La cession des actions que l’Etat détient dans le capital de la Sonatel n’a pas encore révélé tous ses secrets. L’Etat du Sénégal va quitter définitivement la Sonatel au plus tard en 2014 et cédera toutes ses actions à France Télécoms. C’est un engagement souscrit devant le partenaire français. Par ailleurs, les deux partenaires majoritaires ont décidé de la transaction annoncée en fin de semaine dernière quand, en novembre 2008, le Sénégal a informé l’actionnaire principal français des nantissements (garanties) qu’il avait fait prendre sur un important paquet d’actions, au profit d’établissements de crédits qui lui ont avancé de l’argent. Ces hypothèques concernent un total 985.000 actions, soit 46% de l’ensemble des actions de l’Etat.
Pour faire passer devant l’assemblée générale des actionnaires de la Sonatel, le principe de céder ses actions à France Télécoms, les deux actionnaires majoritaires ont imaginé un scénario consistant à acheter le silence de tous ceux qui pourraient le contester à l’intérieur de la société. Il s’agit en particulier des syndicalistes. C’est manifestement raté. La Gazette a, en effet, appris que le gouvernement sénégalais et son partenaire ont ensemble décidé de payer des dividendes exceptionnels et substantiels au regard des résultats de l’année 2008, avec l’intention de maximiser la remontée de trésorerie disponible aux actionnaires de Sonatel qui n’iraient pas à l’encontre des engagements. C’est ce qui explique les fortes sommes payées, en termes de dividendes. C’est comme qui dirait une vaste entreprise de corruption savamment orchestrée, pour acheter l’adhésion et le silence des actionnaires. Par ailleurs, La Gazette est en mesure de révéler que l’Etat du Sénégal a nanti (donné en garantie) un nombre total de 985 000 actions (soit 46% des 2 millions) que le Sénégal détient dans le capital de la société. Cette garantie a été donnée à des établissements bancaires de la place qui ont accordé à l’Etat du Sénégal des crédits estimés à 60 milliards de FCFA, dont une partie a servi à éponger la dette intérieure de l’Etat. Après les hypothèques posées sur une partie de ses actions et la vente de 10% de ses parts à France Télécom, on peut aujourd’hui dire que le Sénégal n’a pratiquement plus la liberté de disposer de ses parts dans le capital de la Société. La question posée est celle de savoir si aujourd’hui l’Etat va encore rester longtemps dans le Capital de la Sonatel. En tout état de cause, l’Etat du Sénégal s’est engagé auprès du partenaire français à conserver un minimum de 15% de ce capital pendant un maximum de temps de cinq ans. Autrement dit, d’ici 2014, l’Etat du Sénégal devrait quitter le capital de la Sonatel. Cet un engagement ferme. Il est irréversible si toutefois le partenaire français ne manque de façon significative ou répétée à ses obligations contractuelles.
(Source : La Gazette, 17 avril 2009)
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