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Christel Heydemann, Directrice Générale d’Orange : « La Sonatel est un modèle au sein du Groupe… »

mardi 19 juillet 2022

Portée à la tête du Groupe Orange en avril dernier, Christel Heydemann, polytechnicienne, a choisi le Sénégal pour sa première visite en Afrique subsaharienne. Un choix loin d’être fortuit. En effet, le groupe Sonatel représentait en 2021, 32% des revenus d’Orange en Afrique et se positionne en véritable modèle au sein du Groupe de télécom. Alors à tout seigneur, tout honneur. Dans cet entretien, l’ancienne patronne de la branche Europe de Schneider Electric, reviens, entre autres sujets, sur l’importance stratégique du groupe sénégalais dans la politique de développement du Groupe Orange dans la sous-région.

Mme Heydemann, vous êtes à la tête du Groupe Orange depuis le 4 avril 2022. Et pour votre première visite en Afrique subsaharienne, vous avez choisi Dakar. Quel message faut-il comprendre à travers ce choix ?

C’est en effet à Dakar ma première visite en Afrique subsaharienne en tant que nouvelle Directrice Générale d’Orange. Ma tournée sur le continent a commencé par le Maroc en Mai dernier et je compte me rendre aussi en Côte d’Ivoire et en Egypte très bientôt. Je suis heureuse de rencontrer ici au Sénégal les équipes du groupe Sonatel qui s’illustre par sa forte dynamique de croissance dans cette sous-région. Avec près de 12% de croissance en 2021, le groupe Sonatel, est un contributeur majeur de la performance d’Orange en Afrique et au Moyen-Orient dont il pèse 32% des revenus. Je suis aussi venue au Sénégal pour saluer les belles performances de la société dans sa contribution au développement numérique du pays mais aussi à l’inclusion financière et sociale, qui me tiennent particulièrement à cœur. Je souhaite poursuivre cette dynamique, au Sénégal et dans l’ensemble des pays de la zone Afrique et Moyen Orient, continuer à investir dans les réseaux, à contribuer au développement socioéconomique de l’Afrique notamment à travers la création d’emplois, et accélérer l’inclusion financière, économique et énergétique du continent. Orange est un groupe engagé et compte impacter positivement toutes les sociétés dans lesquelles il opère et les actions de Sonatel illustrent parfaitement cet engagement.

Quel sera le programme de cette visite ?

Cette visite me permet d’abord de rencontrer son Excellence Monsieur Macky Sall Président de la République du Sénégal, ainsi que Monsieur le Ministre des Finances qui détient, à nos côtés, la participation de 27% de l’Etat du Sénégal dans Sonatel. Une rencontre avec les salariés de Sonatel me permet de réaffirmer toute ma satisfaction de la coopération utile et efficace entre Orange et Sonatel depuis 25 ans maintenant. J’aurai l’occasion de visiter l’Orange Digital Center et la Sonatel Academy, ce qui me permettra de prendre la mesure de tout l’impact social que Sonatel apporte dans le cadre de l’inclusion numérique grâce à ses programmes de formation dédiée à la jeunesse sénégalaise. J’inaugurerai à Rufisque la deuxième salle du DataCenter hautement sécurisé de Sonatel, qui double sa capacité et offre aux clients d’Orange Business Services Sénégal une capacité encore plus grande, à la hauteur de la distinction reçue en avril dernier par Sonatel, du meilleur service cloud d’Afrique et du Moyen Orient. Je note d’ailleurs avec grand plaisir que ce DataCenter est construit pour garantir une efficacité énergétique maximale et aussi pour consommer principalement avec son alimentation électrique par des panneaux solaires. Enfin, nous célébrons le fait que Sonatel a récemment gagné le marché pour construire et exploiter la station d’atterrissement d’un tout nouveau câble sous-marin au Sénégal, qui multipliera par trois la connectivité du pays.

Vous avez pris les rênes du Groupe Orange dans un contexte particulier avec un changement de gouvernance marquant la dissociation des fonctions de président et de directeur général que votre prédécesseur cumulait. Quel sens faut-il donner à cette nouvelle orientation ?

La tendance dans les grands groupes est à la dissociation entre les fonctions de Présidence et celles de Direction Générale. C’est une nouveauté pour Orange. Je note cependant que Sonatel fonctionne sur ce modèle depuis toujours et qu’il est efficace.

Vous faites partie des trois seules femmes à diriger actuellement une entreprise du Cac 40. Cela traduit-il quelque chose de particulier pour vous ?

Comme j’ai déjà eu à le dire, devenir patronne d’un groupe du Cac 40 n’était pour moi ni un rêve ni un objectif de plan de carrière calculé. C’est juste la continuité naturelle d’une carrière que j’ai commencée depuis un certain nombre d’années. Je m’inscris, par ailleurs, résolument dans le mouvement qui vise à améliorer la mixité des organes de gouvernance et de direction, qui apporte aux entreprises plus de performance. Orange s’est d’ailleurs donnée des objectifs en la matière, ce que je salue.

