S’il y a un domaine dans lequel l’expertise du Sénégal est reconnue, c’est bien dans la dématérialisation des procédures avec la mise en œuvre du guichet unique par Gaindé 2000. Une initiative qui porte la marque de Ibrahima Nour Eddine Diagne, administrateur général de Gaindé 2000. Une expertise qui a valu à cette entreprise, une distinction des Nations Unies avec le 1er prix en 2012 dans la catégorie " Amélioration de la prestation du service public ". Dans cet entretien avec le Journal de l’économie sénégalaise (Lejecos), M. Diagne revient sur les débuts de cette expérience, les enjeux du numérique. Il évoque aussi, les projets phares de sa structure dans le moyen et long terme.
Monsieur l’Administrateur général, depuis 2002, Gaindé 2000 s’est spécialisée dans les solutions de dématérialisation. Pouvez- vous rappeler vos différents domaines d’intervention ?
A la création du Gie Gaindé 2000 en juin 2002, nous étions dans une logique d’automatisation des processus pour une bonne fluidité des formalités du commerce extérieur. Nous avions voulu offrir aux opérateurs économiques la possibilité de faire leurs demandes depuis leur ordinateur et aux administrations de faire le traitement de ces demandes en ligne. Toutefois en fin de processus, il était nécessaire d’imprimer les autorisations sur papier pour les présenter à la douane au moment du dédouanement. A cette époque, le concept de dématérialisation n’était pas encore effectif.
La dématérialisation est intervenue avec la loi du 25 janvier 2008, qui a consacré au document électronique, une valeur juridique probante. Ce n’est donc qu’en 2011 que nous avons introduit la signature électronique pour permettre au Sénégal d’avoir les premiers documents électroniques réellement dématérialisés. Ainsi est né le métier de dématérialisation.
Concernant les métiers connexes sur lesquels Gaindé 2000 a développé ses compétences, il y a d’abord la notion de Guichet unique dématérialisé. Le Guichet unique c’est une plateforme collaborative, qui réunit différentes organisations (publiques ou privées) qui ne relèvent pas de la même autorité administrative, mais contribuent à des processus transversaux qui nécessitent un traitement spécifique.
Par ailleurs, au-delà de ce métier très structurant, il était nécessaire d’avoir une expertise sur les domaines connexes comme la signature électronique. Au début, nous étions utilisateurs de solutions étrangères. Mais en 2015, nous avons décidé, pour une question impérative de souveraineté, de produire nos propres certificats, avec des coûts beaucoup moins élevés (environ 75% de réduction) au bénéfice des utilisateurs.
Avec l’avènement de la Covid 19, nous avons le sentiment d’avoir eu raison de faire cet investissement en 2015. Beaucoup d’activités sont dépendantes de la signature électronique. Le paiement électronique a également été mise en place en bout de chaîne, dans le processus de la dématérialisation, pour le paiement de frais. Nous avons d’abord en 2006, mis en place le paiement destiné au trésor avec Corus (le paiement électronique des taxes et frais assimilés) ; ensuite, nous avons conçu Orbus Pay en 2015 qui est un agrégateur des moyens de paiement pour les paiements B2B.
Il est important de souligner que notre plus grand savoir-faire, demeure notre capacité à porter le changement, communément appelé la conduite du changement. Il consiste à embarquer des personnes, qui acceptent de changer leur façon de travailler, dans un processus de transformation, avec en amont une claire connaissance du bénéfice qu’elles en tire.
A Gaindé 2000, les équipes qui font notre plus grande fierté, sont celles qui ont réussi les plus grandes performances dans l’accompagnement à la conduite du changement. Nous avons créé des méthodologies qui ont produits des résultats très satisfaisants.
Par ailleurs, nous explorons également d’autres technologies comme la mobilité, l’Iot et l’Ia. Nous sommes conscients que nous devons maintenir notre position avant-gardiste pour anticiper sur ces questions dans le but d’apporter des réponses concrètes à des demandes qui émaneraient aussi bien du marché national qu’international.
Gaindé est le 5ème guichet unique électronique mondial pour le commerce extérieur. En quoi consiste ce dispositif et quels en sont les avantages induits par l’économie sénégalaise plus particulièrement ? Apparemment vous êtes en situation de monopole. Comment expliquez-vous cela ?
