRTV), Charles Ndongo, a fait une communication spéciale au cours de la conférence organisée à l’Université Inter-Etats Congo-Cameroun.

Il a profité de l’occasion pour adresser un message à la jeunesse africaine en général et cerner les enjeux du numérique dans un monde de plus en plus interconnecté et saisir les nombreuses opportunités qu’offre ce gigantesque univers de possibilités aux jeunes pour développer l’économie Africaine de demain qui se veut plus compétitive.

intégralité du discours du Directeur Général de la CRTV.

Mesdames et Messieurs, chers amis bonjour,

Mes touts premiers mots seront pour vous, M. le Professeur Marcel FOUDA NDJODO. Je vous dois un triple merci au moins : pour votre bel accueil ; votre bienveillance si touchante et, surtout, l’occasion que vous me donnez de découvrir le magnifique campus de l’Université INTER-ETATS Congo-Cameroun, site idéalement inspirant…

Je devrais davantage vous remercier pour le choix du thème de cette causerie : « Le génie numérique, une chance pour la jeunesse africaine ».

Dans cet intitulé, il y a en effet des mots forts qui suggèrent, orientent et interpellent. D’abord Le génie. Il renvoie à un don exceptionnel ; ensuite le numérique. Il est la traduction par excellence de la nouvelle intelligence. Une intelligence dite artificielle, mais que l’on voit effacer toutes les barrières, frontières et œillères, tout en élargissant à l’infini le champ de tous les possibles.

Et enfin la jeunesse. Eh bien, vous êtes les premiers, chers amis les jeunes, les premiers à vous être emparés de cette invention qui rime avec la fougue qui est consubstantielle, en même temps qu’elle nous projette tous, certains à pas forcés, d’autres à grandes enjambées vers cette modernité qui vous va comme souliers de cendrillon parce qu’elle rime avec votre impétuosité caractéristique.

Ainsi de mon modeste point de vue, le génie, le numérique et la jeunesse sont autant de lucioles dans le ciel de la mère Afrique, notre cher continent qui a tant donné à l’humanité et qui attend toujours la juste rétribution de tous ses sacrifices.

Ne vous y trompez pas : je ne suis pas un spécialiste du numérique, mais un simple observateur du cours des saisons qui, micro au point et une saine mais tenace curiosité chevillée au corps, a bénéficié de la grâce exceptionnelle de scruter le monde et ses soubresauts.

Quand on a eu la chance et, probablement un indéniable privilège, de voyager quasiment partout, de côtoyer nombre de grands hommes, c’est-à-dire en somme de lire dans l’immense livre de la Vie, et cela pendant quatre décennies, on peut s’autoriser à avoir voix au chapitre sur des sujets qui courent et qui comptent.

Monsieur le Professeur FOUDA NDJONDO, mon cher Marcel, chers étudiants bien aimés, vous me donnez aujourd’hui l’occasion de partager mon regard singulier de vieux briscard du journalisme sur ce phénomène de société qu’est le numérique et sur ses impacts protéiformes sur vous, bel échantillon de la jeunesse africaine.

Je vais y aller en trois mouvements. Le premier révise avec vous le numérique dans un bref rappel historique et une mise en contexte africain. Le deuxième souligne les dérives et les travers d’un outil pensé comme un saut qualitatif vers la liberté. La troisième articulation va esquisser quelques pistes d’opportunités à explorer par votre génération, la génération androïde pour ne pas rater le coche de la révolution numérique.

Aux origines d’internet

Vous connaissez plus que moi, les repères d’internet terme dérivé d’internetting , qu’on peut traduire par l’interconnexion des réseaux. Je ne vais donc pas m’étendre sur le sujet. Tout juste vais-je indiquer que la décennie 1970 a vu fusionner la recherche à outrance de l’innovation technologique au sein de l’armée américaine et ce besoin compulsif de partager des savoirs et d’accéder à une plus grande liberté. Cette dernière ambition est portée, assez curieusement, par des hackers, vous avez bien entendu, des hackers, des pirates informatiques. C’est ce qu’on appelle les ruses de l’histoire.

D’un côté la transmission des données rapides, de l’autre la construction d’un maillage de connexions reliées par les autoroutes de l’information et de la communication. Cette toile géante est un réseau constitué de plusieurs réseaux autonomes néanmoins soumis à un ensemble de protocole standardisés qui facilite les échanges via le courrier électronique, la messagerie instantanée, le pair-à-pair, le streaming, la téléconférence, le World Wide Web.

