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La numérisation des livres en Afrique, enjeu d’avenir

vendredi 19 juin 2015

Avec les difficultés d’acheminement des livres que connaissent les éditeurs, l’alternative numérique est une piste de premier choix. Mais encore faut-il disposer d’un catalogue numérisé, et de fichiers de bonne qualité. Fondée en 2008, la société NENA, Nouvelles éditions numériques Africaines travaille à la constitution d’un catalogue, avec les éditeurs.

Marc-André Ledoux, le fondateur de NENA, ne dissimule pas ses origines québécoises, même s’il vit au Sénégal depuis une dizaine d’années. Sa société revendique une double mission, tout à la fois sociale et culturelle, pour rendre accessible le patrimoine culturel littéraire africain. Cette numérisation, essentielle, permet également « de consolider l’industrie et l’édition africaine, en apportant une diffusion internationale ». Tout en jouant sur des données environnementales : moins de papier, et moins de transports. À condition de faire passer à la trappe les serveurs, l’électricité, etc.

NENA, originellement, s’articule autour de quatre professions : éditeur numérique (du PDF interactif au XHTML, en passant par les supports en ligne, etc.), diffuseur, libraire numérique, avec le site LNA et consultant pour les besoins de l’édition. La Librairie numérique africaine apporte ainsi l’extension de commercialisation nécessaire, pour valoriser les catalogues. Objectif : « Répondre à Amadou Hampaté BA, qui disait que quand un vieillard africain meurt, une bibliothèque brûle : avec la numérisation, les bibliothèques ne brûleront plus. »

750 ebooks vendus en 2014

Avec 400 publications numériques et 250 auteurs, NENA et LNA se positionnent comme un acteur important du marché numérique, avec 750 ebooks vendus en 2014. Les proportions ne doivent pas prêter à sourire : le taux d’équipements en smartphone est encore loin de suffire. Et ainsi que nous le précisait un éditeur malien, « il faudra encore apprendre aux jeunes qu’ils peuvent lire avec ces appareils ».

En parallèle, NENA travaille donc avec les éditeurs et leurs auteurs, à des projets de coédition numérique. Et parmi les écrivains, on compte Samir Amin, Moustapha Kassé, Lyliane Kesteloot, Makhtar Diouf. Vingt-cinq maisons ont déjà signé, « et autant sont actuellement en discussion pour d’autres livres », nous précise Marc-André Ledoux.

Cette offre de coédition est étonnante, et ne convainc pas toujours : « Nous prenons le risque de numériser, sans qu’il se vende le moindre livre. L’éditeur nous fournit ce dont il dispose, et, par la suite, nous commercialisons sur LNA. Les revenus nets sont partagés alors à 50-50 avec l’éditeur. » Et désormais, NENA-LNA a renoncé à ses clauses d’exclusivité – qui auraient évidemment favorisé le travail de diffuseur...

D’ici la fin 2015, l’offre contiendra 700 ouvrages numériques, et des contrats de coéditions avec 30 à 35 éditeurs. La possibilité de développer alors de nouveaux produits éditoriaux, comme la bibliothèque numérique en ligne, à travers un abonnement, aux écoles et universités, mais également des audiolivres africains en français, ainsi que des ebooks en langue nationale – peul et wolof en priorité.

« Les livres numériques peuvent être loués dans le cadre de collections constituées pour les bibliothèques universitaires numériques. Ces abonnements répondent au besoin de contenus et, plus encore, de livres africains. » Raison pour laquelle NENA-LNA travaille également à la réalisation du premier livre numérique en wolof, avec une dimension interactive.

Universités, diaspora africaine : des marchés réels

L’objectif affirmé est tout de même de constituer une alternative, dans le domaine de la diffusion africaine, aux GAFA – même si Facebook, ici, n’est pas un concurrent réel. Mais également de devenir « un outil commun au service de l’industrie africaine de l’édition. Parce qu’en concentrant l’ensemble de l’offre, avec des tarifs particulièrement avantageux, nous aurons un projet global ».

De même, plutôt que de voir tous les éditeurs mettre en ligne leur propre site de vente en ligne, avec les contraintes du commerce électronique, NENA-LNA propose d’instaurer des passerelles avec leurs catalogues. « Proposer l’achat des livres numériques sur LNA est une solution simple, et pratique », garantit Marc-André Ledoux.

Bien entendu, les millions d’exemplaires numériques vendus ne seront pas atteints demain. « Nous vivons dans un continent avec 50 % d’analphabétisme, mais il existe une clientèle immédiate pour les ouvrages numériques : la diaspora africaine, dont les enfants s’éloignent progressivement de leur culture. » Proposer des œuvres de littérature jeunesse, ou jeunes adultes en peul ou wolof sont des pistes sérieuses. « Ensuite, le marché des bibliothèques universitaires est une réalité locale plus tangible. Les étudiants ont l’obligation de lire certains ouvrages, et, pour trouver l’exemplaire qui les intéresse, le numérique est une solution immédiate, parce que duplicable. » Selon conditions, cela va mieux en le disant.

Parmi les autres pistes de développement, l’impression à la demande s’impose, pour limiter les investissements. D’autant que la librairie n’est pas un secteur de distribution des plus significatifs pour les éditeurs francophones africains. Reste à persuader les éditeurs africains, déjà convaincus de l’importance de la numérisation de leurs oeuvres.

Nicolas Gary

(Source : Actua Litté, 19 juin 2015)

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