Cemac : l’intelligence artificielle et les fintechs présentées comme des opportunités pour dynamiser le marché financier
jeudi 2 mai 2024
Pour dynamiser la place boursière de la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac), qui sert le marché financier de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale), des spécialistes de la finance proposent de s’appuyer sur l’intelligence artificielle et les fintechs. Cette recommandation est l’une des conclusions de la troisième édition de l’Africa Capital Markets Forum (ACMF), qui s’est tenue les 24 et 25 avril 2024 à Douala, au Cameroun.
« Nous devons embrasser les technologies émergentes telles que la blockchain, l’intelligence artificielle et les fintechs, qui offrent non seulement une transparence accrue, mais aussi la possibilité de rationaliser et de sécuriser les transactions financières à travers nos frontières », a affirmé Adel Elaroussi, directeur des services financiers chez CDG Capital, une banque de financement et d’investissement marocaine.
Selon Fares Gaied, directeur général de Fininfo Solutions, une entreprise spécialisée dans les logiciels financiers avec un focus sur l’intelligence artificielle, l’IA peut contribuer à la réduction des coûts, à l’automatisation des processus et à la diminution des risques opérationnels. « Un gestionnaire d’actifs ou un dépositaire peut réduire les coûts de 20 à 30%, en utilisant l’IA pour effectuer certaines tâches répétitives à la place des employés », a-t-il expliqué. Il soutient également que l’adoption de l’IA pourrait attirer davantage de clients et d’investisseurs à la Bvmac en améliorant l’expérience utilisateur. Par exemple, grâce à l’IA, « il n’est plus nécessaire de recourir au papier, ni aux documents PDF et Excel, car l’IA les comprend et les analyse automatiquement. De plus, l’IA peut effectuer des prédictions basées sur des données historiques et améliorer les processus de la bourse et de conservation des actifs », a ajouté Fares Gaied.
Les fintechs africaines offrent des solutions innovantes et accessibles qui peuvent faciliter l’accès des populations aux marchés financiers. Mais, il est essentiel d’avoir un contrat officiel validé par la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf) pour qu’elles puissent intervenir comme acteurs légitimes dans l’achat de titres ou la collecte de fonds pour les sociétés de gestion, estime David Ekwabi, directeur marketing chez Maviance, une entreprise spécialisée dans les services financiers numériques et le développement de logiciels. « Les solutions existent déjà. Il nous faut connaître les conditions requises pour participer au développement des marchés financiers. Nous proposons des solutions de masse numérisées », a-t-il déclaré.
Dans ce contexte, la Bvmac a déjà soumis à la Cosumaf un projet de règlement général visant à digitaliser le marché sous-régional. Toutefois, des spécialistes de la finance ont souligné, lors du forum ACMF à Douala, que l’intégration des technologies émergentes dans les infrastructures existantes des marchés financiers africains présente des défis spécifiques tels que la compatibilité des systèmes, la cybersécurité et les exigences réglementaires. Par conséquent, il est crucial de renforcer la collaboration entre les acteurs du marché et les fournisseurs de technologie pour surmonter ces obstacles. De plus, des investissements dans la formation et le renforcement des capacités sont essentiels pour assurer une adoption efficace des nouvelles technologies.
Sandrine Gaingne
(Source : Investir au Cameroun, 2 mai 2024)