C’est d’ailleurs grâce au Web qu’internet va progressivement conquérir le monde à partir de 1990 et soumettre la Planète à son diktat et à sa vitesse infernale. Il n’y a plus d’existence en dehors de cette plate-forme. En janvier 2020, 5 milliards d’individus étaient connectés sur les 7,7 milliards d’habitants de notre Terre, soit 65% de l’humanité.

Ces 30 dernières années, l’évolution du numérique a été fulgurante. On est ainsi passé à une multitude de contenus et d’usages :

  • Le Web 1.0, purement contemplatif des années 90 avec ses pages Web reliées par des hyperliens
  • Le Web 2.0, collaboratif. Le Web social, comme on l’appelle, s’est généralisé avec les blogs, WhatsApp, twitter, Instagram, Facebook et les autres.
  • Le Web 3.0, sémantique. Il intègre par exemple des fonctions d’apprentissage à distance, le e-learning, le e-commerce et les autres activités qui nécessitent un partage de données et leur réutilisation entre plusieurs applications.
  • Le Web 4.0 donne aujourd’hui la possibilité de travailler avec des outils uniquement en ligne. C’est le Cloud computing ou l’informatique en nuages avec des capacités de mémoire et de traitement de données exponentielles ! Certaines applications sont déjà concrètes comme le Big Data, l’intelligence artificielle, l’Internet des objets, les Espaces de travail virtuels.

Et l’Afrique dans ce boom numérique n’a pas à rougir. Son atout majeur est sa jeunesse. Sur son milliard et demi d’habitants, le continent affiche 70% de sa population en deçà de 35 ans. Le fossé numérique du départ a été comblé avec dans certains pays comme le Kenya, des taux de pénétration du téléphone mobile connecté à Internet de 100% chez les 15 à 35 ans ! C’est impressionnant !

Les pièges de la toile

C’est donc un nouvel écosystème hyper puissant qui se met en place. La révolution qui est entrain de se faire a malheureusement déjà dévoilé son côté hideux ! Dois-je énumérer ici tous les travers que charrie Internet, nouveau territoire peuplé de cyber maniaques et de cyber-psychopathes ?

C’est Sodome et Gomorrhe virtuel qui affiche sa perversité, magnifie l’immoralité et les écarts de comportements, promeut le mensonge et la désinformation, encourage le lynchage et le crime organisé. « Internet, dit Jacques SEGUELA, avec le sens de la formule qu’on connaît à ce grand publicitaire, c’est la plus belle invention de l’homme, mais aussi la pire des saloperies ! »

Que ne voit-on pas sur Facebook ? Que ne lie-t-on pas ? Que n’entend-t-on pas ? Les hommes et les femmes publics sont devenus des cibles de choix, des proies offertes. Cachés derrière leurs faux profils, des gangsters d’un autre genre opèrent en toute impunité, exposant faits et méfaits réels ou supposés de tous ceux qu’ils décident de combattre.

Personne n’est à l’abri d’atteintes gratuites à sa dignité. Aucune institution, aucun pays n’est à l’abri d’une escroquerie, d’une cabale, voire d’une campagne de déstabilisation ! Je ne reviens pas sur les attaques ignobles et les profanations des symboles de la République. La situation est telle que le discours haineux, diffamatoire, raciste et tribaliste a trouvé un terrain fertile dans ce no man’s land qu’est devenu le cyber espace.

Les GAFAMI (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, IBM), géants du secteur semblent même impuissants face à l’ampleur des dérives. Il n’est pas jusqu’au président du pays le plus puissant du monde qui ne se soit fait rappeler à l’ordre, au détour de ses tweets jugés haineux bloqués en plein phénomène « Black lives matter » suite à la mort de George FLYOD.

Internet, danger virtuel, s’est échappé de la toile et envahit nos espaces de vie réelle. Les fake news viennent régulièrement polluer la famille, l’école, le travail, les amis, les cercles de voisinage. Des voyeurs digitaux et des vandales numériques ont transformé un outil d’échanges et de partage en instrument contondant qui blesse et dévisage.

Des lois sur la cybercriminalité ont du mal à prendre pieds dans cet univers sans visage. Il y a deux semaines, certains grands distributeurs de l’agroalimentaire aux Etats-Unis ont décidé de suspendre leurs publicités sur Facebook. Des sanctions économiques en signe de protestations contre l’expression haineuse.

Le numérique, un cercle vertueux

Pour autant, devrait-on vouer le numérique aux gémonies ? Assurément non ! Notre quotidien ne serait plus le même sans ces terminaux et autres objets connectés. Qui n’a pas apprécié, par temps de confinement, de pouvoir échanger avec un parent ou ami coincé à l’autre bout de la planète au cœur de la crise sanitaire du coronavirus.