En réalité, notre guichet unique est le 3ème au monde et non le 5ième. En effet, mis à part Singapour et la Corée du sud, le Sénégal peut avoir la fierté d’avoir mis en place le troisième guichet unique électronique. Pour réussir un tel pari, nous avons effectué une visite de benchmarking à Singapour en 1996 avec le Trade Point pour nous inspirer de leur modèle d’organisation et de leur approche de guichet unique. De retour au pays, nous avons pris en compte nos contraintes sociologiques, et notre niveau de développement économique, pour mettre en place un guichet unique, qui est devenu une référence pour beaucoup de pays à travers le monde, de l’Amérique latine à l’Asie en passant par l’Afrique.
En nous servant d’un pays de référence, nous sommes devenus nous-mêmes une référence. Notre grande fierté actuellement, c’est d’avoir servi de référence à trois continents qui ont pu, à travers notre approche, construire leur propre concept de guichet unique.
Précisément pour le guichet unique du commerce extérieur, nous mettons en liaison électronique plusieurs acteurs comme la douane, la banque pour le contrôle de change avec la direction de la monnaie et du crédit, les produits agricoles, avec la direction de la protection des végétaux, l’environnement avec la direction des eaux et forêts et les établissements classés, l’élevage et la pêche avec la direction des services vétérinaires et la Dpm, sans oublier la direction de la pharmacie et des laboratoires. Chaque nature de marchandise exige une documentation particulière pour la protection du consommateur et bien sûr de l’économie nationale.
Tous ces acteurs se retrouvent dans une plateforme pour répondre à une demande d’intention d’importation ou d’exportation d’un opérateur économique. Le système, connaissant la nature, l’origine et la valeur du produit, route vers toutes les administrations chargées de délivrer les autorisations nécessaires, pour permettre un dénouement de l’opération.
L’opérateur économique qui avant, mettait plus de dix jours à faire le tour de plusieurs administrations pour soit déposer une demande, les récupérer où les déposer ailleurs sur la chaine de validation. Grâce à nos efforts, nous avons réduit le temps du parcours de 7 jours en moyenne, à ½ journée sans compter le transport. Cette solution a permis au Sénégal d’avoir une avancée significative. Ce qui nous a valu une distinction des Nations Unies avec le 1er prix en 2012 dans la catégorie " Amélioration de la prestation du service public ". Nous sommes toujours dans un dynamique d’amélioration, tout en sachant que, la modernité fait partie des piliers de la construction de notre économie. C’est la raison pour laquelle, nous ne cesserons jamais de nous investir pour la connaissance et les compétences, afin de permettre aux générations futures d’être aptes à construire leur propre avenir Nous nous en faisons un devoir et c’est un discours que nous tenons en interne et qui aujourd’hui nous motive.
L’entreprenariat numérique est de plus en plus investi par les jeunes notamment avec l’expansion des Fintechs et Start Up. Quelles sont les opportunités offertes par ce secteur ? Quel accompagnement Gaindé 2000 apporte-t-il pour un développement harmonieux de ce secteur ?
Le numérique est un amplificateur d’opportunités, dans la mesure où il limite la distance et permet de faire une offre de services à une communauté plus large. Il rapproche la connaissance en permettant d’avoir accès à des savoirs auxquels nous n’aurions pas accès dans un contexte normal. Voilà deux aspects fondamentaux du numérique.
Que devraient-on faire pour les jeunes avec le numérique pour générer des emplois ?
Nous avons comme premier levier des acquis avec le cadre juridique qui a permis de donner une valeur légale à la transaction électronique, à la protection des données à caractère personnel sous la supervision d’une autorité qui supervise tout le dispositif en plus de la concurrence. L’Etat dans son rôle de législateur et d’organisation du secteur doit encadrer pour éviter les dérives, mais en même temps, soutenir les écosystèmes pour générer des emplois dans le secteur.
Le deuxième levier, qu’induit la génération de plateforme autour du service public dans une logique de mutualisation, pourrait permettre aux jeunes entrepreneurs qui démarrent de ne pas devoir investir beaucoup d’argent sur des plateformes et de mettre l’accent sur l’ offre de service.
Certes, cela demande une pédagogie qui est encore balbutiante, mais il faut le dire, les jeunes d’aujourd’hui, qui nourrissent le rêve de mettre en place une entreprise riche et prospère, ont beaucoup plus de chance avec une panoplie de financements disponibles.
Mais ils butent sur un certain nombre d’obstacles. En effet, en amont de la conception de leurs projets, ils ne partagent pas leur idée pensant être piraté et veulent assurer toutes les activités administratives du projet.