Quel regard portez-vous sur le développement des services numériques en Afrique de l’Ouest (inclusion numérique et financière, couverture, haut et très haut débit, fixe et mobile, services financiers, contenus…) ?

Le développement du numérique peut changer la donne pour le continent africain. Il permet en effet aux sociétés africaines de sauter des étapes et d’aller plus vite vers la modernisation. Il dynamise la croissance économique et l’industrialisation, réduit la pauvreté et améliore la vie des populations, ce qui est le sens ultime de notre mission et de notre raison d’être. Nous le constatons par exemple avec les services mobile Money qui ont accéléré l’inclusion financière de populations jusque-là non adressées par les secteurs financiers traditionnels, ce qui facilite grandement la vie des populations. Le groupe Orange prend pleinement part au développement du numérique sur le continent africain, notamment dans la mise en place des infrastructures. Des études scientifiques ont en effet démontré une corrélation entre la couverture des réseaux mobiles et l’accélération de la croissance économique dans un pays. Orange investit, chaque année, 1 milliard d’euros de ses revenus dans les infrastructures réseaux pour soutenir ses offres de services numériques en Afrique et au Moyen Orient. Le Sénégal ne fait pas exception, avec Sonatel, qui a investi plus de 86 Milliards de Fcfa au Sénégal en 2021 et contribué année après année à l’amélioration de la couverture et par conséquent à la croissance du pays. Nous comptons poursuivre cette politique soutenue d’investissement pour renforcer le développement des services numériques sur le continent.

Compte tenu de la très forte dynamique du groupe dans la sous-région, la Sonatel peut-elle être un modèle pour Orange au Moyen Orient ou en Europe ?

Le modèle du groupe Sonatel, sa recherche de performance et de progrès permanent, son pari sur les technologies les plus avancées comme en atteste sa récente distinction comme meilleur service Cloud pour toute l’Afrique et le Moyen-Orient, et sa capacité à se projeter dans les pays de la sous-région, s’est révélé être efficace et cela constitue un modèle pour nos autres pays de présence. Orange a la claire ambition de devenir un opérateur panafricain leader et compte capitaliser sur les forces de chacune des opérateurs qui lui sont affiliés sur le continent : le développement des services de la fibre au Maroc, au Sénégal, au Mali, en Côte d’Ivoire ou en Jordanie ou celui des services bancaires et d’assurance en Côte d’Ivoire sont par exemple des pratiques à succès chez Orange en Afrique, que nous voudrions répliquer à grande échelle autant que possible. L’Afrique est bien un exemple pour l’Europe dans plusieurs domaines. Par exemple, c’est bien à la suite de l’immense succès d’Orange Money, concept initié en Afrique, qu’Orange a décidé, il y a plusieurs années, de se développer dans les métiers financiers et de créer Orange Banque dans plusieurs pays européens. Le Groupe Orange qui est un groupe multinational n’hésitera pas à s’inspirer du continent africain à chaque fois que cela sera pertinent.

Dans le segment du Mobile money, le groupe Orange a longtemps dominé le marché dans la sous-région, notamment au Sénégal. Mais aujourd’hui, il fait face à une forte concurrence. Votre Groupe a certes apporté des réponses avec des offres alléchantes. Mais jusqu’où êtes-vous prêts à aller pour rester toujours compétitifs ?

Orange, si vous vous en souvenez, n’a pas toujours dominé le marché du mobile money. Créé en 2008 en Côte d’Ivoire, Orange Money a contribué à lancer et accélérer un marché nouveau. Il s’y est créé une place et a conquis ses clients, petit à petit, grâce à des services diversifiés, accessibles et à un partenariat de distribution fort avec les commerçants locaux. Orange Money est devenu aujourd’hui un acteur essentiel de la vie des populations dans tous ses pays de présence et nos ambitions sur les services financiers mobiles sont élevées. Nous comptons élargir ces services à toutes les populations, et les compléter par les services bancaires, d’assurance, de pico ou micro-crédits d’Orange Bank Africa. Orange Money est aujourd’hui dans une situation compétitive stimulante au Sénégal avec la forte concurrence d’une Fintech américaine à succès. Je fais confiance à Sonatel, opérateur sénégalais, qui connait mieux que quiconque les attentes des Sénégalais et ce marché pour devenir très rapidement le service de mobile money préféré dans le pays. Orange Money au Sénégal a d’ores et déjà fait évoluer son offre en devenant le service le plus accessible du pays, grâce à sa distribution présente partout et ses tarifs moins chers.

