Selon le dernier rapport "Global Findex" sur l’inclusion financière, 12 % des adultes subsahariens possèdent un compte bancaire par téléphonie mobile.
Le rapport Global Findex qui vient d’être dévoilé dans le cadre des récentes réunions de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) est très clair. Le privilège de l’arriération que Lionel Zinsou, président de PAI partners et de la Fondation AfricaFrance, évoque régulièrement serait en train de permettre à l’Afrique subsaharienne de réaliser de grands progrès en matière d’inclusion financière. Et elle fait la différence grâce au mobile-banking.
Un fort apport du mobile-banking
La preuve : alors que l’Afrique subsaharienne est à la traîne quant au taux de bancarisation, 12 % de ses adultes possèdent un compte bancaire par téléphonie mobile. Comparativement à la situation observée à l’échelle mondiale (2 %), c’est plus qu’une éclaircie. En effet, grâce à cet apport considérable du mobile-banking, le continent est passé du taux de bancarisation de 24 % en 2011 à 34 % en 2014. Pays du M-Pesa, le Kenya dame le pion à tous les pays africains avec un taux de 58 %. Il devance la Tanzanie, dont 35 % des comptes détenus par les particuliers le sont par téléphone mobile, idem en Ouganda.
Concrètement…
Au Kenya, plus de la moitié des adultes règlent leurs factures de services publics par téléphone portable. Chez le voisin tanzanien, la situation est similaire, notamment en ce qui concerne les transactions effectuées autour des produits agricoles. En effet, le paiement y est effectué pour 25 % des acteurs économiques sur des comptes par téléphone. Parallèlement, on constate qu’en Côte d’Ivoire, en Somalie, en Tanzanie, en Ouganda et au Zimbabwe, les adultes utilisent davantage un compte bancaire par téléphone qu’un compte auprès d’une institution financière. Et le phénomène semble prendre une réelle ampleur puisque treize pays d’Afrique subsaharienne ont un taux de pénétration des comptes bancaires par téléphone de 10 % ou plus. De manière plus précise, près de la moitié (48 %) des adultes émettent ou bénéficient d’envois de fonds par le biais du téléphone mobile. Un élément en révèle l’impact : la conclusion du Global Findex indiquant que si les paiements de fonds intérieurs étaient effectués sur des comptes bancaires plutôt qu’aux guichets des agents de transferts d’argent, le taux de détention de comptes pourrait doubler au Sénégal, au Cameroun, en République démocratique du Congo et en République du Congo.
Les femmes laissées-pour-compte
Cela dit, toute euphorie doit être tempérée par le fait qu’il y a encore des insuffisances quant à l’inclusion financière des femmes et des ménages les plus pauvres. Par ailleurs, au niveau mondial, plus de 50 % des adultes parmi ceux issus des 40 % de ménages les plus pauvres dans les pays en développement n’ont toujours pas de compte en banque en 2014. Et l’écart entre hommes et femmes ne semble pas se resserrer. 58 % des femmes contre 65 % des hommes avaient un compte bancaire en 2014, contre respectivement 47 % de femmes et 54 % d’hommes en 2011. Des chiffres qui montrent que le chantier est loin d’être terminé.
James Barma
(Source : Le Point Afrique, 21 avril 2015)
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