Il est important au-delà de la pédagogie de l’entreprenariat, de mettre les jeunes sur des créneaux porteurs à forte valeur ajoutée. Sur ce registre, l’Etat a bien pensé, en mettant en place, un dispositif de guichet unique pour l’accompagnement, le financement, l’appui, la formation et l’encadrement pour l’entreprenariat en général et pour l’entrepreneuriat numérique en particulier.
Pourquoi le numérique en particulier ? Tout simplement parce qu’il permet de franchir les frontières du pays. C’est le cas lorsqu’un entrepreneur créé de la valeur ajoutée et arrive à capter des revenus qui ne sont pas générés au Sénégal et vice versa. Comme exemple, nous pouvons citer les jeux de pari avec des revenus non fiscalisés par le Sénégal et qui servent d’autres économies étrangères.
Il y a de véritables enjeux qui méritent une bonne réflexion stratégique pour positionner et protéger le Sénégal (17millions de consommateurs) tout en restant ouvert dans un monde de plus de 7 milliards d’habitants. D’où une bonne part de marché à chercher dans cette économie digitale.
Nous avons beaucoup de talents et pour ma part, c’est une grande fierté mais le dispositif d’accompagnement, n’est pas encore aligné avec leur potentiel. Voilà un défi que nous devons relever aujourd’hui.
GAINDE 2000, en tant qu’entreprise, ne peut agir que dans le cadre de sa politique RSE. L’idée est de pouvoir fédérer un écosystème autour du numérique avec les principaux acteurs en y associant les jeunes starts Up qui pourront en profiter. D’où il faut forcément une réflexion stratégique et un travail ardu. Sans cette réflexion nous ne pouvons pas créer de richesse
Gaindé 2000, modestement, tente d’apporter sa contribution, en organisant des concours (Gaindé challenge entreprendre), en prenant des stagiaires, en faisant du coaching bénévole, ou tout autre action que nous pouvons faire par notre générosité, nos compétences et notre savoir-faire en direction de la jeunesse. Nos actions sont visibles à l’échelle atomique bien sûr. Il faut d’une part, que le secteur privé se réunisse autour d’un écosystème et que d’autre part, l’Etat, qui a la responsabilité d’organiser de façon vertueuse cette économie numérique, fasse en sorte que la dépense publique serve aux entreprises et que ces-dernières soient en mesure de nourrir des écosystèmes qui, à leur tour, génèrent des emplois et des revenus. Ainsi, nous aurons plusieurs chaînes de valeurs ajoutées qui seront alimentées par la dépense publique et celle des grandes entreprises.
Plus concrètement si une entreprise locale reçoit un financement conséquent et dépense une bonne partie de ce qu’elle reçoit au niveau local, elle alimente d’autres entreprises, ainsi de suite. Une chaîne de valeur ajoutée est ainsi créée. En revanche, si le marché est donné à une entreprise étrangère elle ne créé aucune chaine de valeur ajoutée puisque que les revenus sont rapatriés. Voilà pourquoi nous militons fortement pour que, dans le domaine du numérique où les compétences locales sont avérées, nous puissions faire le plaidoyer pour des financements en faveur des entreprises locales.
Monsieur l’Administrateur Général, en matière de digital peut-on parler de préférence nationale au regard du "sucess story " de Gaindé 2000 ?
Gaindé 2000 ne serait jamais ce qu’elle est aujourd’hui, si au début, ceux qui l’on créée n’avaient pas à l’esprit qu’elle devait reposer sur des compétences nationales. En effet, en 2000 plusieurs pays étaient dans des logiques où ils n’imaginaient pas faire confiance à leurs compétences nationales pour pouvoir construire de solides solutions dans le domaine numérique.
Pour la petite histoire, quand je m’embarquais dans ce projet j’avais 24 ans. Comment avoir la confiance d’un pays dans un domaine aussi stratégique, en étant si immature ? Nous avons quand même eu le résultat escompté. Comment ? Tout simplement parce qu’en combinant le rêve des jeunes et la sagesse de ceux qui les encadrent, on arrive à des résultats palpables.
Aujourd’hui, je pense que, s’il y a un domaine où le Sénégal peut faire de la valeur ajoutée exponentielle, c’est dans le digital. La question de souveraineté se retrouve dans son terrain naturel d’expression.
