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Cession de 42% de la SONATEL à France Télécom : Chronique d’un véritable bradage économique !

mardi 10 avril 2018

L’ouverture du capital de la Sonatel à France Télécom par le régime socialiste, les velléités de récupération du Président Wade et le renouvellement, pour 17 ans de sa licence, en 2017 par le Président Macky Sall, prouvent que le peuple a impérativement besoin de réponses aux insuffisances des capacités prospectives de nos gouvernements et au delà des acteurs qui sont le moteur des dynamiques de notre pays.

Pour un secteur aussi important de notre économie, si on analyse l’évolution de son PIB,et toute la manne financière générée par le secteur des télécoms. On ne peut manquer de se poser une question : Comment l’État du Sénégal a t’-il pu fermer les yeux sur un préjudice de près de 2000 milliards de FCFA que notre économie est en train de subir ?.

La critique de la raison nègre du philosophe Achille Mbembe et l’estimation de la trajectoire de notre pays avec la France sont toujours d’actualité, alors que nous venons de sortir de la célébration de la 58ème édition de la célébration de notre indépendance. Convoquer ces deux paramètres clés de notre vécu en tant que Nation, sur la vente d’un fleuron de notre tissu industriel, la Sonatel, à France Télécom, n’est pas de trop eu égard aux conséquences de cette transaction sur le pays et ses élites, actée par l’Assemblée nationale du Sénégal après le vote de la loi 95-25 du 29 août 1995. La Sonatel n’était point en difficulté, ni techniquement, ni financièrement et même la Banque mondiale avait déconseillé l’État de procéder à l’ouverture du capital. France Câbles Radio (FCR) eut la concession sur 20 ans, mis 70 milliards sur la table et prenait 33% du capital de l’entreprise où l’État avait 34%, 10% pour les travailleurs et 5% par un opérateur africain. Deux ans plus tard, les français deviennent majoritaires en rachetant 9% du capital du Sénégal et se retrouvaient donc avec 42%.

France Télécom gagne 165 milliards en 3 ans d’exercice !

Il est révélé, par une source très proche du dossier, que les acteurs, aussi bien de la France que du Sénégal étaient saisis de cette question de la vente de la Sonatel et de ses dérives. Qu’il s’agisse de M. Didier Lombard, président de France Télécom, M. Marc Rennard, Président du Conseil d’Administration, M. Cheikh Tidiane Mbaye, Directeur Général, ainsi que M. Thierry Bretton, alors ministre de l’Économie, des Finances et Industries, entrave a été faite de l’article 526 de l’acte uniforme relatif aux Droits des Sociétés Commerciales et du Groupement d’Intérêt Économique. Par ailleurs, entre 2002 et 2004, des malversations et des inepties ont été décelées dans les rapports et les bilans de la Sonatel, notamment une « sortie de patrimoine » ayant comme conséquence la perte de plusieurs milliards de francs Cfa au préjudice de l’État du Sénégal et des actionnaires.

