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E-Déchets : Afrique de l’Ouest : le grand dépotoir

mardi 11 août 2009

Les progrès fulgurants de la Science ont un impact énorme sur la santé publique et l’environnement. Au fur et à mesure que le monde progresse, les déchets électroniques (rebut d’ordinateur, de téléphone mobile, de fax etc....) ou e-déchets deviennent une réalité préoccupante. Dans ce contexte, c’est l’Afrique mal outillée au plan technologique et juridique qui risque de devenir la poubelle mondiale des e-déchets.

Les nouvelles technologies ont complètement bouleversé la marche du monde. Dans ce 21ème siècle, l’Histoire de l’humanité a pris un grand coup d’accélérateur. Les innovations technologiques se multiplient. Les machines se perfectionnent à un rythme effréné. Ordinateurs, téléviseurs, micro-ondes, téléphones portables et autres équipements électro-managers, appelés sous le vocable d’équipements électriques et électroniques (EEE), connaissent un essor sans précédent. La demande augmente de manière vertigineuse. Cependant, ce développement accéléré de la technologie réduit, du coup, la durée de vie des EEE. Dans les pays développés, ils ne sont utilisés que pendant 1 à 2 ans.

Après, ils sont réformés ou transférés dans les pays pauvres où ces déchets s’accumulent et s’amoncèlent par milliers de tonnes. Ces nouveaux déchets qui n’entrent pas dans les circuits habituels de collecte d’ordures posent de sérieux problèmes. Au-delà de la santé des récupérateurs, c’est l’environnement de manière générale qui est menacé par ces types de déchets. Les substances nuisibles libérées dans la nature peuvent contaminer la chaîne alimentaire. En effet, la contamination de l’eau et des sols a des effets dévastateurs sur le continent africain où plus de la moitié de la population dépend de l’agriculture et de la pêche. Une situation d’autant plus préoccupante que certaines substances toxiques, telles que les métaux lourds (mercure, plomb, cadmium, chrome) et autres sont contenues dans les composantes électriques et électroniques de ces appareils.

Dans plusieurs pays en développement, des milliers de personnes s’adonnent à la récupération des métaux contenus dans les EEE et s’exposent ainsi à des risques de contamination. « A l’heure actuelle, aucun pays africain ne dispose d’infrastructures adéquates de traitement des DEEE. La règlementation n’est pas claire. Elle ne situe pas les responsabilités des fabricants, des distributeurs et des usagers dans le cycle de vie des appareils », atteste Michel Seck, Directeur du centre régional de la convention de Bâle pour les pays d’Afrique francophone.

La plupart du temps, ce sont les enfants qui sont utilisés pour faire ce travail de recyclage au prix de leur vie. Au Sénégal 10 gamins ont perdu la vie dans l’exploitation du plomb dans une ancienne décharge à Ngagne Diaw (Thiaroye) en 2007. D’autres contaminés sont toujours sous traitement à l’hôpital de Pikine où ils subissent une cure de désintoxication. Alors que des sites à risque sont identifiés notamment à Yeumbeul, Colobane, Rebeuss et Thiaroye sur mer.

DES CHIFFRES EN NETTE PROGRESSION

Après un premier cycle de vie, les appareils électriques et électroniques arrivent souvent en containers dans les pays africains pour connaître une seconde vie éphémère. Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue), 20 à 50 millions de tonnes de déchets électroniques sont produits annuellement dans le monde contre 6 millions de tonnes en 1998. Ce qui représentait environ 4% des déchets municipaux. La croissance du volume de ces déchets atteint 3 à 5% par an.

Quasiment le triple de celui des déchets classiques ! Selon le rapport technique sur l’état des lieux de la gestion des e-déchets au Sénégal en date du 15 janvier 2009, « les flux de matériel entrant au Sénégal étaient de 1 250 tonnes en 2000 et de plus de 5800 en 2007. Les estimations faites montrent une tendance globale d’augmentation des flux entrants d’ordinateurs, de téléviseurs et de téléphones portables de l’ordre de 25 %.