Tous ces groupes whatsApp qui créent de nouvelles sociabilités sont venus briser l’isolement. D’un clic sur son téléphone portable, on peut trouver une pharmacie de garde, retrouver son chemin, faire un transfert d’argent…bref gérer une urgence !

Les technologies du numérique ont littéralement sauvé le monde en assurant un trafic permanent de données…imaginez-vous il y a quelques semaines encore, sans le numérique : le monde se serait écroulé, replié sur lui-même, tétanisé devant ce micro organisme redoutable, un virus étrange venu d’Asie.

Nous Nous nous sommes tous, ou quasiment tous, convertis au tout numérique, avec un boom des achats en ligne, la mode des visioconférences, les rencontres internationales et sommets en ligne, la digitalisation des procédures pour limiter les contacts, les cours à distance et même des soutenances de thèse virtuelles. Tout cela est magnifique ! Mais il y a mieux dans notre perspective.

En effet, ce réseau remodelé de la communication, a remis l’Afrique dans le coup ! Dans ce vaste marché, le continent peut se dévoiler dans sa variété, s’exprimer sur son authenticité, sortir de l’ornière dans laquelle l’ont plongé plus de cinq siècles d’exploitation.

Le digital est devenu le porte-voix en libérant la parole, délivré des brimades et de la spirale du silence dans laquelle nos cultures, nos traditions, nos consciences étaient maintenues. En sortant des modèles classiques et censurés de la communication, notre gouvernance, elle aussi, peut s’afficher telle qu’en elle-même sans interprétation et sans filtre. Rien ne retient plus l’Afrique. Elle peut se lancer à la conquête du monde.

La toile a brisé le carcan qui retenait son imagination. C’est le temps de l’innovation et de l’invention ! Il ne tient qu’à la jeunesse, il ne tient qu’à vous, mes chers amis étudiants, de faire de ce nouveau monde, un monde africain ! Avec une projection de 2,5 milliards d’habitants en 2050, un humain sur quatre sera africain. Cette population sera aux trois quarts jeunes, c’est-à-dire vous, vos petits frères et sœurs, vos enfants.

Pour revenir à nos préoccupations plus immédiates, le numérique est d’abord une formidable boîte à outils qui donnent accès à de nouveaux métiers. Les quatre déclinaisons du web, que j’ai citées plus haut du 1.0 au 4.0, constituent un marché d’emplois florissants qu’on peut démultiplier à l’infini.

Un ami professeur, très entendu dans le domaine que j’ai consulté pour les besoins de cette communication m’a révélé qu’il y a une bonne cinquantaine de nouveaux emplois, 47 exactement, rendus possibles dans le cyberespace ! Cela va de la conception des sites Web aux applications des réseaux en passant par la communication et la dématérialisation de l’information.

Pour ne parler que du contenu web, on peut citer, sans être exhaustif : les traitements de l’image, l’infographie, l’habillage artistique de l’information, le web designing, l’action publicitaire, la recherche sur le web, l’archivage électronique. La concentration des données elles-mêmes ouvre de nouveaux sillons comme l’analyse des données, l’expertise en statistiques pour générer de la valeur.

Le design prédictif sur des données de réseau pour par exemple prédire quand la maintenance doit être faite. Le data mining qui étudie les comportements et les tendances. D’autres secteurs en plein essor sont à rechercher dans le référencement sur Internet, l’optimisation du trafic, la gestion des contentieux sur les droits et devoirs liés à l’information, la linguistique informatique, les éditeurs et managers de blogs, etc.

Un domaine qui est encore en friche, celui de la valorisation de nos langues nationales. Elles restent dans notre environnement des véhicules d’éducation, de développement et même de négoce et de promotion. Google Translate comprend déjà 104 langues dont onze langues africaines.

Donc, des profils capables de développer les systèmes de valorisation des données textuelles comme les pages Web, les tweets, les livres numériques sont très recherchés. Pour conclure

Je vais résumer mon propos. La phrase-clé c’est qu’il y a dans le numérique une formidable opportunité pour la jeunesse africaine de prendre sa place dans l’histoire. La grande histoire du continent nous montre à quel point vos devanciers ont su s’approprier leur rôle à des tournants majeurs.

Un engagement, des décisions et des actes qui ont changé la trajectoire de l’Afrique. Ainsi, il y a eu la jeunesse estudiantine de la fin des années 50 qui s’est élevée pour briser le joug colonial. C’est à eux que nous devons la valse des indépendances.

Ensuite, il y a eu la jeunesse des années 90. Bien que violemment secouée par les bourrasques du vent d’Est, les jeunes sont montés à l’avant-garde pour qu’advienne la démocratie. Un apprentissage très douloureux ici et là, mais qui valait bien la peine.

