« […] Vous faites des transferts d’images WhatsApp qui critiquent le gouvernement, […] Libre à vous de le faire, mais vous payez le prix. ». Ces paroles prononcées, visiblement sur un ton badin, par Romuald Wadagni, le ministre béninois de l’économie et des finances, lors du Bénin Investissement Forum 2018, ont déclenché un véritable tollé sur les réseaux sociaux.
La tentative de plaisanterie du ministre, concernant la très décriée taxe sur l’utilisation d’internet au Bénin, n’a pas fait rire les web-activistes présents à l’évènement. Les messages attaquant les propos du ministre se sont multipliés sur les réseaux sociaux, allant jusqu’à mettre la nouvelle taxe sur le compte d’une volonté manifeste des autorités de limiter la liberté d’expression.
En attendant, les autorités justifient la taxe par l’impossibilité d’imposer les services over the top (OTT), comme WhatsApp, qui ont contribué à une considérable baisse de l’utilisation des services voix et SMS fournis par les opérateurs télécoms.
Face à la diminution des taxes perçues sur la voix et les SMS, l’Etat a donc décidé de s’attaquer à Internet, principalement aux OTT, et de faire payer les utilisateurs.
Pourtant, le problème posé par les OTT est mondial et seules des nations africaines ont décidé de taxer les utilisateurs. L’Union européenne envisage plutôt une taxe de 3% sur les chiffres d’affaires générés au sein des Etats membres de l’organisation par les géants du numérique.
Il faut savoir qu’en Afrique, où la tendance de la taxation de l’utilisateur du web se répand de plus en plus, la limitation de l’utilisation d’Internet est souvent associée à des restrictions de liberté. Au Cameroun, l’Etat a par exemple coupé Internet dans la zone anglophone sécessionniste. En Gambie, au Tchad, l’accès à Internet a été limité, voire coupé, en période électorale. De quoi comprendre les craintes des web-activistes béninois.
Pour finir, la décision des autorités béninoises de taxer les OTT est incompréhensible sachant que ces derniers font partie des premiers vecteurs de la pénétration d’Internet dans un pays, et que le Bénin souhaite devenir le carrefour du numérique en Afrique de l’Ouest. Une tâche presque impossible si l’accès à la toile est découragé.
Servan Ahougnon
(Source : Agence Ecofin, 30 août 2018)
Bande passante internationale : 172 Gbps
4 FAI (Orange, Arc Télécom, Waw Télécom et Africa Access)
19 266 179 abonnés Internet
Liaisons louées : 3971
Taux de pénétration des services Internet : 106,84%
3 opérateurs : Sonatel, Expresso et Saga Africa Holdings Limited
382 721 abonnés
336 817 résidentiels (88,01%)
45 904 professionnels (11,99%)
Taux de pénétration : 1,67%
3 opérateurs (Orange, Free et Expresso)
21 889 688 abonnés
Taux de pénétration : 123,34%
3 050 000 utilisateurs
Taux de pénétration : 17,4%
Facebook : 2 600 000
Facebook Messenger : 675 200
Instagram : 931 500
LinkedIn : 930 000
Twitter : 300 000