Les estimations faites pour 2015 montrent que plus de 32 000 tonnes d’ordinateurs, de téléphones portables et de téléviseurs entreront au Sénégal ». Ces données qui ne tiennent en compte que des enregistrements douaniers en disent long sur la gravité de la situation. Dans une autre enquête, l’Office des Nations unies de lutte contre la drogue et le crime (Onudc) estime que « l’Afrique de l’Ouest est une importante destination pour les déchets électroniques, y compris les vieux ordinateurs et les téléphones mobiles dont la plupart sont en provenance de l’Union européenne qui produit à elle seule 8,7 millions de tonnes de déchets électroniques chaque année ».

Au Nigeria, le phénomène inquiète les pouvoirs publics. « Plus de 500 containers de matériel informatique d’occasion y sont débarqués chaque mois pour recyclage. Mais près des trois quarts de chaque cargaison se révèlent inutilisables et sont détruits sans précautions. Pis, ils sont parfois abandonnés dans de vastes décharges », dénonce Basel action network (BAN), une organisation mondiale de lutte contre le commerce des produits toxiques.

DES DONS EMPOISONNES

Certains chiffres enregistrés en Afrique de l’Ouest sont souvent le fruit de certains partenariats établis entre des pays du Nord et ceux Sud. C’est le cas notamment, au Sénégal, du programme de solidarité numérique initié par le chef de l’Etat dont l’objectif est de résorber la fracture numérique entre le Nord et le Sud. Le programme Seneclic entre en droite ligne dans cette vision. Il intervient dans le domaine de l’éducation afin d’équiper les écoles de salles multimédia. Dans ce cadre, un partenariat est noué entre l’Etat du Sénégal et la ville de Besançon pour le transfert d’ordinateurs de seconde main destinés à équiper les salles multimédia. Le même procédé est utilisé par les ONG et d’autres structures dans le cadre de la coopération.

En revanche, on constate que ces partenariats, sous le voile de l’humanitaire, cachent des enjeux énormes. Car, confrontée à la problématique de la gestion efficace de ses DEEE, l’Europe utilise l’Afrique par s’en débarrasser. Devant cette situation l’Afrique de l’Ouest, à cause de sa proximité avec l’Europe, est une destination privilégiée. Le cas de la plainte du prélat du Diocèse de Kolda en 2008 contre une association parisienne, après avoir reçu du matériel informatique hors d’usage est un cas illustratif. Les commerçants également inondent le continent de matériels rebuts.

D’autres cas de transferts illicites de déchets sont enregistrés avec la collaboration de hautes autorités étatiques. « En Guinée-Bissau un contrat pour déposer 15 millions de tonnes de déchets toxiques a été signé par le frère du président », révèle l’Onudc. Ces trafics illicites interviennent malgré les dispositions des conventions de Bâle et de Bamako relatives aux mouvements transfrontières des déchets dangereux. Des conventions dont la portée reste encore limitée.

Baye Makébé Sarr

(Source : La Gazette, mardi 11 août 2009)

Post-Scriptum

Qu’est-ce qu’un DEEE ?

Sont appelés déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) ou e-déchets tous les appareils fonctionnant au courant électrique devenus obsolètes. Dans cette catégorie on compte : les téléviseurs, les réfrigérateurs, les cuisinières, les fours microondes, les téléphones (portables et fixes), les rasoirs électriques, les ordinateurs, les imprimantes, les photocopieuses, les climatiseurs, les téléphones (portables et fixes), les accessoires de télécommunication (routeur, modem, fax), les appareils photographiques, les perceuses, les tondeuses, les magnétoscopes, les baladeurs, les radios, les lecteurs vidéo, les chaînes Hi-fi, les i-Pods, les MP3 et MP4, les guichets automatiques de banque, les lampes fluorescentes, les lampes d’éclairage public et à basse consommation. Toute cette large palette d’équipements est rangée dans la catégorie des EEE d’où l’importance de la problématique de leur gestion après usage.

Sources : PNUE

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