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Accueil > Articles de presse > Archives 1999-2024 > Année 2011 > Octobre > Dangereuse valse à cinq temps

Dangereuse valse à cinq temps

lundi 24 octobre 2011

Politique nationale

Le meilleur moyen de tuer un Etat, c’est de lui enlever sa crédibilité. Or, la crédibilité d’un Etat ne se mesure pas uniquement à des ratios dette / valeur des actifs / PIB et donc à sa capacité d’endettement. Comme l’entreprise, l’Etat est incarné par son chef, le Président de la République dont l’une des plus grandes valeurs c’est d’être tout sauf un homme incohérent, qui n’a pas de parole et qui réagit au gré de ses humeurs du moment. Un homme « nuancé » quoi. Malheureusement, c’est ce à quoi nous assistons depuis maintenant onze d’alternance au Sénégal et les choses vont en s’empirant. La dernière « prouesse » du Président Wade en Conseil des ministres en est une nouvelle illustration parfaite. Notant que « la licence d’exploitation d’un réseau de télécommunications, concédée à un moment donné de l’évolution de notre pays, entraine d’énormes bénéfices en faveur de l’exploitant », le Président de la République décide de soumettre au Parlement « un projet de loi fixant la part incompressible de l’Etat, d’au moins 35%, dans le capital de toutes les sociétés de télécommunications au Sénégal ».

Cette énième gesticulation du Chef de l’Etat est encore la preuve d’une absence totale de vision quant à la gestion du pays car, si c’est seulement maintenant qu’il se rend compte que « la concession d’une licence d’exploitation d’un réseau de télécommunications entraine d’énormes bénéfices », bon réveil, monsieur le président !

Ce manque de vision, certains l’assimileraient à un pilotage à vue et pour cause. Sa vision du développement semble limitée à ses besoins ponctuels du moment et ne semble guère inscrite dans un horizon long terme et durable, donc solide. C’est comme un taux de croissance qui s’apprécie sur la durée (stabilité) et non pas sur une année.

Dans le rétroviseur, on le revoit, après avoir cédé une bonne partie des actions que l’Etat détient à la Sonatel, s’empressant de revendre 9.9% des parts (27,67%) de l’Etat dans Sonatel à France Télécom, à un moment où les bénéfices de Sonatel étaient au plus haut et se fichant alors complètement du caractère stratégique pour l’Etat de conserver un minimum bloquant dont il se targue aujourd’hui de se soucier. C’était en 2009 et le gouvernement à travers le ministre des finances, pour justifier cet énième « soxla » (besoin en wolof), s’était fendu d’une déclaration quelque peu simpliste disant que « tous les pays du monde rencontrent actuellement des difficultés financière et cherchent à trouver des solutions à ces problèmes ». Pire, il ajoutait : « Pourquoi garder des actions qu’on peut vendre pour financer le développement (...) ? » Mais quel développement ?

La cession de 9.9% des parts de l’Etat dans Sonatel était prévue pour lui rapporter quelque 200 milliards de FCfa. C’est exactement l’équivalent de ce que verse aujourd’hui, rien que la Sonatel, dans les caisses de l’Etat en termes de taxes diverses et autres impôts. Quel développement l’Etat sénégalais finance-t-il avec cet argent ? Qu’à cela ne tienne.

L’Etat a dû en tout cas reculer dans sa volonté de céder des parts dans Sonatel mais par la seule volonté des travailleurs de la Sonatel qui avaient manifesté un refus catégorique à cette velléité, suivis en cela par l’opinion qui y voyait également un « deal » qui ne faisait pas forcément l’affaire du Sénégal.

Visiblement, les besoins d’argent de l’Etat pour ne pas dire de Wade, sont restés incommensurables et le voila qui, quelques mois après la déconfiture de son OPV, revenant à la charge en imposant cette fois une surtaxe sur les appels téléphoniques entrants au Sénégal, enrobe la mesure dans du papier estampillé « contrôle de la fraude ». L’homme ayant de la suite dans les idées et son ardeur sans doute ravivé par les thuriféraires qui lui servent de conseillers, n’a pas pour autant lâché le morceau, même lorsqu’après trois mois d’application de la surtaxe sur les appels entrants, l’Agence de régulation des marchés publics(Armp) le lui a retiré. Par un forcing tonitruant qui a même fait sortir de sa réserve l’opérateur France Télécom dont il a au passage « menacé » de faire une OPA sur les actions dans Sonatel, il vient (décret signé le 24 août dernier) de faire passer sa fameuse surtaxe.