Alors, je vous vois interrogatifs sur votre touche et le terrain d’expression à conquérir. Si j’avais une boussole à vous donner, ce serait ces mots de Frantz FANON qui résonnent comme un mot d’ordre :

CHAQUE GÉNÉRATION DOIT, DANS UNE RELATIVE OPACITÉ, DÉCOUVRIR SA MISSION, LA REMPLIR OU LA TRAHIR. Extrait de l’ouvrage « les Damnés de la Terre », paru aux éditions Maspero en 1961…

Certains afro-pessimistes vous présentent comme une génération sacrifiée. N’en croyez rien ! Moi, au contraire, fort de ma petite expérience je vous vois comme une génération dorée, privilégiée grâce notamment à votre génie, au numérique et à votre jeunesse.

Chers tous, c’est maintenant que ça commence ! Et vous les « digital natives », cette génération biberonnée au numérique, vous devez redonner à l’Afrique sa juste place dans le concert des nations. C’est à vous de rattraper des décennies de retard.

C’est à vous de reluire l’image de notre continent. C’est à vous de restaurer l’honneur perdu du berceau de l’humanité, source de la sagesse universelle.

Vous le pouvez, vous le devez ! Et pour construire ce cercle vertueux, vous avez entre vos mains la baguette magique du numérique. Vous êtes la génération de la transition de l’obscurantisme digital vers le nouveau monde du tout possible !

George MADIBA et son kiro’o game, Alain NTEFF et son gifted mom, Arthur ZANG et son cardiopad ou plus récemment son Oxynnet qui produit de l’oxygène à usage médical, et Reine NTONE, la petite perle de l’astronomie qui vient de bluffer tout l’univers hightech grâce à une contribution remarquable lors du lancement de la dernière navette spatiale de la NASA…

Je n’ai cité là que quelques noms célèbres, mais il y a toutes ces centaines d’autres jeunes qui contribuent à dessiner le cercle vertueux du numérique. Alors, les yeux dans les yeux, je vous le demande : Que ferez-vous de cet outil ? Que direz-vous aux générations de demain ? Quel compte rendez-vous à notre cher continent ?

Des trois mots-clés qui ont structuré ma communication, je conclus volontiers par un seul, le premier : LE GÉNIE. Vous savez que le génie est capable du meilleur comme du pire, au point qu’il arrive qu’on parle de mauvais génie. Je vous conseille, vous suggère et vous engage à circonscrire le pire et à toujours construire le meilleur.

Charles Ndongo
Directeur Général de la CRTV
Sangmélima, le 30 juillet 2020

(Source : Social Net Link, 8 août 2020)

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INTERNET EN CHIFFRES

- Bande passante internationale : 172 Gbps
- 4 FAI (Orange, Arc Télécom, Waw Télécom et Africa Access)
- 19 266 179 abonnés Internet

  • 18 595 500 abonnés 2G+3G+4G (96,58%)
    • 2G : 12,95%
    • 3G : 24,60%
    • 4G : 62,45%
  • 334 642 abonnés ADSL/Fibre (1,71%)
  • 334 875 clés et box Internet (1,71%)
  • 1162 abonnés aux 4 FAI
  • Internet fixe : 1,74%
  • Internet mobile : 98,26%

- Liaisons louées : 3971

- Taux de pénétration des services Internet : 106,84%

(ARTP, 30 septembre 2023)

- Débit moyen de connexion mobile : 23, 10 Mbps
- Débit moyen de connexion fixe : 21, 77 Mbps

(Ookla, 31 janvier 2023)


- 9 749 527 utilisateurs
- Taux de pénétration : 56,70%
(Internet World Stats 31 décembre 2021)


- + de 10 000 noms de domaine actifs en .sn
(NIC Sénégal, décembre 2023)

TÉLÉPHONIE EN CHIFFRES


Téléphonie fixe

- 3 opérateurs : Sonatel, Expresso et Saga Africa Holdings Limited
- 382 721 abonnés
- 336 817 résidentiels (88,01%)
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- Taux de pénétration : 1,67%

(ARTP, 30 septembre 2023)

Téléphonie mobile

- 3 opérateurs (Orange, Free et Expresso)
- 21 889 688 abonnés
- Taux de pénétration : 123,34%

(ARTP, 30 septembre 2023)

FACEBOOK

3 050 000 utilisateurs

Taux de pénétration : 17,4%

- Facebook : 2 600 000

- Facebook Messenger : 675 200

- Instagram : 931 500

- LinkedIn : 930 000

- Twitter : 300 000

(Datareportal, Janvier 2023)

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