La surveillance électronique sera introduite dans le Code pénal comme mode d’aménagement des peines. La mesure a été examinée et validée mercredi en Conseil des ministres. Le président de l’Asred a salué cette initiative, tout en demandant qu’elle se fasse sans discrimination.
Le Sénégal s’est engagé dans la lutte contre la surpopulation carcérale. Dans cette dynamique, la décision a été prise en Conseil des ministres d’opter pour la surveillance électronique. Lors de cette réunion hebdomadaire du gouvernement « au titre des textes législatifs et réglementaires, le Conseil a examiné et adopté, le projet de loi modifiant la loi 65-60 du 21 juillet 1965 portant code pénal et consacrant le placement sous-surveillance électronique comme mode d’aménagement des peines ». De même, il a été adopté aussi « le projet de loi modifiant la loi 65-61 du 21 juillet 1965 portant code de procédure pénale et introduisant l’assignation à résidence avec surveillance électronique comme alternative à la détention provisoire et le placement sous surveillance électronique comme mode d’aménagement des peines ». Il faut rappeler que l’idée avait été émise depuis 2018 quand Pr Ismaïla Madior Fall était ministre de la Justice. A l’époque, les autorités avaient fait savoir que le bracelet électronique pourrait être la solution aux longues détentions. Il était prévu que cet équipement remplace les mandats de dépôt devenus systématiques. Reste à savoir le statut des prévenus qui seront placés sous surveillance électronique. C’est d’ailleurs l’inquiétude du président de l’Association pour le soutien et la réinsertion sociale des détenus (Asred).
Selon Ibrahima Sall, il faut que cette mesure soit appliquée sans discrimination. Pour lui, le bracelet électronique ne doit pas être réservé seulement aux hommes politiques ayant maille à partir avec la justice. D’après le président de l’Asred, il faut que « l’équité soit respectée ». Ibrahima Sall qui salue cette initiative, souligne par ailleurs que des préalables doivent être respectés. Rappelant les conditions difficiles de l’Administration pénitentiaire et des détenus, il demande aux autorités de faire beaucoup plus d’efforts. Le président de l’Asred a aussi insisté sur la sensibilisation qui doit accompagner cette surveillance électronique. « Le Sénégal est un pays particulier avec ses propres réalités, il faut que les gens concernés soient préparés psychologiquement. Les anciens détenus sont souvent victimes de stigmatisation. Il faut prendre en compte le regard de la société sur la personne portant un bracelet électronique », a-t-il dit.
Dieynaba Kane
(Source : Le Quotidien, 22 mai 2020)
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