La préférence nationale n’a de sens que lorsque nous avons les compétences et la capacité pour produire la qualité qu’il faut, dans les délais qu’il faut, et avec les prix adéquats. Or dans le digital, nous sommes dans un terrain par excellence où nous avons un savoir-faire avec un rapport qualité/prix excellent et une capacité à délivrer dans les délais. Aujourd’hui, pour des systèmes d’informations, faire des appels d’offres internationaux pour ouvrir nos économies, ne devrait plus se faire, alors que les pays auxquels nous ouvrons nos économies ne donnent pas cette opportunité aux acteurs nationaux du Sénégal. Si nous avons des accords de réciprocité qui font que toute entreprise étrangère est éligible pour les marchés au Sénégal, il faudrait que ces pays mettent en place des législations en faveur de la réciprocité. Il est regrettable de constater que, dans un échange, nous devons forcément être celui qui donne beaucoup et qui reçoit peu.
Mais je pense la génération d’aujourd’hui au sein de laquelle je me retrouve, s’inscrit en faux par rapport à ce précepte. La différence se fait par la qualité du travail et par les résultats. Donc sur ce registre, il est important que chaque décideur privilégie un acteur national parce que c’est ça qui fait vivre l’économie et qui va générer des impôts. Ce sont ces impôts qui construiront des hôpitaux et ce sont ces hôpitaux qui soigneront nos malades. Il y a beaucoup d’efforts à faire à ce niveau et l’ignorance est le plus grand pêché.
La plupart des décideurs qui privilégient l’expertise étrangère de façon prioritaire sont encore dans le modèle où, pour eux, l’expertise locale est caractérisée par l’inefficacité et l’incompétence. Il faut inverser la donne avec pédagogie. Nous nous battons à l’échelle du Sénégal, à l’échelle africaine pour vraiment faire prévaloir cette forme de préférence que toutes les grandes nations appliquent sans complexe. Donc préférer ce que l’on a chez soi par rapport à ce qu’il y a chez l’autre n’est pas un péché, au contraire, parce que ça nous permet de faire fructifier notre économie à une échelle beaucoup plus satisfaisante.
Voilà un peu ma conviction sur cette préférence nationale et je continuerai à être un militant inlassable pour qu’elle puisse prévaloir. Il n’est pas acceptable qu’une grande entreprise qui fait des milliards de chiffres d’affaires sur les marchés sénégalais décide de ne rien réinvestir pour faire vivre les écosystèmes au-delà de quelques actions cosmétiques médiatisées et rien de structurant pour faire vivre une dynamique d’entreprises autour de leur écosystème. Une fois de plus, voilà des batailles qu’il faut mener. Je ne le dis pas en tant que Gaindé 2000, mais d’abord en tant que personne qui aime son pays et ensuite en tant que personne qui a compris les enjeux du numérique.
Toujours sur ce point, votre entité a eu à coordonner les travaux de faisabilité pour la mise en œuvre d’une " Identité numérique nationale " (Inn) au Sénégal. De quoi s’agit-il concrètement ? Est-ce une manière de préserver la sécurité des données d’identité des citoyens ?
La question de l’identité numérique est une question qui nous rattrapera tôt ou tard alors autant s’y prendre le plutôt possible. En quoi consiste l’identité digitale pour les personnes physiques ? Elle va au-delà des personnes physiques. Elle consiste à conférer à chaque citoyen une identité numérique de base ou une identité numérique de conversion qui permet d’avoir une identité numérique dans le monde du papier et de la transposer dans le monde du digital. Elle permet de confirmer de façon certaine que la personne détentrice de l’identité numérique est bien la personne dont il s’agit. Cette question nous rattrapera parce qu’aujourd’hui il n’y a pas de sécurité économique sans identité certifiée.
Dès lors qu’une personne peut se faire prévaloir d’une identité qui n’est pas la sienne, la sécurité économique n’est pas de mise et je dirais même la sécurité tout court. Les moyens technologiques que nous avons aujourd’hui permettent d’avoir cette sécurité numérique. Des chantiers sont ouverts sur l’état civil qui est l’élément générateur de l’identité. Toute identité commence par un état civil. Aujourd’hui, pour ce que j’en sais, ce travail se limite à la transposition à travers une forme d’informatisation, qui est presque en voie de disparition. L’informatisation est un vocabulaire aujourd’hui qui appartient au passé. Nous sommes dans le monde de la digitalisation, car les personnes se comportent et agissent de manière virtuelle.
Tout a été pratiquement transposé dans un univers où, si nous n’avons pas le pouvoir de garantir les identités, nous sommes en défaut par rapport aux exigences de sécurité économique et de sécurité nationale. Sur financement du Pnud, le ministère de l’Economie numérique a initié des travaux sur l’identité numérique. Nous avons soumissionné comme une entreprise et fort heureusement à notre grand bonheur, Gaindé 2000 a été retenue pour mener ce travail.
