OSIRIS

Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal

Show navigation Hide navigation
  • OSIRIS
    • Objectifs
    • Partenaires
  • Ressources
    • Société de l’Information
    • Politique nationale
    • Législation et réglementation
    • Etudes et recherches
    • Points de vue
  • Articles de presse
  • Chiffres clés
    • Le Sénégal numérique
    • Principaux tarifs
    • Principaux indicateurs
  • Opportunités
    • Projets

Accueil > Ressources > Points de vue > 2015 > L’Université Virtuelle Sénégalaise : un dangereux miroir aux alouettes ?

L’Université Virtuelle Sénégalaise : un dangereux miroir aux alouettes ?

vendredi 27 février 2015

Point de vue

Il ne fait guère de doute qu’au moment de sa création, l’Université Virtuelle Sénégalaise (UVS) répondait à une urgence absolue. Le pays se trouvait avec un trop plein de bacheliers qu’il fallait absolument orienter quelque part. Les universités publiques sénégalaises avaient atteint leur point de rupture et la prise en charge d’une inscription dans le privé pour tous ces bacheliers aurait fait exploser le budget de l’enseignement supérieur. Malgré ce contexte difficile, le choix de créer une université virtuelle sénégalaise et d’y orienter le surplus de bacheliers était un choix certes politiquement pertinent mais pédagogiquement injustifiable et en tous points contraire à l’intérêt de l’État du Sénégal et de la société sénégalaise.

La seule justification de la mise en place de l’Université Virtuelle Sénégalaise est politique ; ce mot étant ici entendu au sens le moins noble qui soit. Les étudiants orientés à l’UVS, ne sont pas dans la rue à exiger du gouvernement une orientation. Malgré tout, ces étudiants ont, de facto, connu une année blanche. Pis encore, nous allons voir que l’État du Sénégal a choisi de sacrifier leur avenir en les orientant dans une structure inadaptée à leurs besoins et capacités d’apprentissage.

L’UVS en effet, quoique à certains points de vue unique au monde, s’inscrit dans un mouvement global de virtualisation de l’enseignement supérieur. Depuis le début des années 2000, avec la mise en ligne intégrale des cours du MIT, l’idée de démocratiser à peu de frais, grâce à internet, l’enseignement supérieur le meilleur au monde a fait son chemin. Les MOOC (acronyme anglais pour cours en ligne ouvert et massif) sont l’aboutissement de cette œuvre pionnière et l’UVS est une forme, certes particulièrement sommaire, de MOOC. Il existe donc une histoire des MOOC et surtout il existe maintenant des études scientifiques qui nous apprennent exactement dans quelle mesure les MOOC sont utiles et à quelles fins on devrait les utiliser. La décision de mettre en place l’Université Virtuelle Sénégalaise semble malheureusement avoir été prise en ignorant totalement ces études. Or que nous apprennent-elles ?

La plus célèbre de ces études est celle effectuée sur les étudiants de l’Université d’État de San José aux États Unis. Menée par Sebastian Thrun, le fondateur d’Udacity, une des premières plateformes de cours en ligne, elle a montré que, pour la grande majorité des étudiants, les cours à distance sur internet sont beaucoup moins efficaces que les cours en présentiel. Le taux de rétention est très bas et pour ceux qui arrivent à compléter les cours et qui passent les examens, les taux d’échecs sont plus importants que pour des enseignements en présentiel. Le résultat principal de cette étude, qui reviendra constamment dans tous les travaux ultérieurs sur les MOOC, est qu’il y a une petite minorité d’environ 5% –les étudiants qui ont la double caractéristique d’être déjà bien formés et d’être extrêmement motivés– pour lesquels cet enseignement à distance est approprié.

Pour tous les autres, l’échec est massif et beaucoup plus important que dans une formation classique. L’autre étude de référence menée par l’Université de Pennsylvanie souligne ce caractère élitiste des cours massifs en ligne puisque 80% des inscrits sur leur plateforme sont déjà titulaires d’un diplôme universitaire. Quant au rapport sur l’éducation en ligne des professeurs Hollands et Tirthali du Teachers College de l’université de Columbia, il montre que d’une part, ainsi qu’on l’a déjà dit, ce type d’enseignement est inadapté à un public non expérimenté ; mais surtout, d’autre part, que le développement d’un enseignement en ligne de qualité est couteux à la fois en ressources humaines et en ressources financières.

Que nous apprennent ces études une fois rapportées à la situation sénégalaise ? Essentiellement que la virtualisation est un miroir aux alouettes incapable de résoudre les problèmes auxquels le Ministère en charge de l’enseignement supérieur a à faire face. Notre problème en effet est d’avoir un trop plein de bacheliers et une pénurie de ressources financières à consacrer à leur éducation. Créer une université virtuelle pour y orienter ces bacheliers n’est pas une solution à nos difficultés financières si l’on sait que la mise en place d’un enseignement à distance de qualité est un processus coûteux. Rien que cette semaine, l’État du Sénégal a emprunté 3,5 milliards de nos francs pour développer la plateforme de l’Université Virtuelle. Il y a fort à parier qu’entre la construction des Espaces Numériques Ouverts disséminés dans tous le pays, la production des cours par des enseignants, la subvention des ordinateurs des étudiants orientés à l’UVS, etc., l’État se retrouvera à payer plus cher pour un étudiant orienté à l’UVS que pour un étudiant orienté à l’UCAD.

