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Enquête au cœur de la Chinafrique : la Chine et le marché des télécoms en Afrique

vendredi 2 juillet 2021

Economie numérique

Depuis le début des années 2000, la Chine s’est imposée comme un acteur majeur sur le marché africain des télécommunications. Cependant, cette présence interroge car elle n’est pas sans risque pour les acteurs africains, qu’ils soient opérateurs de réseaux, consommateurs ou gouvernements. Six entretiens ont façonné ce mémoire, fruit d’une réponse argumentée, complexe et personnelle.

Le marché des télécommunications a connu ces dernières années une croissance exponentielle en Afrique permettant de réduire drastiquement la fracture numérique des populations locales. Face à ces perspectives, de nombreux acteurs se bousculent pour attirer toujours plus de consommateurs et gagner en part de marché.

Parmi eux, les équipementiers chinois bénéficient de la plus forte présence. Grâce à l’appui des banques de développement chinoises, et à des prix extrêmement compétitifs, ces derniers ont investi massivement pour installer de nombreux réseaux. Ce qui a permis au continent africain de faire un saut technologique conséquent. Depuis plus de vingt ans, ces équipementiers ont participé grandement au développement des télécommunications sur le continent africain afin de faire de l’Afrique le dernier maillon connecté avec le monde.

Leur présence fait partie d’une stratégie d’investissements massifs totalement assumée par l’État chinois afin d’étendre son softpower sur le continent et de façonner l’opinion publique africaine en sa faveur. De plus, dans la guerre économique et commerciale que se livrent les États-Unis et la Chine, les télécommunications sont désormais un secteur particulièrement stratégique. L’Afrique n’est pas une exception de ce point de vue et reste un terrain de jeu où s’affrontent les grandes puissances – par l’intermédiaire de leurs équipementiers nationaux – pour pouvoir implanter les infrastructures sur lesquelles se basera l’économie africaine de demain.

Si cette présence a énormément bénéficié aux acteurs africains, elle s’accompagne également d’un certain nombre de risques qui impacte le marché des télécommunications jusqu’à bouleverser les équilibres établis depuis la fin de la décolonisation.

Ainsi, de nombreuses voix en Afrique – et dans le monde – critiquent la présence des équipementiers chinois et dénoncent une concurrence déloyale. En effet, les frontières entre entreprises étatiques et entreprises privées sont extrêmement poreuses, et la collusion de l’État central chinois avec ses entreprises nationales est largement avérée.

Par ailleurs, un certain nombre de contacts commerciaux entre les équipementiers chinois et les opérateurs publiques et privées en Afrique se font dans le cadre de financements intergouvernementaux et sont liés à l’achat d’équipements uniquement chinois par les opérateurs téléphoniques. En parallèle, des craintes ont émergé récemment, à propos de la fiabilité des réseaux mis en place par les équipementiers chinois et évoquant de possibles risques de cybersécurité. Ces craintes amènent donc à s’interroger sur la nature de leurs risques.

Ces risques sont multiples et prennent différentes formes. Parmi eux, ceux de domination et de cybersécurité reviennent le plus régulièrement et incarnent sans aucun doute les craintes fondées quant à la présence chinoise sur le marché des télécommunications. La mise sur écoute du siège de l’Union Africaine à Addis-Abeba, en Janvier 2017 reste jusqu’à aujourd’hui l’exemple le plus emblématique de ce manque de fiabilité des équipementiers chinois en termes de cybersécurité. Les opérateurs de réseaux font également face à des risques de dépendance alors que les gouvernements s’exposent à des risques financiers.

Les risques eux-mêmes s’expliquent par une multitude de paramètres. Ainsi, ils dépendent des régions du continent africain, de la maturité et de la taille des opérateurs téléphoniques. Mais aussi de la dépendance ou non de ces mêmes opérateurs de réseaux aux équipementiers chinois, du degré d’endettement des gouvernements africains mais aussi de la réglementation des pays en question. Enfin, du taux de pénétration de la Chine dans ces pays voire parfois tout simplement des relations qu’entretiennent ces pays avec l’Empire du Milieu.

Cette présence n’est évidemment pas dangereuse partout ni tout le temps mais elle apporte son lot de risques. Ainsi, il semblerait que certains types de contrats soient plus risqués. C’est le cas des contrats de gré à gré en particulier qui, à la différence des autres, ne sont encadrés ni en termes de financement ni en termes de qualité. De la même façon, l’absence d’assistants à maîtrise d’ouvrage – normalement mandatés par les institutions internationales comme la Banque Africaine de Développement ou la Banque Mondiale – permet de nombreuses dérives.

Ces acteurs ne subissent pas ces risques de la même façon non plus. Les consommateurs sont relativement épargnés étant donné qu’ils bénéficient de cette présence vu les prix pratiqués. A l’inverse, les opérateurs de réseaux peuvent faire face à des difficultés de diversification de leurs approvisionnements en composants électroniques dans un contexte où ils doivent souvent arbitrer entre le prix d’achats des équipements, la taille et la densité des zones à couvrir.

Enfin, les gouvernements n’ont pas toujours la trésorerie nécessaire, ni les ambitions ni même la volonté politique de se doter d’infrastructures souveraines, et ainsi de se passer des équipementiers chinois, parfois par peur de représailles économiques. Les cas du Maroc et de l’Afrique du Sud sont pertinents à cet égard car ils ont fait ce choix. D’autres pays en particulier en Afrique subsaharienne, ont souvent fait le choix contraire, pour des questions évidentes d’équilibre de leur balance des paiements et de leur budget national.

Ces risques concernent également les types d’équipements. Par exemple, les réseaux mobiles – cœur de métier des équipementiers chinois – semblent plus risqués que les câbles sous-marins, technologie pour laquelle ils n’ont pas spécialement développé d’avantages comparatifs jusqu’ici.

Par ailleurs, les acteurs africains n’ont pas toujours conscience de ces risques voire n’ont souvent pas d’autres alternatives. Le prix reste le premier déterminant pour acheter ces équipements étant donné leur pouvoir d’achat limité. Pour tenter de remédier à cela et diversifier leurs portefeuilles, les opérateurs de réseaux tentent de plus en plus de ne pas recourir aux prêts vendeurs et d’autofinancer leurs infrastructures. Concernant les gouvernements, la grande majorité d’entre eux ne se soucie pas des potentiels risques de leurs équipements car ils ont des problématiques bien plus urgentes pour leurs populations et le développement de leur pays.

Enfin, ces risques pourraient s’aggraver dans les prochaines années, notamment du fait du développement de la 5G sur le continent, technologie essentiellement dominée par les équipementiers chinois. La forte croissance de Huawei et de ZTE et les récentes difficultés de Nokia et Ericsson vont également dans ce sens. De plus, ces équipementiers chinois sont désireux de s’installer dans la durée en Afrique. Cette présence va donc être amenée à perdurer voire à s’accroître encore sur le contient. Cependant, l’interdiction de Huawei aux États-Unis et a fortiori en Europe risque de rebattre les cartes car de nombreux opérateurs de réseaux sont des acteurs internationaux et opèrent sur ces marchés.

Hamed Ghiaie, Professeur d’économie et de politique publique, ESCP Business School, Paris et Arthur Cassim Dramsi, ESCP Business School

(Source : Social Net Link, 2 juillet 2021)

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