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Enquête sur la Télévision numérique terrestre (Tnt) : les non-dits d’une transition en cale sèche

dimanche 6 septembre 2015

L’ambition des autorités sénégalaises de mettre notre pays à l’ère du numérique risque d’être émoussée du fait du retard accusé dans l’opérationnalité de la Télévision numérique terrestre (Tnt).

Pour cause, en plus de la non-disponibilité des décodeurs sur le marché, il y a une controverse autour du coût du projet (40 milliards) dont la réalisation est confiée au groupe EXCAF. Pour en avoir le cœur net, Actusen.com a mené une enquête, qui lui a permis de dégoter les non-dits d’une transition.

Lancée en grande pompe le 17 juin 2015, la Télévision numérique terrestre (Tnt) était censée révolutionner l’audiovisuel sénégalaise en la faisant basculer de l’analogie vers le numérique. Mais à ce jour, rien n’a, apparemment, changé dans notre quotidien. Le Groupe Excaf, maitre d’ouvrage de ce projet, tarde à commercialiser les décodeurs nécessaires pour disposer de la Tnt.

Une situation qui intrigue certains spécialistes de l’audiovisuel, pour qui le Comité national de pilotage de la transition de l’analogie vers le numérique (Contan) a mis la charrue avant les bœufs.

Adama Sow, ancien journaliste de la RTS, et un des rédacteurs dudit projet, confie : ‘’avant le 17 juin, les infrastructures (de EXCAF) n’étaient pas prêtes. A l’époque, seuls 40% du territoire étaient couverts. Or, Excaf doit construire 29 sites émetteurs pour multiplexer tous les signaux de télévisions.

Pour Adama Sow dissèque “les erreurs du Contan” et estime que EXCAF est victime des choix des Services de Babacar Touré

Le Contan a passé un an à se battre avec l’Autorité de régulation des télécommunications et postes (Artp), pour le contrôle des 4 G, en oubliant de s’occuper de la Tnt. Ils ont perdu énormément de temps’’. L’autre problème lié à ce retard, selon toujours Adama Sow, c’est le fait que l’institution dirigée par Babacar Touré ait privilégié la communication institutionnelle, en occultant la réalité du terrain.

‘’L’erreur stratégique du Contan, c’est qu’ils ont fait croire aux Sénégalais que la Tnt passerait par la fibre optique de l’Adie (Agence de l’informatique de l’Etat) et que l’Etat n’avait pas besoin du réseau télécom”, constate pour le regretter Adama Sow.

Or, “le réseau de l’Adie n’était pas disponible. Au finish, EXCAF était obligé, pour sécuriser son réseau, de signer un contrat avec la Sonatel’’, révèle notre confère qui pense que EXCAF a été victime des choix du Cotan’’.

Tidiane Seck, ancien patron de l’Adie, lui, n’est pas surpris du choix que le groupe de Ben Bass Diagne a porté sur le réseau de la Sonatel pour une raison selon laquelle ‘’quand EXCAF avait demandé à l’Adie et tous les opérateurs de téléphonie de leur faire une offre”, renseigne-t-il, “seules l’AIDE et la SONATEL ont offert leur service pour recevoir le réseau”.

Finalement, dit-il, “EXCAF a choisi le réseau de la Sonatel, car celui-ci était plus disponible et plus dense. De plus, la Sonatel a la capacité de se déployer sur le territoire national, en cas de perturbation’’. Des explications corroborées par les responsables du groupe EXCAF. ‘’Effectivement, nous nous sommes rabattus sur la Sonatel, parce que la fibre était plus disponible’, déclare Mahé Diouf, Directrice commerciale du groupe EXCAF.

5000 décodeurs distribués aux ministres, députés, chefs religeux… en guise de test.

Toutefois, la Directrice commerciale du groupe EXCAF ne veut pas entendre parler de retard du démarrage de la Tnt, puisque, pour elle, la date du 17 juin 2015 constituait la phase du lancement dudit projet.

‘’Après la cérémonie de lancement, nous avons procédé à un test. Nous avons fait venir 5000 décodeurs qu’on a distribués à Dakar et dans les autres régions. Nous avons choisi comme échantillon, les ministres, les députés, les chefs religieux, des Sénégalais lambda, à qui nous avons remis les décodeurs’’, explique-t-elle

A l’issue de cette phase test, EXCAF devait ensuite recueillir les in put dont les résultats ont été, selon elle, satisfaisants. ‘’Nous avons constaté que les décodeurs n’avaient pas besoin de changer de poste-téléviseur. Aujourd’hui, techniquement, nous sommes entre 90 et 95 % de taux de couverture nationale.’’, fait savoir Mahé Diouf.