Somme toute, l’Etat incarné par Wade veut jouer des biceps pour récupérer ce qu’il a donné. Et, à défaut de pouvoir croquer un os (France télécom) dur comme 600 milliards de FCfa (prix de ses actions dans Sonatel) et bien enveloppé dans la convention de concession signée en 1997 qui court jusqu’en 2017, ce dernier vire à 150 degrés et prétend renforcer ses positions dans Sonatel, une seule entreprise dont l’Etat tire l’essentiel de ses recettes, au lieu de favoriser d’autres Sonatel qui rapporteraient autant ou plus à l’économie sénégalaise.

Le renforcement des positions nationales dans une telle entreprise ne pourrait lui être dénié. Cela a d’ailleurs toujours été la position des travailleurs mêmes de la boîte à télécom au moment où Wade, avait préféré vendre les bijoux de famille d’une entreprise florissante qui fait la fierté, diffuse ou infuse, du Sénégal. A ce propos, il convient de noter que le marché sénégalais de la téléphonie mobile affiche certes des ventes croissant à un rythme moindre avec des marges avant impôt fortement positives mais une baisse régulière du rendement avant et après impôt. Le cas particulier de Sentel est intéressant pour l’analyse du fait de la baisse subite de sa rentabilité dont le taux est passé de 35,7% en 2005 à nul voire négatif depuis 2007. Une baisse qui procéderait d’une hausse des coûts de production et des charges d’amortissement. Quant aux taux de rentabilité de Sonatel Mobile, ils sont passés de 47,2% à 20,1% de 2005 à 2009. Cependant, globalement, la Sonatel afficherait un taux de rendement avant impôts de 18% à 32% au cours des 5 dernières années (hors charges et produits financiers) et demeure ainsi une entreprise particulièrement rentable. Sauf que dans ce secteur hautement concurrentiel, il serait plus judicieux de geler les taxes sur le volume des ventes comme la Rutel (5%) et la redevance sur les appels entrants, au profit d’une augmentation du taux de taxation des profits justement des entreprises, avec l’avantage non seulement de faciliter l’accès au mobile à une plus grande partie de la population, mais aussi de simplifier le système de surveillance des dites entreprises de téléphonie mobile et permettre un prélèvement plus important sur Sonatel, par exemple. Les pistes ne manquent pas.

Seulement, l’acharnement dont fait l’objet la Sonatel de la part du Chef de l’Etat a en tout cas fini de convaincre les plus irréductibles de sa « boulimie » inefficiente d’espèces sonnantes et trébuchantes, mais au gré du train de vie de l’Etat, répétons-le, qu’il incarne.

Tout cela ne fait pas sérieux pour un Etat qui se respecte.

Dans la dynamique de son projet de se hisser à un niveau de 35% dans le capital des sociétés de télécom de la place, Wade se croît obligé en plus d’indiquer que « ce projet de loi ne remet pas en cause le principe du recours au secteur privé pour lui confier l’exploitation des différents réseaux de téléphone ». Cela est d’une évidence telle qu’il aurait pu s’économiser cette lapalissade. Le contraire serait non seulement une contradiction notoire par rapport à sa doctrine libérale, mais il sait pertinemment que l’Etat que nous avons serait incapable de gérer lesdits réseaux.

Toujours est-il que, dans cet univers fait d’incertitudes, d’acharnements et de revirements, qui s’étonnerait alors qu’un investisseur sérieux et responsable ne mette plus les pieds au Sénégal, avec un Etat dont la crédibilité est sans cesse mise à rude épreuve parce que sans cesse remise en cause par ses propres tenants qui passent leur temps à danser des valses à cinq temps, selon les humeurs du moment ? Comment ne pas se méfier de ceux-là qui lient la maxime de leurs valeurs à leur vécu au quotidien, au lieu de réunir, comme en 2004 au méridien président sur le schéma de libéralisation du secteur, tous les acteurs pour dégager une politique cohérente du secteur ?

Malick Ndaw

(Source : Sud Quotidien, 24 octobre 2011)

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