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La face cachée des services financiers numériques

mardi 27 juin 2023

Les services financiers numériques sont vus comme un levier majeur de l’inclusion financière

Différentes recherches montrent que les services financiers numériques (SFN) offrent des avantages certains en matière d’inclusion financière et contribuent à la croissance économique et au développement des pays en voie de développement. Les services financiers numériques améliorent notamment l’accès aux services financiers formels - paiements, transferts, épargne, crédit, assurance, etc. - et réduisent les risques de perte ou de vol pour les utilisateurs, et d’autres risques induits par les transactions en espèces. Ils ont également un impact positif sur les consommateurs en améliorant leur comportement d’épargne, en contribuant à leur autonomisation en leur faisant économiser de l’argent et du temps, en les préparant mieux à faire face aux chocs et à se rétablir plus rapidement, et enfin en lissant leur consommation [1] [2].

Les services financiers numériques, lorsqu’ils sont fournis de manière responsable et durable dans un environnement bien réglementé, non seulement stimulent la croissance, mais permettent également des progrès plus rapides vers de nombreux autres objectifs de développement durables (ODD), comme le montre le rapport « Allumer les progrès des ODD grâce à l’inclusion financière numérique » du Secrétaire général des Nations Unies.

Qu’en est-il des coûts sous-jacents aux services financiers numériques ?

Malgré les avantages des services financiers numériques en matière d’inclusion financière et de contribution à la croissance économique, les SFN génèrent des coûts indéniables pour l’utilisateur. Une étude de 2018 en Ouganda a par exemple montré qu’un retrait d’argent de 4 USD coûtait environ 19 cents en Ouganda (soit près de 5 % du montant) à l’utilisateur : pour un agriculteur qui vit avec moins de 2 USD par jour, cela représente près de 10 % de son revenu quotidien. On pourrait imaginer que l’existence de tels coûts pourrait impacter la décision de l’utilisateur d’utiliser ces services financiers numériques. Pourtant ces coûts ne représentent pas toujours des barrières à l’adoption et l’utilisation des services financiers numériques.

Au-delà de l’impact monétaire, d’autres facteurs sont en effet à prendre en compte, que nous appellerons ici les coûts et gains « non-monétaires ». Les gains de temps ou en termes de sécurité générés par l’utilisation des services financiers numériques peuvent rendre par exemple les paiements numériques et les transferts d’argent plus attractifs pour les utilisateurs, et ce malgré la présence de coûts monétaires importants.

Au-delà des gains non-monétaires, différents facteurs, tels que le contexte, les incitations comportementales ou encore les modèles de distribution, influencent l’utilisation des SFN. Le rapport Intermedia 2012 « Mobile Money in Uganda - Use, Barriers and Opportunities » montre par exemple que, bien que les coûts monétaires des services financiers numériques aient été plus élevés que ceux des solutions traditionnelles, les recommandations personnelles ont été le principal stimulant pour s’inscrire à un compte de mobile money. Les agents ont joué un rôle important, convainquant 12 % des utilisateurs de s’inscrire à un compte de mobile money. Les incitations comportementales ont ainsi contribué à réduire les obstacles (notamment les coûts) générés par les SFN.

Mais cela ne sera pas nécessairement le cas dans un autre pays. Il est donc important de considérer l’impact de ces coûts (monétaires ou non) sur l’utilisation des SFN et des facteurs qui influencent les utilisateurs dépendamment d’un segment précis et dans un marché spécifique.

Quelle marge de manœuvre pour les bailleurs et les institutions financières ?

En tant qu’institution financière délivrant des services financiers numériques, ou en tant qu’organisation soutenant le développement des services financiers numériques, il est important de prendre en compte la question des coûts monétaires et non-monétaires des services financiers numériques et de l’impact qu’ils ont sur les utilisateurs afin de proposer une offre de services financiers adaptés. Pour ces institutions, il donc est primordial de considérer chaque segment cible et chaque zone géographique comme unique. Il est en outre important d’identifier les risques et les conséquences inattendues de l’utilisation des services financiers numériques dans ce contexte unique, qui deviennent alors des coûts non-monétaires pour l’utilisateur. D’où l’importance de conduire un diagnostic en premier lieu.

Une approche holistique, avec l’écosystème global de la finance numérique à l’esprit, peut être utilisée. L’inclusion financière numérique est en effet un sujet complexe, impliquant différentes parties prenantes de l’écosystème, tels que les régulateurs et décideurs politiques, les fournisseurs de services financiers, les utilisateurs, etc. Les obstacles à l’inclusion financière numérique doivent donc être abordés sous différents angles : celui de la réglementation et de l’infrastructure, celui de l’offre (fournisseurs de services financiers), et celui de la demande (les utilisateurs). Selon le CGAP, « une approche de l’inclusion financière fondée sur les systèmes de marché signifie prendre en compte tous les aspects d’un système de marché et s’efforcer d’éliminer les obstacles qui excluent les pauvres en incitant les acteurs du marché à assumer des fonctions manquantes ou faibles sur le marché ». Cette vidéo [3] explique en quelques mots l’approche du système de marché.

Par ailleurs, l’utilisateur final devrait toujours être au centre de la conception du service financier. Cela garantit en effet le développement de services financiers de meilleure qualité, répondant aux besoins des utilisateurs, de manière responsable et à un prix abordable. Dans cette optique, les services financiers développés doivent avoir un sens et avoir un impact positif sur les utilisateurs finaux. Les produits doivent être utiles au groupe cible spécifique avec une valeur ajoutée évidente pour eux (en termes de temps, d’argent, de commodité, etc.). Cela peut être fait en utilisant l’approche centrée sur l’humain (HCD), mais aussi simplement en identifiant soigneusement les raisons profondes pour lesquelles les personnes sont exclues des SFN.

Le Certificat d’Expert en Finance Numérique (CEDF-FR) de la Frankfurt School of Finance & Management est une formation organisée entièrement à distance, suivie de manière personnalisée et flexible sur 6 mois. Elle développe des compétences et des connaissances clés permettant aux professionnels de réussir dans différents métiers autour des services financiers numériques, de l’innovation et de la mise en œuvre de technologies, ainsi que dans la réglementation ou la gestion des risques en lien avec les services financiers numériques. Dans ce cours en ligne sur la finance numérique (dispensé en français ou en anglais), vous découvrirez le paysage numérique émergent ainsi que les nouveaux acteurs et produits qui ont bouleversé le marché. En suivant ce cours, vous serez en mesure d’utiliser avec succès les technologies numériques dans votre institution et d’exploiter les services financiers numériques (ou digitaux) dans vos marchés cibles.

Cécile Voigt, Experte en services financiers numériques et tutrice de la formation en ligne de la Frankfurt School « Certificat d’Expert en Finance Numérique »

(Source : Agence Ecofin, 27 juin 2023)

[1] Banque mondiale. Inclusion financière numérique.

[2] Mastercard Foundation - Partenariat pour la finance dans une Afrique numérique. 2019. Carte des lacunes en matière de données probantes

[3] CGAP. 2018. A Market Systems Approach to Financial Inclusion. Cécile Voigt, Experte en services financiers numériques et tutrice de la formation en ligne de la Frankfurt School « Certificat d’Expert en Finance Numérique »

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