Le travail a été fait, restitué et accepté. Il reste la mise en œuvre qui ne relève pas de Gaindé 2000. Nous avons fait l’étude, et il convient maintenant au ministère de l’Economie numérique qui est le maître d’œuvre de cette initiative, de mettre en place les conditions pour l’effectivité de l’identité digitale. C’est un chantier qui peut être complexe, parce qu’il touche à plusieurs secteurs notamment, le ministère de l’Intérieur, le ministère des Collectivités locales avec les questions d’état civil, la santé, l’éducation, etc. Par conséquent il faut une vraie coordination transversale pour arriver concrètement au bénéfice d’une identité digitale au Sénégal.
Des pays comme l’Estonie, la Lettonie, ont réussi à le faire et d’ailleurs inspirent des pays comme le Togo et le Benin qui commencent à être les géants du numérique de la sous-région. Ces pays ont pris vraiment de l’avance sur le Sénégal parce qu’ils ont une démarche résolue et soutenue. Ils sont déterminés et ont les moyens de leur politique pour y parvenir. Le Sénégal a quand même eu beaucoup d’hésitations sur la question, il faut le dire. Le numérique apparait comme une priorité, mais les moyens mis en œuvre pour permettre au numérique de jouer pleinement son rôle, afin de porter l’économie sénégalaise, manque de répondant. Mon expérience durant ces 20 dernières années, m’a permis de constater que le Sénégal n’a jamais mis en valeur son potentiel en matière digitale.
Il s’est toujours et souvent contenté de se déclarer convaincu que c’est le digital qui fera la différence. Mais rarement, il est allé plus loin que cette déclaration d’intention. Aujourd’hui, il est absolument nécessaire d’avancer parce que nous sommes dans la décennie 2020-2030, où les retards ne se rattrapent jamais, et il est encore temps de repositionner le Sénégal. Le numérique couvre tous les secteurs.
S’il existe des cloisons entre les ministères de la santé, de l’intérieur, de l’économie, de l’enseignement supérieur, il y a des risques d’incohérences, de duplication des efforts et résultats sans impacts. Il faut nécessairement une coordination transversale.
Voilà un peu les avancés et les retards que le Sénégal alterne au fil des ans et de mon point de vue, il est temps aujourd’hui d’être beaucoup plus résolu sur cette question. Rien ne nous empêche de prendre exemple sur les pays comme le Togo, le Bénin ou le Rwanda, pour animer nous-mêmes notre économie numérique de façon générale et apporter des progrès que nous souhaitons.
Quels sont les projets phares et les perspectives à moyen et terme de Gaindé 2000 ?
Le cœur de métier de Gaindé 2000, c’est le guichet unique que nous exerçons depuis 20 Ans. Nous sommes certifiés selon les standards internationaux, reconnus et respectés partout dans le monde (Afrique, Asie, Amériques, l’Europe) car toutes les grandes publications qui traitent de ce sujet portent la main de nos experts. Nous essayons d’étendre notre expertise en Afrique, malgré la présence de concurrents qui possèdent des moyens d’influences que parfois nous n’avons pas. Nous avons réussi de beaux projets au Burkina Faso, au Kenya et d’autres de moindre envergure en Guinée Conakry, en Guinée Bissau, en Côte d’Ivoire ou au Nigéria. Nos experts ont également assisté des pays d’Asie centrale.
Aujourd’hui, la signature électronique, l’IA, l’IOT, constituent une perspective sur laquelle, nous voulons avoir un positionnement pour porter l’ambition du Sénégal en matière numérique. Nous croyons beaucoup en la collaboration avec les acteurs clés de l’écosystème. Je peux citer Senum.sa, le Ptn que j’ai récemment visité et qui m’a très agréablement surpris et impressionné. La collaboration est également nécessaire avec les acteurs privés, les opérateurs télécom, etc.
Si la cohésion et l’accompagnement de l’Etat sont effectifs, nous, en tant qu’acteurs, nous pouvons encore écrire de belles pages aussi bien au Sénégal que sur le plan africain.
Nos ressources sont aspirées par le monde extérieur avec une sorte de surenchère que nous ne pourrons pas soutenir à long termes.
Par conséquent nous devons d’abord produire des compétences simplifiées que nous pourrons faire travailler pour la construction de notre économie nationale. Ensuite les mettre en parallèle avec les cycles d’enseignement traditionnel qui, malgré leur nécessité et leur utilité, ne constituent pas les premiers leviers d’employabilité. Le monde bouge très vite et les demandes sont ouvertes partout à travers le monde.
(Source : Le Journal de l’Economie sénégalaise, 20 février 2023)
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