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Cheikh Bakhoum, DG de l’ADIE sur les menaces d‘espionnage : « Nous sommes totalement indépendants en termes de gestion »

jeudi 1er mars 2018

Depuis quelque temps, une certaine presse occidentale accuse la Chine d’être au cœur d’une vaste opération d’espionnage qui n’épargne pas les pays africains. C’est ainsi qu’il été prêté à l’Empire du Milieu d’avoir installé un dispositif d’écoute dans le bâtiment abritant siège de l’Union africaine. Même si cette allégation est battue en brèche par Pékin, les plus grands services de renseignements américains ont mis en garde contre Huawei, qui serait le cheval de Troie de la Chine. Or, il se trouve que cette entreprise est le partenaire privilégié de l’Etat du Sénégal soucieux de moderniser son administration. Pour rassurer son monde, le directeur général de l’Adie affiche une « indépendance totale en termes de gestion ».

Dakaractu : Monsieur le Directeur général, la Chine a été accusée récemment d’avoir mis un dispositif d’écoute dans le siège de l’Union africaine. La marque chinoise Huawei est soupçonnée par les plus grands services de renseignement américains de liens supposés avec Pékin. L’Agence que vous dirigez a signé des contrats avec Huawei depuis 2011. Ces accusations suscitent-elles des craintes chez vous ?

Cheikh Bakhoum : Actuellement dans le domaine de la cybersécurité, le monde traverse une période très agitée, ponctuée d’une succession de cyberattaques, et d’accusations de cyber espionnage ou de vers et virus spécialisés. En Octobre 2016, le journal New-York Times annonçait un programme d’espionnage de masse des utilisateurs de l’hébergeur Yahoo qui serait piloté par de grandes puissances. Nous avons aussi en mémoire les révélations sur l’espionnage des communications des Présidents de la France Nicholas Sarkozy, d’Allemagne Angela Merkel et du Bresil Dilma Roussef. Il était annoncé que cela passait par les grandes compagnies Tech de certaines puissances. En 2014, un grand éditeur de logiciels était également accusé d’avoir intégré des portes dérobées dans ses produits, et cela à la solde d’Etats... En novembre 2013, le journal the Guardian accusait pour sa part de grandes puissances d’être à l’œuvre dans l’espionnage permanent des câbles fibre optique sous-marins des prestataires de cloud internationaux

Cela dit, de par leur nature, l’origine de ces attaques n’est jamais clairement déterminée, leurs sources non plus.

Pour leur part, les pays africains ont des contraintes de sécurité supplémentaires puisqu’ils ne fabriquent pas en général le matériel informatique, ni la plupart des grands logiciels qu’ils utilisent. Fort de ce constat, nous sommes amenés à intégrer dans nos programmes de sécurité, le développement de nos propres infrastructures et logiciels si nous voulons parvenir à une certaine souveraineté dans le domaine de nos communications et de nos économies numériques en général.

Huaiwei qui est le leader mondial dans le secteur des télécommunications, est un partenaire stratégique de l’Etat du Sénégal. La plupart des équipements qui sont fabriqués par Huawei sont déployés et gérés par des experts sénégalais. Nous sommes totalement indépendants en termes de gestion de tout constructeur.

Concernant les accusations d’espionnage du siège de l’Union africaine que vous avez mentionnées, je vous signale que des dirigeants de l’UA ont eux-mêmes souligné qu’il n’y a aucune évidence d’espionnage.

A notre niveau aussi, nous n’avons pas de raison d’avoir des suspicions vis-à-vis de Huawei.

L’information d’Etat est du domaine de la souveraineté nationale. Avez-vous pris toutes les dispositions sécuritaires ?

L’ADIE a engagé depuis longtemps, un ambitieux programme pour mener notre pays vers une relative souveraineté numérique, avec notamment :

  • La mise en place des premiers Datacenters au Sénégal dédiés aux données de l’Administration sénégalaise. Aujourd’hui la plupart des opérateurs du secteur ont suivi nos pas en construisant récemment leurs Datacenters dans notre pays.
  • La mise en place des premiers réseaux de fibre optique nationaux au Sénégal, qui permettent à nos communications de rester dans le périmètre local et avec un très haut débit.
  • La mise en place récente de la pierre angulaire dans le domaine de la souveraineté des communications, à savoir le Point d’échange internet national du Sénégal. Ce point d’échange permettra à terme d’interconnecter tous les opérateurs présents sur le territoire sénégalais entre eux, ce qui éviterait ainsi l’utilisation des fibres optiques avec les câbles sous-marins internationaux pour nos communications locales.
  • La mise en place, avec nos partenaires locaux et internationaux, de politiques et de stratégies de cybersécurité spécifiquement adaptées à notre environnement et nos réalités.

Où en êtes-vous avec Huawei dans le cadre de votre partenariat ? Quelles sont les perspectives ?

L’Etat du Sénégal, à travers l’ADIE, travaille avec beaucoup de partenaires internationaux : La France, la Chine, les Etats Unis, le Luxembourg, les Pays Bas et bien d’autres. Cette coopération se matérialise à travers des accords et partenariats avec certaines compagnies et organisations de ces pays.

Dans le domaine de la cybersécurité, toutes les clauses ne peuvent être publiques, mais vous avez certainement dû constater les résultats avec toutes ces réalisations que je viens de citer.

Avec HUAWEI, nous avons construit 4500 km de fibre optique pour connecter en haut débit l’Administration sénégalaise, mais aussi pour promouvoir le numérique au profit des populations dans toutes les régions du Sénégal. Nous sommes également en train de finaliser l’édification du premier Datacenter compatible Tier 3 (norme de l’Uptime Institute) de l’Administration sénégalaise. Ces projets font également appel à du matériel de partenaires technologiques du monde entier et assureront la sécurité des données de l’Administration.

Enfin, nous allons débuter le projet Smart SENEGAL qui a pour ambition de mettre en place des plateformes technologiques pour appuyer le développement économique du Sénégal dans les secteurs prioritaires. Ce projet va certainement contribuer à l’amélioration des conditions de vie des populations à travers une plus grande sécurité de nos villes et un accès à l’éducation, la santé et l’information publique dans toutes les communes du Sénégal.

(Source : Dakar Actu, 1er mars 2018)

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