Les documents dont détient, votre canard, dans cette affaire interpellent les acteurs de l’époque et ceux d’aujourd’hui à se faire hara-kiri pour remettre au goût du jour cette affaire. Avec la première transaction, il est reproché aux acteurs sénégalais de ne pas avoir su évaluer à sa juste valeur le fleuron, concédant ainsi des droits exorbitants à France Télécom. D’après nos sources, la société française a « amorti son placement en moins de 5 ans, sans aucun investissement supplémentaire car à la fin de l’exercice 2002 ces avisés businessmen ont perçu 80 milliards de nos francs, correspondant à 43,33% des résultats nets des exercices 1998 à 2002 et à une partie de l’exercice 1997 ». Exit les effets de la Convention de coopération (Sonatel/FCR), les facturations de prestations de France Télécom, d’autres couacs dans la gestion, la non prise en compte de l’activité mobile (125 milliards en 5 ans) et l’exploitation des liaisons internationales du Sénégal (80 milliards). Les ténors du régime socialistes, dans le gouvernement de Diouf et les membres de son cabinet sont interpellés au premier plan (le président Abdou Diouf, Alassane Daly Ndiaye, Ousmane Tanor Dieng, Mamadou Lamine Loum, etc. Même le Président Wade, en lançant la surtaxe sur les appels internationaux entrants, avait décidé de racheter les actions détenues par France Télécom. Qu’est-ce qui l’a freiné dans cette logique salutaire pour notre pays ? Mystère et boule de gomme ! En 2009, Wade avait envisagé de céder 9,87% d’une partie de ses actions à France Télécom, face à un besoin de trésorerie. Une levée de boucliers fit face à cette volonté, notamment des travailleurs. Qui plus est, le Président Macky Sall, en 2017 après la fin de la durée de la licence, n’a pas eu la vision d’une reprise de cette entreprise stratégique au profit du pays. Il a renouvelé la licence pour 17 ans encore ! Ils n’ont pas su retenir la leçon d’Amilcar Lopes Cabral : « Quand on redistribue équitablement la pauvreté, tout le monde devient riche (…) Le peuple doit être sûr que son travail, personne ne va le lui voler. Que la richesse du pays n’ira pas dans la poche de quelqu’un ».

Reprendre Sonatel, une demande sociale

Pour des questions économiques mais aussi de souveraineté, la reprise de cette entreprise devient la première demande sociale aux prochains régimes qui dirigeront le Sénégal. Depuis plusieurs générations, nous essayons de construire notre indépendance, à la sueur du front des citoyens. Il apparait à la loupe de cet affaire que nos élites ont encore beaucoup de chemin à parcourir par rapport à l’identité nationale dans la lutte pour préserver les acquis de la Nation. Il prouve que le lien ombilical qui nous lie toujours à la colonie est objectivement au chaud, attisé par des citoyens qui préfèrent noyer les intérêts de leur pays au profit de l’étranger. Un vrai ratage économique !

L’on se souvient vers les années 2005, le Maroc avait vendu sa deuxième licence de téléphonie à 1milliard de dollars, l’Arabie Saoudite 2 milliards de dollars et la Mauritanie à plus de 30 millions de dollars. Le contrôle du capital de la Sonatel par France Télécom est une vraie rigolade, pour un secteur qui occupe une bonne partie du PIB. Aujourd’hui, le marché des télécoms au Sénégal dépasse les 1000 milliards. L’économiste, Cherif Salif SY, a alerté en ces termes : « Pour éviter que les inégalités ne se reproduisent de génération en génération, il est important également de veiller sur les défaillances des marchés, caractéristiques des pays sous-développés. Les inégalités de pouvoir également doivent être sous surveillance lorsqu’elles favorisent les institutions, les entreprises transnationales de même que les « arrangements » qui confortent les positions de rente ».

Pour un référentiel minimal de notre souveraineté

Pitié pour des élites extraverties qui cultivent avec véhémence la philosophie de l’œsophage. Il ne s’agit pas de dire que les français doivent quitter ce pays. Mais l’heure est d’entamer un processus de réflexion sur nos propres modèles de développement et de gestion des biens de ce pays. Un référentiel minimal dans la protection de notre économie, de sa souveraineté donc, existe ou doit exister dans chaque sénégalais.

Les devoirs de conscience nationale, de patriotisme national sont devant nous. Il y a lieu, au régime actuel et aux générations futures, de poser le vrai débat : celui d’évaluer toutes les transactions concernant les entreprises nationales cédées au profit des capitaux étrangers. Ceux qui ont cédé la Sonatel n’ont pas fait le bilan du système colonial, mais ils ont perpétué le rapport de force et de domination.

L’observation dynamique de cette situation, à une semaine du renouvellement du Conseil d’administration de la Sonatel, avec tout ce que cela convoque comme actionnaires, administrateurs, fait ressentir toujours ce drame. La rupture de portées sociétale et économique n’est pas encore amorcée. On n’a pas construit la conscience sociale et économique, pour un pays qui a une grande tradition de gouvernance.

Abdoulaye Diop

(Source : Senbusinet, 9 avril 2018)

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