La commercialisation des décodeurs annoncée pour la semaine prochaine

La phase d’installation des émetteurs ‘’poursuivant son cours’’, le groupe EXCAF annonce la commercialisation des décodeurs, dès la fin de la semaine prochaine. ‘’Actuellemment”, informe Mahé Diouf, “nous avons un stock assez important, qui nous permet de démarrer la commercialisation. Nous voulons nous assurer un bon service après vente. On attend juste la finalisation de la campagne’’.

Si le décodeur devra coûter 10 000 F Cfa (prix subventionné), les Sénégalais devront, cependant, débourser plus, mensuellement, s’ils désirent bénéficier du bouquet proposé par EXCAF.

L’Etat a finalement décidé de subventionner les décodeurs à hauteur de 30 000, l’unité. ‘’Or, rappelle-t-il, le Contan avait annoncé que le projet n’allait coûter un franc

‘’En plus des chaînes nationales qui sont gratuites, il y aura un bouquet qui sera payant et dont les prix varieront entre 3000 et 5000 francs . Cela va nous permettre d’avoir un retour sur investissement, car ce projet est financé à hauteur de 40 milliards F Cfa‘’ , renseigne la Directrice commerciale de EXCAF.

Toutefois, certains observateurs émettent de sérieux doutes par rapport au chiffre avancé par le groupe de Ben Basse Diagne. Un expert financier, contacté par Actusen.com, trouve ‘’exagéré‘’ les 40 milliards, dans la mesure où, dit-il, les investissements que le groupe EXCAF devaient faire sont pris en charge par la Sonatel, qui dispose déjà de fibre optique.

Ce n’est pas tout. Notre interlocuteur, qui préfère garder l’anonymat, constate que l’Etat a finalement décidé de subventionner les décodeurs à hauteur de 30 000, l’unité. ‘’Or, rappelle-t-il, le Contan avait annoncé que le projet n’allait coûter un franc à l’Etat du Sénégal. ‘’Est-ce que l’Etat a fait une étude, avant de prendre une telle décision ? Sur quelle base EXCAF a-t-il fixé le prix du décodeur ? ‘’

Tidiane Seck, ancien Dg de l’ADIE :‘’Il faut avoir un esprit positif, mais il faut rester vigilant.’’

En poussant ses investigations, Actusen.com découvre qu’au Rwanda, où la transition à déjà eu lieu depuis 2014, l’Etat n’a pas subventionné les décodeurs, dont le prix est estimé à une vingtaine d’Euros .

Tidiane Seck, ancien Directeur général de l’Adie, trouve la question du coût ‘’délicate’’, mais tient à relativiser. ‘’ Je pense que le gros du projet, ce sont les installations du centre de diffusion. Avant, les chaines de télévision passaient par le satellite ; maintenant, avec la Tnt, ce n’est plus le cas. Et cela nécessite beaucoup d’argent’’, dit-il. Avant d’ajouter :’il faut avoir un esprit positif, mais il faut rester vigilant.’’

Un avis partagé par Momar Ndao, Président de l’Association des consommateurs du Sénégal (Ascosen), pour qui ‘’le défi le plus important’’ que le groupe EXCAF devra relever, c’est de mettre en place les émetteurs et démarrer la commercialisation des décodeurs.

La fibre optique de l’ADIE en question

Mais s’il y a quelque chose que Tidiane Sy n’arrive toujours pas à comprendre, c’est la non-disponibilité de la fibre optique de l’ADIE, pour la transition numérique. Et pourtant, en initiant ce projet, l’ancien patron de l’ADIE dit avoir voulu rentabiliser la fibre optique de l’Etat. ‘’Quand je mettais le réseau, on avait embauché des structures qui devaient assurer la gestion à l’intérieur du pays. L’ADIE devait avoir un budget pour financer la maintenance du réseau. L’ADIE aurait dû louer le surplus de son réseau à des opérateurs. Ce qui n’est pas fait.’’, se désole-t-il.

Du côté du Contan et de l’actuel Dg de l’ADIE, on préfère faire le mort plutôt que d’éclairer la lanterne des Sénégalais sur la transition en panne sèche

Actusen.com a tenté de recueillir la réaction du Contan, en vain. Son porte-parole, Bamba Niang, que nous avons joint au téléphone, nous avait promis de nous revenir, le temps de s’en ouvrir à sa hiérarchie., Mais il n’a pas fait signe de vie. Quant à l’actuel patron de l’ADIE, Cheikh Bakhoum, il n’a pas daigné répondre à nos appels téléphoniques et Sms, malgré nos relances. Peut-être parce qu’il n’a rien de solide à nous expliquer ou qu’il est dépassé par la tournure des évènements. Qui sait ?

Daouda Gbaya

(Source : Actusen, 6 septembre 2015)

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