Le gâchis n’est cependant pas que financier. Il est d’abord et surtout pédagogique donc humain. Le Sénégal ne peut pas se permettre de ne pas former ou de mal former une partie de sa jeunesse. L’Université Virtuelle Sénégalaise, en tant que MOOC est cependant structurellement inadaptée au public auquel elle est destinée. Étude après étude montre que l’enseignement à distance via internet n’est adapté qu’à un public non seulement très motivé mais également extrêmement compétent. Or les nouveaux bacheliers, quelle que soit par ailleurs leur motivation, n’ont pas encore acquis les outils de base qui permettent de suivre un enseignement universitaire. Il est d’ailleurs révélateur que tous les établissements d’enseignement supérieur sénégalais qui ont développé ces dernières années une offre d’enseignement virtuelle (Ebad, Fastef, Université Virtuelle Africaine, etc.) l’aient réservée à des étudiants en formation continuée plutôt qu’à des étudiants en formation initiale.

Apprendre s’apprend et c’est le rôle des premiers cycles universitaires que de donner cette compétence là. Orienter de manière indiscriminée des bacheliers dans un enseignement à distance qui n’est adapté qu’à une minorité, c’est les sacrifier. Soit le ministère de l’enseignement supérieur n’est pas au courant de toutes les études qui ont été menées sur les MOOC et dans ce cas il a fait preuve d’une coupable légèreté et d’une rare incompétence ; soit il connaît ces études et il a fait le choix de sacrifier une partie de la jeunesse sénégalaise. Dans les deux cas il doit des explications au peuple sénégalais et aux parents des étudiants qui ont ainsi été sacrifiés sur l’autel de la raison d’État.

Dr Mouhamadou El Hady BA, Formateur à la Fastef UCAD
hady.ba@ucad.edu.sn

(Source : Leral, 27 février 2015)

Fil d'actu

  • TIC ET AGRICULTURE AU BURKINA FASO Étude sur les pratiques et les usages Burkina NTIC (9 avril 2025)
  • Sortie de promotion DPP 2025 en Afrique de l’Ouest Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Nos étudiant-es DPP cuvée 2024 tous-tes diplomés-es de la Graduate Intitute de Genève Burkina NTIC (12 mars 2025)
  • Retour sur images Yam Pukri en 2023 Burkina NTIC (7 mai 2024)
  • Quelles différences entre un don et un cadeau ? Burkina NTIC (22 avril 2024)

Liens intéressants

  • NIC Sénégal
  • ISOC Sénégal
  • Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP)
  • Fonds de Développement du Service Universel des Télécommunications (FDSUT)
  • Commission de protection des données personnelles (CDP)
  • Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)
  • Sénégal numérique (SENUM SA)

Navigation par mots clés

  • 2766/3289 Régulation des télécoms
  • 283/3289 Télécentres/Cybercentres
  • 2136/3289 Economie numérique
  • 1170/3289 Politique nationale
  • 3185/3289 Fintech
  • 386/3289 Noms de domaine
  • 1229/3289 Produits et services
  • 1097/3289 Faits divers/Contentieux
  • 527/3289 Nouveau site web
  • 3289/3289 Infrastructures
  • 1209/3289 TIC pour l’éducation
  • 151/3289 Recherche
  • 200/3289 Projet
  • 2113/3289 Cybersécurité/Cybercriminalité
  • 1347/3289 Sonatel/Orange
  • 1066/3289 Licences de télécommunications
  • 335/3289 Sudatel/Expresso
  • 661/3289 Régulation des médias
  • 849/3289 Applications
  • 714/3289 Mouvements sociaux
  • 1059/3289 Données personnelles
  • 122/3289 Big Data/Données ouvertes
  • 421/3289 Mouvement consumériste
  • 288/3289 Médias
  • 462/3289 Appels internationaux entrants
  • 1278/3289 Formation
  • 86/3289 Logiciel libre
  • 1442/3289 Politiques africaines
  • 670/3289 Fiscalité
  • 135/3289 Art et culture
  • 426/3289 Genre
  • 956/3289 Point de vue
  • 691/3289 Commerce électronique
  • 1187/3289 Manifestation
  • 284/3289 Presse en ligne
  • 111/3289 Piratage
  • 163/3289 Téléservices
  • 667/3289 Biométrie/Identité numérique
  • 239/3289 Environnement/Santé
  • 288/3289 Législation/Réglementation
  • 271/3289 Gouvernance
  • 1241/3289 Portrait/Entretien
  • 123/3289 Radio
  • 552/3289 TIC pour la santé
  • 209/3289 Propriété intellectuelle
  • 59/3289 Langues/Localisation
  • 751/3289 Médias/Réseaux sociaux
  • 1310/3289 Téléphonie
  • 156/3289 Désengagement de l’Etat
  • 699/3289 Internet
  • 100/3289 Collectivités locales
  • 303/3289 Dédouanement électronique
  • 960/3289 Usages et comportements
  • 719/3289 Télévision/Radio numérique terrestre
  • 404/3289 Audiovisuel
  • 2235/3289 Transformation digitale
  • 253/3289 Affaire Global Voice
  • 140/3289 Géomatique/Géolocalisation
  • 234/3289 Service universel
  • 490/3289 Sentel/Tigo
  • 150/3289 Vie politique
  • 1043/3289 Distinction/Nomination
  • 44/3289 Handicapés
  • 496/3289 Enseignement à distance
  • 545/3289 Contenus numériques
  • 439/3289 Gestion de l’ARTP
  • 135/3289 Radios communautaires
  • 1374/3289 Qualité de service
  • 324/3289 Privatisation/Libéralisation
  • 125/3289 SMSI
  • 398/3289 Fracture numérique/Solidarité numérique
  • 1832/3289 Innovation/Entreprenariat
  • 1020/3289 Liberté d’expression/Censure de l’Internet
  • 42/3289 Internet des objets
  • 117/3289 Free Sénégal
  • 553/3289 Intelligence artificielle
  • 199/3289 Editorial
  • 14/3289 Yas

2025 OSIRIS
Plan du site - Archives (Batik)

Suivez-vous