De manière globale, si vous aviez à apprécier votre partenariat stratégique avec Sonatel à l’échelle de 1 à 10, vous auriez mis quelle note et pourquoi ?

Notre partenariat stratégique avec Sonatel est parfait et exemplaire. Nous avons en effet connu avec Sonatel une croissance permanente et soutenue depuis le début de notre fructueuse coopération. Nous avons réussi avec ce partenariat à tirer parti du meilleur de chacun : d’une part, des capacités d’un grand groupe international comme Orange, sur la recherche, les achats, l’anticipation des métiers et des technologies, d’autre part, sur les capacités d’un groupe sous-régional africain comme Sonatel, à connaître ses marchés et à être proche d’eux, à sélectionner les meilleures compétences locales, et à interagir avec les autorités des pays. Grâce à ce modèle de coopération fructueux, nous avons pu nous développer ensemble et faire émerger de nouveaux relais de croissance utiles aux populations comme l’Internet mobile, les réseaux fixes à domicile avec notamment la fibre ou les services financiers mobiles. Toutes ces nouveautés développées en commun ont largement compensé la baisse des activités traditionnelles sur la voix, l’international ou les SMS, et permis de relever le défi de la diversification des opérateurs de télécommunication.

Quels sont aujourd’hui les grands défis de votre Groupe en Afrique de l’Ouest ?

Au-delà même de l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique est sans doute pour Orange la terre où nous sommes les plus à mêmes de donner corps à notre raison d’être qui est « d’être l’acteur de confiance qui donne à chacune et à chacun les clés d’un monde numérique responsable ». Nos ambitions sont d’aller toujours plus loin dans le développement de réseaux et d’infrastructures de haute qualité, qui couvrent toutes les populations, leur permettent d’accéder au meilleur prix à des services numériques ou financiers, et facilitent leur vie de tous les jours. Dans cette partie de l’Afrique, ces ambitions sont portées notamment par les groupes Sonatel et Orange Côte d’Ivoire. Nos défis majeurs dans la réalisation de ces ambitions sont de poursuivre le renforcement de nos réseaux pour satisfaire une demande en connectivité fortement croissante, tout en assurant une accessibilité tarifaire à nos clients, d’assurer la meilleure sécurité possible de nos opérations et des personnes qui travaillent pour nous dans des contextes difficiles dans plusieurs pays, de faire face à l’inflation, aux pénuries et aux risques de crise économique que nous rencontrons aujourd’hui, dans tous les pays du monde, suite au conflit russo-ukrainien…Les défis sont certes de taille, mais nous comptons bien y faire face et continuer à contribuer à notre échelle, à l’essor de ce continent plein d’avenir.

Entretien réalisé par Elhadji Ibrahima Thiam

(Source : Le Soleil, 19 juillet 2022)

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INTERNET EN CHIFFRES

- Bande passante internationale : 172 Gbps
- 4 FAI (Orange, Arc Télécom, Waw Télécom et Africa Access)
- 19 266 179 abonnés Internet

  • 18 595 500 abonnés 2G+3G+4G (96,58%)
    • 2G : 12,95%
    • 3G : 24,60%
    • 4G : 62,45%
  • 334 642 abonnés ADSL/Fibre (1,71%)
  • 334 875 clés et box Internet (1,71%)
  • 1162 abonnés aux 4 FAI
  • Internet fixe : 1,74%
  • Internet mobile : 98,26%

- Liaisons louées : 3971

- Taux de pénétration des services Internet : 106,84%

(ARTP, 30 septembre 2023)

- Débit moyen de connexion mobile : 23, 10 Mbps
- Débit moyen de connexion fixe : 21, 77 Mbps

(Ookla, 31 janvier 2023)


- 9 749 527 utilisateurs
- Taux de pénétration : 56,70%
(Internet World Stats 31 décembre 2021)


- + de 10 000 noms de domaine actifs en .sn
(NIC Sénégal, décembre 2023)

TÉLÉPHONIE EN CHIFFRES


Téléphonie fixe

- 3 opérateurs : Sonatel, Expresso et Saga Africa Holdings Limited
- 382 721 abonnés
- 336 817 résidentiels (88,01%)
- 45 904 professionnels (11,99%)
- Taux de pénétration : 1,67%

(ARTP, 30 septembre 2023)

Téléphonie mobile

- 3 opérateurs (Orange, Free et Expresso)
- 21 889 688 abonnés
- Taux de pénétration : 123,34%

(ARTP, 30 septembre 2023)

FACEBOOK

3 050 000 utilisateurs

Taux de pénétration : 17,4%

- Facebook : 2 600 000

- Facebook Messenger : 675 200

- Instagram : 931 500

- LinkedIn : 930 000

- Twitter : 300 000

(Datareportal, Janvier 2023)

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