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Cyberespace et langues africaines : Et si, on parlait ... africain sur le Net

lundi 5 septembre 2005

Dakar abrite, mercredi prochain, la réunion technique du comité de coordination du projet “ Unicode & IDN in Africa ” qui vise la promotion du multilinguisme dans le cyberespace, sur le plan international, mais aussi et surtout en Afrique. En d’autres termes, il s’agit d’introduire les langues africaines dans le répertoire informatique des langues et des scripts communément appelé Unicode. Ainsi, c’est un panel d’experts nationaux et internationaux qui sera au rendez-vous de Dakar pour discuter et échanger sur tous les aspects techniques liés au projet “ Unicode & IDN in Africa ”.

Avec Pierre Dandjinou, Conseiller régional pour l’Afrique, Pnud et Pierre Ouédraogo de l’Institut francophone des nouvelles technologies de l’information et de la formation (Intif), le Sénégalais Mouhamet Diop fait partie de ces experts africains qui veulent sceller le mariage entre les langues africaines et l’informatique pour leur exploitation universelle. Mieux, le Sénégalais, ingénieur des télécommunications, par ailleurs membre du conseil d’administration de l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), est au cœur de la problématique de l’appropriation des Technologies de l’information et de la communication par les Africains pour une meilleure visibilité du continent dans le cyberespace. Si les nouvelles technologies sont considérées à tort comme une affaire ne concernant que les élites, Mouhamet Diop n’en pense pas moins que le besoin de massification s’impose pour leur appropriation par les populations africaines. “ Nous avons réfléchi sur la nécessité de mettre ces outils au service des populations. Sinon, les nouvelles technologies ne seraient qu’un outil d’exclusion ”. Alors, comment comprendre qu’on puisse utiliser des instruments qui sont censés parler aux populations, en faisant abstraction de leurs langues ? On parle de contenus, de présence sur le Net ; mais avec quelles langues et quels caractères ? ”, s’interroge Mouhamet Diop. C’est pour palier cette inadéquation qu’un travail est en train d’être fait afin de marquer une présence de nos langues et nos scripts (c’est-à-dire le type d’écriture manuscrite simplifiée dans lequel les lettres se rapprochent des capitales d’imprimerie) dans le cyberespace. Sinon, poursuit M. Diop dont la société Next assure le Secrétariat du projet, “ c’est penser, à la limite, que ces outils ne sont pas prévus pour intégrer nos langues ”.

Aujourd’hui, tient à préciser celui qui a conçu le plus grand réseau IP de l’Afrique de l’Ouest, “ l’Internet est venu élargir nos choix en termes d’informations et de supports. Alors, nous devons offrir aux populations africaines le choix de parler dans leurs langues à l’image des Japonais, des Chinois et autres Coréens. Et cela, grâce à une adaptation des interfaces par rapport aux populations qui les utilisent ”.

Démarche individuelle

Faut-il le rappeler, depuis deux ans, c’est une démarche individuelle qui a guidé la codification de ce projet. Seulement pour sa concrétisation, Mouhamet Diop a pensé créer une synergie autour de ce concept afin de le faire accepter par tous. Fort heureusement, l’intérêt d’une telle initiative ... africaine n’a pas échappé au président Abdoulaye Wade qui a en charge les volets Environnement et Nouvelles technologies du Nepad. Et s’il est généralement admis que le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique pêche dans la mise en œuvre, ce projet “ Unicode & IDN in Africa ” participe d’une certaine manière à assurer au continent une présence beaucoup plus marquée, en termes de contenus, sur la toile à l’image de l’Asie, forte de ses spécificités locales et régionales. Malheureusement au départ, certains organismes de développement n’ont pas jugé utile d’accompagner ce processus à ses débuts. Juste, parce que tout projet, intégrant la composante Nepad, doit être validé au sein du pôle technique basé en Afrique du Sud. Ce qui semble peu pertinent au regard des enjeux d’une telle problématique qui doit être l’affaire de tous les Africains, sans exclusif. Dans la mesure où il faut marquer une présence à grande échelle du continent sur le Net.

