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Le Sénégal s’imposera t-il comme le leader régional des fintech ?

mercredi 19 décembre 2018

C’est en marge du déplacement du président Macky Sall à Paris, venu lever des fonds pour financer le second volet du Plan Sénégal Emergent (PSE), que les statuts du « Dakar Finance Cluster » ont été signés le 17 décembre, au siège du Medef. Avec cette nouvelle initiative, Dakar pourrait s’imposer comme la capitale régionale des fintech devant la place forte ivoirienne...

Inscrit dans le Plan Sénégal Emergent (PSE), le développement d’un écosystème favorable à l’innovation en matière de services financiers, est une priorité nationale, portée par la présidence.

Dans cette optique, le Sénégal s’est rapproché du pôle de compétitivité français Finance Innovation, lancé en 2007, afin de créer le « Dakar Cluster Finance ». Un soutien de taille pour la capitale sénégalaise, qui peut compter sur l’expertise de ce partenaire, doté d’un rayonnement international et dont la principale mission est d’identifier et de soutenir des projets innovants dans le secteur financier. Le pôle parisien réunit près de 500 membres, 400 experts et a labellisé 460 projets en dix ans, grâce à un écosystème structuré en 6 filières stratégiques : banque, assurance, gestion d’actifs, immobilier, métiers du chiffre et du conseil mais aussi économie sociale et solidaire.

C’est donc au siège du Medef, le premier réseau d’entrepreneurs français, que les statuts du cluster ont été signés, en l’absence du président sénégalais qui participait simultanément à une séance de dédicace de son livre (« Le Sénégal au cœur »), n’en déplaise aux invités qui ont unanimement salué cette initiative.

Un partenariat stratégique franco-sénégalais

« L’objet central de ce cluster repose sur le développement de la place financière de Dakar, au service de l’investissement, de la croissance et de l’emploi » explique le ministre Kanté, co-président du cluster.

Aujourd’hui, startups, grands comptes, académiques, entités publiques et structures d’accompagnement peinent encore à se fédérer et à interagir sur le continent. Partant de ce constat, le ministère en charge du suivi du Plan Sénégal Emergent (PSE), représenté par le ministre Cheikh Kanté et l’Excellence Universitaire Africaine (EUA), ont approché le Pôle de compétitivité Finance Innovation, basé dans les locaux de la Bourse de Paris, pour la mise en place de ce cluster digital et financier. « C’est un projet amorcé il y a 18 mois, résultat d’une offre et d’une demande simultanées. Les plus hautes autorités sénégalaises voulaient développer un pôle de compétitivité à Dakar, rassemblant startups, fintech, talents, financiers... » explique Christian de Boissieu, l’économiste français qui co-préside la cluster.

L’objectif est de capitaliser sur la dynamique locale permettant l’essor des fintech pour soutenir le développement du tissu économique et pour relever les défis sociaux en matière d’éducation, d’entrepreneuriat ou encore d’inclusion financière...

Cette nouvelle structure qui devrait être effective début 2019, réunit le gouvernement sénégalais et l’Excellence Universitaire Africaine (EUA) comme porteurs de projet, les membres fondateurs constitués d’entreprises et d’experts, le prestataire technique (Finance Innovation) et de multiples partenaires : startups, banques, institutions de microfinance, groupes industriels ou financiers, agences gouvernementales, organisations internationales, cabinets de conseil, universités, agences de communication et médias.

Un cluster financier en soutien aux PME

« Les clusters sont à la base de tout développement dans l’Histoire » rappelle Cheikh Kanté. Sa mise en place sera accompagnée par le développement d’outil de financement via les fonds d’investissement, et par la création d’une cité financière. Le périmètre du projet inclut à la fois les fintech, la finance inclusive et la finance verte mais aussi les smart-cities, les infrastructures et l’éducation. A la manœuvre, le ministre du PSE, Cheikh Kanté s’est réjoui de cette avancée, en ce jour marqué d’une pierre blanche... En effet, parallèlement à ce lancement, Macky Sall était à Paris pour lever 5.000Mds de F.CFA auprès des bailleurs, afin de financer la seconde partie du PSE, et les engagements obtenus dans la journée, avaient dépassé toutes les espérances : « nous étions venus chercher 5.000Mds et nous avons obtenu 14.000Mds de F.CFA des bailleurs institutionnels » a confirmé le ministre. De quoi se réjouir effectivement, à quelques semaines des élections présidentielles...

Avec 300 fintech déjà actives sur le continent, « un nouveau cluster : pourquoi faire ? », s’interroge t-on dans l’assistance. « Il doit accompagner l’apprentissage, fédérer les énergies dans une logique de complémentarité (...) Les banquiers qui réaliseront que les PME sont porteuses d’innovation, prendront le risque d’investir » explique le ministre. Le financement des PME demeurant une priorité du PSE pour Cheikh Kanté qui explique : « Nous disposons déjà d’un programme de financement dédié aux startups et aux PME, représenté par un guichet unique doté de 30Mds de FCFA » (NDR : pour des prêts sans intérêt) et de rappeler l’accord signé entre la Société Générale et l’Agence de développement et d’encadrement des petites et moyennes entreprises (ADEPME) le 23 octobre dernier, portant sur 170Mds FCFA pour financer les PME sur les 5 prochaines années (NDR : Fonds Envol). Le cluster s’inscrit donc dans la droite ligne de soutien aux PME sénégalaises.

Dakar vs Abidjan : la guerre des fintech a commencé...

« Ce n’est pas une déclaration de guerre de Dakar contre Abidjan (...) Le marché financier régional sera d’autant plus fort qu’il pourra s’appuyer sur Dakar au niveau régional, en parallèle à Abidjan. Il n’y a pas de concurrence. Nous souhaitons donner une dimension régionale au cluster » déclare C. de Boissieu. Pas sûr que la capitale ivoirienne ne considère pas cette initiative comme relevant d’une volonté de leadership régional... « Dakar dispose d’un environnement favorable avec plusieurs incubateurs et de nombreuses startups » souligne Bernard Gainnier, Président de PwC France et Afrique francophone, justifiant ce choix. Pour sa part, Christian de Boissieu explique qu’il s’agit avant tout d’une « demande des autorités sénégalaises » pour favoriser la dynamique régionale. Aussi, bien qu’Abidjan demeure la place financière de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEAMOA), l’idée est de favoriser la coopération entre les deux pôles régionaux. La Côte d’Ivoire est en effet, doté du plus grand réseau bancaire de l’UEMOA avec plus d’une centaine de banques, et ne lésine pas sur les projets fintech...

En termes d’opérationnalisation, les choses devraient avancer rapidement pour le cluster dakarois. « Nous allons déposer les statuts du cluster sous forme d’association de type loi 1901 dans les jours à venir. Le siège sera basé à Dakar (...) Nous fixerons prochainement la composition du conseil d’administration qui choisira le Directeur Général » a précisé Christian de Boissieu. De quoi enthousiasmer les startupers présents lundi au Medef, à l’image d’Edem Adjamagblo, fondateur de SEMOA qui vend des bornes de paiement au Togo : « Etant ingénieur informatique de formation, j’attends de ce cluster des soft skills qui me permettront de renforcer mes aptitudes entrepreneuriales. »

Marie-France Réveillard

(Source : La Tribune Afrique, 19 décembre 2018)

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