Généralisation du projet

Aujourd’hui, Mouhamet Diop a pu avoir l’adhésion d’un certain nombre de personnes-ressources ; au même titre que le soutien de l’Internet Society (Isoc), entre autres. “ Ils nous ont facilité cette réunion technique de Dakar dont les objectifs sont très clairs ; avec un phasage bien défini dans le temps ”. Dans la mesure où ce projet de deux milliards cinq cent millions (2 500 000 000) de FCfa concerne tous les pays africains ; avec une phase pilote qui intègre six pays et deux administrations de noms de domaines nationaux (ccTLD) pour l’internationalisation des noms de domaines (IDN). Que dire alors de la généralisation de ce projet ? Sinon qu’elle se fera sur la base d’une évaluation exhaustive de la phase pilote. “ J’aurais pu en faire un projet national. Seulement, cela n’aurait pas eu le mérite de tirer vers le haut les 54 pays africains ”, renseigne M. Diop. Car, si l’Afrique n’a pas ses scripts et ses langues disponibles dans ses bases de données, il est alors difficile de commander chez Microsoft une version Windows avec des variantes linguistiques africaines ... à l’image d’un clavier wolof.

Si Unicode est un processus dynamique - dont l’objectif est de créer un espace de dialogue entre les sociétés qui ont travaillé sur les caractères (les normes de codification) - l’internationalisation des noms de domaines (IDN), quant à elle, ne concerne que ceux qui ne parlent pas anglais. “ Ainsi, à termes, l’Internet deviendra un environnement multilingue à 100 % avec les noms de domaines internationaux qui peuvent s’écrire dans toutes nos langues nationales ”.

Laboratoire d’ingÉniÉrie des langues

S’il est clair que l’internationalisation des noms de domaines constitue une bataille où les Asiatiques sont leaders, à côté de vrais battants comme les Arabes ; il faut véritablement en Afrique des compétences qui maîtrisent ces enjeux. “ C’est la raison pour laquelle nous avons ciblé deux pays pour l’internationalisation des noms de domaine (IDN). Et, je veux me battre pour que le Sénégal soit dans ce projet ”, explique M. Diop. D’autant plus qu’en termes d’avantages comparatifs, notre pays dispose d’une expertise avérée dans le domaine des nouvelles technologies. Mieux, récemment, un laboratoire d’ingénierie des langues a été mis en place à Thiès. Autant de choses qui prouvent qu’il ne s’agit point d’un débat linguistique, mais simplement de poser un problème technique et d’y apporter des solutions technologiques. “ Car, les Japonais, les Chinois et les Coréens ont formé leur comité pour la mise en œuvre des IDN. Un travail d’harmonisation a été fait et cela a abouti à quelque chose. C’est pourquoi, ils sont le groupe le plus avancé ”, explique l’ingénieur des Télécommunications.

Que faut-il alors penser de la multitude de langues en Afrique ? “ Il faut savoir que l’Internet est un espace de choix ; que le multilinguisme n’est pas un frein. Mais, une opportunité qui permet aux populations de s’approprier cet outil ”, tient à préciser M. Diop. Qui plus est, le respect de la diversité culturelle est devenu un principe moteur de la société de l’information. Surtout qu’il participe à la lutte contre toute forme d’aliénation. A ce titre, le multilinguisme dans le cyberespace se trouve être une exigence et non une contrainte. Pour la bonne et simple raison qu’au-delà de la problématique technique, il existe ... une problématique idéologique.

Booster le processus de codification

Si dans la mise en œuvre du projet ‘’Unicode & IDN in Africa’’, ses initiateurs ont voulu conserver le caractère privé, c’était simplement pour ne pas perdre de temps dans des querelles de positionnement face à la multiplicité des pôles de décisions politiques au niveau continental. Et fort heureusement, la première phase du projet a été bouclée, sans que rien ne vienne remettre en cause cette dynamique historique. Dès lors, la réunion d’après-demain à Dakar ambitionne de booster le processus de codification pour pouvoir disposer d’un livre blanc sur l’informatisation des langues africaines. Une chose est sûre : ce projet n’est pas un choix, mais une obligation. ‘’On ne peut pas, ne pas le faire’’, fait remarquer Mouhamet Diop. Pour la bonne et simple raison que l’originalité dans son approche réside dans le fait qu’il s’agit d’un projet piloté par des Africains qui ont décidé de se prendre en charge. Car, la majorité des acteurs qui sont partie prenante dans cette dynamique ont voulu poser des actes afin que l’Afrique et ses langues ne soient pas en reste dans le cyberespace. ‘’Parallèlement à ce processus, je voudrais qu’on fasse le travail au Sénégal avec les moyens du bord comme l’Agence de régulation des télécoms. D’autant que nous voulons une dynamique nationale pour accompagner ce projet. C’est-à-dire une composante Sénégal du projet Unicode. Et au-delà, avec d’autres experts, nous espérons avoir un déclenchement simultané de plusieurs projets en Afrique’’. Une manière pour l’expert sénégalais de réussir ... une révolution africaine dans le cyberespace.

D. SARR NIAN

(Source : Le Soleil, 5 septembre 2005)

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